«On a beau faire des prévisions, il y a toujours une marge entre les prévisions et la réalité», met en garde Pierre Corbin, géophysicien à Hydro Météo. Chose certaine, le niveau des rivières montera encore, et il y aura des inondations.
Au Centre de coordination des mesures d’urgence (CCMU) de Laval, on se prépare à une crue de l’ampleur de 1998. Le débit d’eau enregistré au barrage de Carillon, en avril de cette année-là, s’élevait à 7285 m
Devant les médias, le week-end dernier, le directeur du Département de police de Laval a même osé évoquer le scénario de la crue de 1974, encore plus sévère. L’évacuation de 1200 personnes avait été nécessaire.
Le débit à Carillon était à 5610 m
Toute cette eau transitera par le lac des Deux Montagnes, la rivière des Mille Îles et la rivière des Prairies, avant de se jeter dans le fleuve.
Au passage, elle inondera les rives lavalloises. Alors que pour l’instant, les niveaux montent surtout dans l’ouest de l’île, on s’attend à ce que d’autres secteurs soient touchés au cours des prochains jours.
Déjà, la rivière des Mille Îles est menaçante à Saint-François et à Auteuil, où deux résidents ont choisi de quitter temporairement leur domicile, à la suite d’une infiltration d’eau. Sur terasse d’Auteuil, notamment, l’eau avance dans la rue.
Laval-des-Rapides pourrait aussi écoper, observe Nathalie Lorrain, porte-parole du Département de police de Laval.
Mesures d’urgence
Mercredi, Ville de Laval avait distribué 2220 sacs de sable. Les citoyens peuvent obtenir jusqu’à 280 sacs chacun. «Il existe également des endroits où des amoncellements de sable ont été prévus pour permettre aux citoyens de s’approvisionner eux-mêmes en remplissant des poches de jute», indique le porte-parole de Ville de Laval, Marc Laforge.
Depuis le 10 avril, les pompiers sont à l’œuvre pour pomper l’eau chez les résidents aux prises avec des infiltrations d’eau. Un service qui ne pourra pas être maintenu quand le gros de la fonte fera son œuvre, prévient Mme Lorrain. «Quand on va commencer à se promener en chaloupe dans les rues, on ne pourra plus fournir», illustre-t-elle.
Afin de faire face au pire, les services névralgiques comme ceux de la police ou des travaux publics ont livré des listes d’employés de réserve, qui peuvent prêter main-forte en cas d’urgence.
En cas d’évacuations importantes, une collaboration est prévue entre le CCMU et la Société de transport de Laval (STL). Cette dernière est disposée à mettre des autobus à contribution et des véhicules de transport adapté. À l’Hôtel de Ville, des avis d’évacuation sont déjà prêts. Les pompiers et les policiers les distribueront de porte en porte, au besoin. Le week-end dernier, 88 résidents, dans le secteur Havre-des-Îles, ont reçu un avis les informant des risques à venir.
Un centre d’hébergement est ouvert au Centre Accès, à Laval-Ouest. «Deux autres sont prêts, au Centre communautaire Boileau [Saint-François] et au Centre Honoré-Mercier [Sainte-Rose], ajoute Nathalie Lorrain. Ils ne sont pas ouverts, mais ils sont prêts.» Aucun résident n’avait eu recours à ces centres, hier.
«Alerte 2»
Le 10 avril, la municipalité a activé son plan d’urgence, qui comprend trois niveaux d’alerte. Le volet «alerte 1» — qui prévaut actuellement — est activé lorsque certaines rues sont fermées à la circulation, mais que la sécurité des citoyens n’est pas compromise. L’évacuation, à ce stade, se fait de façon volontaire.
Le niveau «alerte 2», qu’on pourrait atteindre dans quelques jours, selon Mme Lorrain, s’applique lorsque des artères principales sont fermées. On tente alors de convaincre les gens de quitter leur domicile et de trouver refuge dans les centres d’hébergement ou chez des proches.
L’«alerte 3», le plus haut échelon prévu au plan d’urgence, est effectif lorsque l’accès à des quartiers complets est impossible. Le maire peut alors décréter l’état d’urgence, les gens sont forcés d’évacuer, et des unités de patrouille en bateau sont mises sur pied, pour éviter le pillage.
On n’en est pas là. Mais le pire scénario est prévu. «Si c’est moins [d’eau], tant mieux. Mais au moins, nous serons prêts», dit Nathalie Lorrain.
Informations sur les inondation ou sur la méthode d’installation d’un muret de sable: www.ville.laval.qc.ca ou 311. Distribution des sacs de sable: Centre Accès, 6500, boulevard Arthur-Sauvé, Laval Ouest. Ouvert 24h/24h, 7 jours. Poste de police 5, 187, boulevard Sainte-Rose, Sainte-Rose. Ouvert 6h à 2h, 7 jours. Centre Boileau, 7100, boulevard des Mille-Îles, Saint-François. Ouvert 6h à 21h, 7 jours. Caserne 5, 6645, rue Duranleau, Saint-François. Poste de police 1, 1245, montée du Moulin, Saint-François. Caserne 1, 53, boulevard des Laurentides, Pont-Viau. Caserne 2, 2, place du Souvenir, Chomedey. Caserne 4, 950, boulevard de l’Hôtel-de-Ville, Sainte-Dorothée. Caserne 6, 2392, 35e avenue, Laval-Ouest. Caserne 8, 555, boulevard Curé-Labelle, Fabreville. Caserne 7, 6200, boulevard des Laurentides, Auteuil. Distribution de sable en vrac: Caserne 5, 6645, rue Duranleau, Saint-François. 8600, rue Laperrière, Saint-François. 1550, boulevard Chomedey, Chomedey. 29e avenue et rue Riviera, Laval-Ouest. 10e rue et Riviera, Laval-Ouest. 20e et 23e avenues, Laval-Ouest. 2392, 35e avenue, Laval-Ouest. Station de pompage, 3435, rue Riviera, Laval-Ouest. 35e avenue et rue Séguin, Fabreville. 43e avenue et rue Séguin, Fabreville. 7e avenue, Fabreville. Chemin du Bois et chemin des Rocailles, île Bigras. Rue Jetté (près du chemin du Bord-de-l’eau – côté nord), Sainte-Dorothée. Caserne 8, 555, boulevard Curé-Labelle, Fabreville. Extrémité nord de la rue Hotte, Sainte-Rose. Caserne 7, 6200, boulevard des Laurentides, Auteuil. Parc des Érables et Mareuil, Auteuil.