Dans ce rapport, dont le Courrier Laval a pris connaissance, les avis de correction touchent le risque de transmission de maladies infectieuses; la congestion de la voie de circulation du corridor principal; le risque de lésion musculo-squelettique; le risque de violence et d’agression ainsi que la surcharge et le manque d’effectifs.
Les inspecteurs se sont présentés sur les lieux les 21 et 24 mars, après que la CNESST eut reçu une plainte du syndicat. «À l’urgence, c’est le bordel à tous les niveaux, dénonce Richard Després, vice-président santé sécurité CSN à la Cité-de-la-Santé. Les travailleurs sont épuisés et il n’y a pas de remplacement. On respecte le budget au détriment de la santé des travailleurs.»
M. Després fait notamment mention du ratio d’un préposé par 8-10 patients établi selon un guide publié en 2006 par Philippe Couillard, alors ministre de la Santé. Le représentant syndical confie toutefois qu’un préposé peut commencer sa journée avec un minimum de 15-16 patients, sans connaître l’état de santé de chacun. «Il y a une surcharge déjà en partant et ça peut monter jusqu’à 30. Le guide est pourtant toujours valable parce qu’il n’y en a pas eu d’autre par la suite et on le met en pratique dans certains cas», dit-il.
Vraie facette de l’Employeur
Dans la contestation de l’Employeur, M. Després y voit «sa vraie facette». «C’est la façon de gérer de M. Barrette. On doit respecter le budget et c’est malheureux pour les patients et aussi pour les travailleurs sur le plancher qui en payent la note. Le CISSS se pense au-dessus des lois», révèle-t-il, soulignant que la seule modification qu’il a vue jusqu’à présent est l’ajout de deux filets de protection contre les crachats des patients. «Mais est-ce l’Employeur qui nous les fournit ou proviennent-ils d’un autre service, comme les ambulanciers ou policiers?» se questionne-t-il.
Finalement, Richard Després mentionne que le syndicat fera une rencontre avec le Comité des usagers afin de voir comment on pourrait aider les patients. «La CNESST est là pour les travailleurs, mais elle ne peut rien pour les patients. On veut s’assurer qu’ils reçoivent les meilleurs soins auxquels ils sont en droit d’avoir», termine-t-il.
Fait rare
Le CISSS de Laval a déposé une demande au Directeur de la révision administrative de la CNESST, une analyse qui pourrait prendre de deux à trois semaines. «Le réviseur a trois choix: maintenir le rapport, le changer ou l’annuler», explique Manon Galipeau, porte-parole de la CNESST, ajoutant qu’il était très rare de voir un employeur contester un rapport. «Ça se voit plus souvent au niveau des constats d’infraction», dit-elle.
Si le réviseur retient la première option, le CISSS peut alors se tourner vers une nouvelle instance, le Tribunal administratif du travail. «Même s’il y a contestation, il doit quand même apporter les correctifs d’ici le 5 mai. Sinon, il s’expose à des sanctions, dont l’amende débute à 1632 $ plus les frais pour chacune des infractions.»
À notre demande de commentaires, le CISSS a répondu ceci par courriel: «Le CISSS de Laval a fait une demande de révision pour certaines dérogations identifiées dans le rapport. Il s’agit d’une procédure normale prévue dans les processus de la CNESST. Nous sommes en attente des décisions qui seront prises à la suite de notre demande. Comme la santé et la sécurité de nos employés sont importantes pour nous, les actions appropriées seront mises de l’avant en fonction de la décision finale de la CNESST.»