Avait lieu le 30 novembre à son bureau situé au centre-ville de Laval la première rencontre officielle entre le maire Stéphane Boyer et la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest.
M. Boyer a profité de l’occasion pour aborder avec la ministre Laforest trois dossiers prioritaires dont la crise du logement qui, exacerbée par la surchauffe immobilière, sévit dans la région du Grand Montréal.
Le nouveau maire de Laval a sollicité la participation du gouvernement Legault en vue du Sommet sur l’habitation que la nouvelle mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, et lui se sont engagés à tenir en 2022. Ils en avaient fait un engagement électoral commun en octobre dernier.
«Notre souhait, à Catherine et moi, c’est d’arriver avec des solutions concrètes qui va avoir un impact structurant sur le marché de l’habitation», explique Stéphane Boyer qui veut faire en sorte que «les coûts de construction de nouveaux logements restent raisonnables et évitent la surenchère».
Si Laval et Longueuil assument le leadership de cette initiative, ces administrations municipales réclament que le gouvernement provincial se joigne à la démarche.
«On veut adresser la pénurie de main-d’œuvre dans l’industrie de la construction, la spéculation foncière, les exigences de plus en plus complexes et les délais de plus en plus longs [liés aux projets de logements sociaux] et les investisseurs étrangers qui achètent des logements dans le Grand Montréal», fait valoir M. Boyer en citant quelques enjeux, dont les pistes de solution liées à des programmes et des lois relèvent de Québec.
Accueil favorable
La ministre Laforest a accueilli favorablement l’invitation de Stéphane Boyer, elle qui «souhaite prendre part» à ce sommet panquébécois sur l’habitation.
«J’ai aussi eu l’occasion de souligner, lors de notre rencontre, que notre gouvernement organise un Forum de l’habitation à chaque année depuis trois ans. À mon tour, je les ai invités [la mairesse de Longueuil et le maire de Laval] à y être le 10 décembre prochain! C’est un événement qui réunit tous les partenaires du milieu, les organismes, les unions municipales et les ministères concernés», mentionne Andrée Laforest dans un échange de courriels le 1er décembre.
Au sujet de M. Boyer, la ministre précise: «II a une vision claire pour sa ville et de nombreux projets! D’ailleurs, je souhaitais le rencontrer rapidement afin d’écouter ses préoccupations, connaître ses priorités et lui offrir toute ma collaboration.»
Nouvelle charte
D’autre part, le maire Boyer a abordé avec la ministre le dossier de la charte de la Ville qui, depuis deux ans, est en attente d’être avalisée par Québec.
À l’automne 2019, Laval déposait son projet de charte au législateur afin que celui-ci la sanctionne par une loi publique à l’Assemblée nationale. Bien conscient que le gouvernement avait bien d’autres chats à fouetter ces deux dernières années, Stéphane Boyer espère que le projet de loi suivra rapidement le processus législatif.
Fruit de cinq ans de travail, la refonte en règle de ce document juridique sur lequel se fondent les pouvoirs de la Municipalité conférerait justement de nouveaux pouvoirs à Laval, souligne le premier citoyen lavallois.
À titre d’exemple, en matière de soutien à l’économie, la 3e municipalité en importance aurait, à l’instar de Montréal et Québec, toute la légitimité pour subventionner des entreprises lors de situations exceptionnelles. «Un pouvoir qu’on aurait aimé avoir dans le contexte de la pandémie», confie l’élu qui fut responsable du plan de relance de 20 M$ mis en place par la Ville en 2020.
«Le droit de préemption est aussi un nouveau pouvoir qu’on demande dans le cadre de la charte déposée en 2019. Cela permettrait à la Ville de limiter la spéculation foncière et de mettre la main sur des terrains intéressants», explique le jeune trentenaire. En vertu de ce droit, la Ville aurait priorité sur tout autre acheteur advenant la mise en vente de tout terrain considéré comme stratégique en matière de développement du territoire.
Refuge faunique
Enfin, Stéphane Boyer a également touché un mot à la ministre quant au projet de créer la plus grande réserve faunique du Québec en milieu urbain.
«Même si ça ne relève pas de son Ministère, je lui ai présenté ce projet qui me tient à coeur et qui emballe les gens», a-t-il souligné.
Éco-Nature, qui y planche depuis une dizaine d’années, veut accroître le statut d’aire protégée de près de 20 fois la superficie actuelle du Parc de la Rivière-des-Mille-Îles. Les 26 hectares protégés qu’abrite actuellement ce parc pourrait ainsi passer à 550 hectares dans les limites de l’île Jésus.
En campagne électorale, Stéphane Boyer déclarait qu’il suffirait d’harmoniser le zonage de plusieurs terrains riverains et îles à proximité. «Comme la plupart de ces lots sont déjà des propriétés lavalloises, la complexité de ce projet est davantage administrative que financière», précisait-il.
C’est au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs qu’incombe la responsabilité d’intégrer au refuge les territoires concernés par décret.