Les élus du parti au pouvoir, le Mouvement lavallois, ont voté en bloc contre le principe de colistier jugé «antidémocratique» par leur chef, le maire Marc Demers. L’indépendant Jacques St-Jean s’est également prononcé en défaveur.
À l’inverse, la conseillère de l’opposition officielle représentée par le parti Action Laval – Équipe Jean-Claude Gobé, Aglaïa Revelakis, a voté en faveur de la motion avec les indépendants Alain Lecompte, Michel Trottier, Pierre Anthian et Jean Coupal.
En vigueur à Montréal et Québec, ce système permet à un chef de parti de poser sa candidature dans un district électoral, conjointement avec un candidat de son parti [un colistier]. En cas de défaite à la mairie, le leader du parti a ainsi le privilège de siéger au conseil municipal à titre de conseiller en autant que son colistier se soit fait élire.
Démocratie
Pour Michel Trottier, chef intérimaire d’une nouvelle formation politique, le système de colistier sert le citoyen en favorisant «une démocratie plus riche et plus participative».
Il a rappelé qu’à Montréal, les ex-chefs de partis Richard Bergeron et Louise Harel, défaits à la mairie, ont déjà profité de ce système pour siéger au conseil de ville. «Ç’a permis à leur parti respectif de continuer à être très actif.»
Le maire Demers a exposé un tout autre point de vue.
«Aux dernières élections, nous étions neuf candidats à la mairie. Imaginez-vous le système de colistier et combien de personnes auraient pu occuper des postes [de conseiller] sans jamais avoir été élu», a-t-il signifié, tout en faisant valoir que 8 des 10 grandes villes au Québec n’y ont pas adhéré.
Virginie Dufour, conseillère et membre du comité exécutif, avait précédemment mis la table, défendant «le principe de base en démocratie», selon lequel «personne ne peut siéger comme élu sans avoir été élu» au poste qu’il occupe, a-t-elle insisté.
Avant le vote, Jean Coupal a affirmé que le futur chef du Parti Laval – la nouvelle formation politique à laquelle il appartient – siègera au conseil municipal à l’issue du scrutin de novembre 2017, et ce, indépendamment du résultat du vote.
Il laissait ainsi clairement entendre qu’en cas de défaite du chef à la mairie, un candidat élu du parti démissionnerait de son poste de conseiller pour provoquer une élection partielle, permettant à son chef de se présenter pour s’y faire élire.
Scepticisme
Professeure associée à l’UQÀM et spécialiste en gestion municipale, Danielle Pilette entretient pour sa part de sérieuses réserves quant à la pertinence du système de colistier au niveau municipal.
«C’est comme vouloir imposer qu’il y ait une opposition, alors que les citoyens démontrent un appétit très limité en ce sens», soutient l’universitaire.
Elle fait également remarquer que «les partis se font et défont au rythme des candidatures vedettes aux élections municipales».
Cette volatilité contribuerait à faire en sorte que les chefs de parti, plutôt que d’être l’instrument d’une formation politique avec un programme très structuré, représentent davantage leurs propres intérêts, estime Mme Pilette, qui ne croit pas aux vertus du système de colistier. «Le véritable problème est là», termine-t-elle.