Mis à jour: 17h45
«Il est minuit moins une pour sauver l’écosystème du ruisseau Barbe, dont l’intégrité exceptionnelle pourrait disparaître si la Ville n’intervient pas dans les plus brefs délais.»
Ce cri du cœur vient de CANOPÉE – Le réseau des bois de Laval et du Conseil régional de l’environnement (CRE), qui sonnent l’alarme concernant l’avenir du dernier grand milieu naturel du quartier Fabreville.
Dans un communiqué publié le 31 mai, ils demandent d’abord à l’administration Boyer de mettre rapidement en réserve les lots visés par une autorisation du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC), puis d’en négocier l’acquisition.
«Nous exhortons [la Ville] à faire preuve du même courage qui lui a fait mettre en réserve, en 2021, une partie des lots de l’oasis du Bergerac, un peu plus loin à l’est, malgré l’autorisation qui avait été délivrée à l’époque par le MELCC», de sortir publiquement les deux organismes qui s’évertuent à «sensibiliser depuis plusieurs mois la Ville de Laval», affirment-ils.
Milieu humide d’intérêt
Couvrant une superficie de 31 hectares au nord-est de l’échangeur autoroutier 440 et 13, le secteur menacé est inscrit au Plan de conservation et de mise en valeur des milieux naturels de Laval.
De fait, plus des deux tiers de sa superficie seraient visés par le Règlement de contrôle intérimaire (RCI) – adopté à l’été 2020 – assurant la protection et la conservation des milieux humides d’intérêt sur le territoire.
L’écosystème «abrite une érablière à sucre et est traversé d’est en ouest par le ruisseau Barbe, dont la crue printanière s’étend sur près de 300 mètres à l’intérieur d’un boisé, jusqu’à de très grands marécages à haute valeur écologique», notent CANOPÉE et le CRE. «Cette mosaïque d’habitats se trouve aussi à la confluence de deux importants corridors écologiques», ne manquent-ils pas d’ajouter.
Travaux
L’urgence d’agir est telle que «le promoteur a commencé à remblayer les milieux naturels existants», alertent les OBNL qui veillent à la protection et à la promotion de l’environnement sur l’île Jésus.
Le projet de développement prévoit la construction de deux bâtiments industriels en bordure de l’autoroute 13 et, plus à l’est, le prolongement des rues Jasmine et Janvier en prévision d’un développement résidentiel, précise le biologiste du CRE, Alexandre Choquet.
Destruction inacceptable
Sans égard à la règlementation municipale en vigueur et moyennant une compensation financière de 4 056 608 $ exigée au promoteur, le Ministère donnait le feu vert en 2021 à un projet mixte qui occupera près de la moitié du secteur, dont quelque 7 hectares de milieux humides d’intérêt, dénoncent les deux groupe environnementaux: «À l’aune de la perte continue de la biodiversité et des changements climatiques, il est inacceptable d’autoriser la destruction de milieux naturels comme celui du ruisseau Barbe.»
D’autant qu’il n’y a «aucune assurance» que le montant versé en compensation permettra de restaurer des milieux existants ou d’en créer de nouveaux de valeur écologique similaire, ailleurs à Laval, conformément au principe zéro perte nette de la Loi concernant la conservation des milieux humides et hydriques. «Considérant la raréfaction des terrains disponibles sur l’île de Laval et la hausse vertigineuse de leur prix, il importe de préserver les écosystèmes existants plutôt que de chercher à en créer de nouveaux», font valoir CANOPÉE et le CRE, soulignant que «la destruction de ce milieu d’exception» priverait «les habitants de Fabreville du seul milieu naturel accessible à pied ou à vélo dans leur quartier».
Au moment de mettre en ligne, le cabinet du maire n’avait pas donné suite à notre courriel.