À Laval, l’économie sociale emploie directement quelque 9000 personnes et génère des revenus annuels de l’ordre de 570 M$, ce qui en fait un moteur économique indéniable.
En termes de main-d’œuvre, cela représente 5 % des Lavallois en emploi, soit une moyenne identique à celle qu’on retrouve à l’échelle de la province.
C’est au chapitre des revenus que le défi se pose, alors que la région de Laval accuse un sérieux retard par rapport à l’ensemble du Québec.
Déficit important
Si le secteur de l’économie sociale représente 7 % du produit intérieur brut (PIB) québécois, son poids dans la balance économique lavalloise est de seulement 4,1 %.
Pour se hisser au niveau de la moyenne provinciale, les 430 organisations recensées sur le territoire de l’Île Jésus devraient réaliser annuellement des revenus additionnels d’un quart de milliard de dollars. Collectivement, il leur faudrait donc augmenter leurs ventes de 44 %, ce qui constitue un défi colossal auquel le Pôle régional d’économie sociale de Laval (PRÉSL) a décidé de s’attaquer.
Chantier social
Au cours des prochains mois, une vaste réflexion collective portera sur le développement, la consolidation et l’expansion des entreprises d’économie sociale de sorte que la région puisse occuper sa juste place sur l’échiquier provincial, a fait valoir Louise Hodder, directrice générale du Pôle régional, lors d’un point de presse, le 27 novembre.
C’est d’ailleurs dans cette foulée qu’un appel est lancé à tous les citoyens, organismes et entreprises invités à prendre part à la discussion.
Potentiel énorme
La création de nouvelles entreprises collectives, dont le nombre stagne depuis le tournant du millénaire, pourrait contribuer à combler cet écart de 248 M$ au chapitre des revenus annuels autogénérées.
À cet égard, le potentiel lavallois est énorme, insiste Mme Hodder qui évoque les quelque 220 organisations périphériques dont les activités ne sont pas marchandes et/ou la main-d’œuvre n’est pas rémunérée.
Dépendant exclusivement du bénévolat de ses membres, ces OBNL ont tout ce qu’il faut pour intégrer l’industrie de l’économie sociale et ainsi «marier la viabilité économique à la rentabilité sociale» de leur organisme.
D’autant que le Service de développement économique de la Ville et le ministère de l’Économie et de l’Innovation offrent de la formation, accompagnement et aide financière au démarrage d’entreprises d’économie sociale.
Expansion
Le changement d’échelle des organisations existantes est également au cœur de la solution s’entendent plusieurs intervenants, notamment le secrétaire du PRESL, Jean-Emmanuel Arsenault.
Directeur général d’une des 42 entreprises adaptées au Québec, dont 80 % des effectifs sont aux prises avec des limitations, M. Arsenault prêche par l’exemple.
«Axia services est passée de 150 à 320 employés dans les dernières années, entre autres, en faisant l’acquisition [en 2016] d’une entreprise lavalloise [CAPEQ] et en l’incorporant aux activités commerciales de notre organisme à but non lucratif, a-t-il mentionné. Cette croissance a permis d’accroître notre impact social en investissant davantage dans notre mission.»
Outre l’emballage industriel et alimentaire, l’offre de services se déploie à travers d’autres activités, tels l’entretien ménager commercial et une agence de sécurité.
Projet
De concert avec le Pôle régional d’économie sociale, Jean-Emmanuel Arsenault planche sur un projet d’acquisition immobilière qui pourrait abriter plusieurs organisations sous un même toit.
En devenant propriétaire, il estime qu’il sauverait 50 000 $ par année, soit le montant du loyer attribuable aux taxes foncières de l’usine de 28 000 pieds carrés qu’Axia services occupe sur la rue Cunard, dans le parc industriel Centre.
Ayant droit à une exemption fiscale, les OBNL propriétaires diminuent considérablement leurs frais fixes, augmentant d’autant leur profitabilité.