Le maire de Laval, Stéphane Boyer, a profité du long week-end de la fête du Travail pour dévoiler sa liste d’épicerie dans le cadre de la présente campagne électorale.
Détaillées dans un document de 28 pages, les 10 demandes de M. Boyer ont d’ailleurs été au cœur des discussions tenues aujourd’hui avec les six candidat(e)s qui font campagne à Laval sous la bannière de la Coalition avenir Québec (CAQ).
Demain après-midi, mercredi, ce sera au tour de la cheffe libérale Dominique Anglade et ses candidat(e)s régionaux d’être reçus au cabinet du maire, alors que d’autres formations politiques en lice devraient être rencontrées d’ici le scrutin provincial du lundi 3 octobre.
Infrastructures de transport en commun, logement abordable, protection de l’environnement et santé figurent «sans surprise» parmi les priorités régionales, précise l’administration municipale par voie de communiqué.
Voici donc ce que le maire de la 3e Municipalité au Québec souhaite voir devenir des «engagement locaux» chez les candidats qui brigueront les suffrages dans chacune des six circonscriptions de l’île Jésus.
Transport
En matière d’infrastructures de transport collectif, l’administration Boyer demande à ce que le prochain gouvernement lance les trois projets annoncés au printemps dernier par le ministre François Bonnardel, question «de franchir rapidement l’étape des dossiers d’opportunités».
Ces projets sont :
- Un autobus à haut niveau de service sur les boulevards de la Concorde et Notre-Dame, entre les boulevards Curé-Labelle et des Laurentides;
- Un mode structurant de transport collectif vers le centre de Laval, dans le prolongement de la branche ouest de la ligne orange du métro;
- Un mode structurant de transport collectif reliant l’est et l’ouest, sur l’axe du boulevard Saint-Martin, qui sera prolongé vers l’est.
Parallèlement, la Ville demande à Québec de combler pour les trois années à venir les manques à gagner projetés par l’Agence régionale de transport métropolitain (ARTM). «Il s’avère urgent de diversifier les sources de revenus et d’assurer une stabilité dans la planification budgétaire de l’ARTM», allègue l’administration Boyer. D’autant que l’organisme suprarégional aurait «simulé des hausses de contribution municipale et des baisses de niveau de service aux usagers» pour 2023, 2024 et 2025.
Logement social
Au rayon du logement, Laval demande à ce que les candidats s’engagent à permettre la taxation de la spéculation foncière, telle que proposée par le maire Boyer au Sommet de l’habitation le mois dernier. Ce levier fiscal générerait aux Municipalités d’importants revenus pour financer plusieurs programmes en matière d’habitation.
Également, la Ville demande un «financement particulier» pour des projets de logements abordables selon des objectifs d’abordabilité perpétuelle de même que la mise en œuvre – sur plusieurs années – de programmes permettant de créer des logements sociaux et abordables.
Environnement
Pour ce qui est des enjeux liés au climat, la Ville réclame une aide financière au gouvernement du Québec pour déployer les mesures et les actions prévues dans son Plan d’adaptation aux changements climatiques (PACC) et son Plan de réduction des émissions de GES (PRÉGES), lesquels seront lancés au cours des prochains mois.
Des 19 mesures du PRÉGES – dont plusieurs favorisent la mobilité durable -, notons celle visant la construction d’une usine de biométhanisation carboneutre, un projet de 200 M$ dans les cartons depuis plus de 10 ans et dont la mise en chantier était prévue l’an dernier.
Quant au PACC, les 42 mesures mises de l’avant devraient permettre, entre autres, d’atteindre une cible de canopée (couvert végétal) de 27 % d’ici 2035, de renforcer les structures d’approvisionnement en eau potable et de tendre vers l’objectif de 14 % d’aires protégées à Laval.
Santé
Le projet d’agrandissement et de modernisation de l’Hôpital de la Cité-de-la-Santé demeure une priorité pour la Ville, compte tenu que la croissance démographique régionale figure parmi les plus soutenues au Québec depuis les années 1990.
L’augmentation de la capacité hospitalière servirait notamment la médecine pédiatrique et les services en santé mentale et en matière de dépendances.
Charte de la Ville
Adoptée par le conseil municipal il y a trois ans, le projet de charte de la Ville de Laval est toujours en attente d’être sanctionné par le législateur. D’où la demande du maire Boyer aux partis politiques de s’engager à adopter le projet de loi officialisant la constitution de la nouvelle charte.
«Cela permettrait à la Ville d’agir plus activement dans le développement économique de son territoire et de continuer à organiser ses institutions pour qu’elles soient plus transparentes», explique-t-on.
Ce document juridique conférera de nouveaux pouvoirs à Laval, dont le droit de préemption (pouvoir d’acquérir en priorité sur tout autre acheteur des immeubles ou terrains disponibles sur le marché) et le droit de subventionner des entreprises lors de situations exceptionnelles.
Infrastructures d’eau et d’égout
Autre demande: augmenter les subventions du Programme de la taxe sur l’essence et de la contribution du Québec (TECQ) pour la réhabilitation des infrastructures municipales d’eau et d’égout.
«Il est courant que les soumissions des entrepreneurs représentent le double, voire le triple des montants estimés au départ» en raison du «coût des matériaux» et du «prix de l’essence», justifie-t-on.
Enjeu majeur pour les Municipalité, la mise à niveau des usines de production d’eau potable et des stations d’épuration d’eaux usées de même que la réhabilitation des conduites et le contrôle des surverses nécessiteront, à Laval seulement, des investissements de l’ordre de 750 M$ au cours des prochaines années, a déjà signifié le maire Boyer.
Diversification des revenus
Le maire de Laval souhaite par ailleurs accroître et diversifier les sources de revenus des Municipalités.
Pour ce faire, il demande à Québec de revoir la Loi sur la fiscalité municipale afin de contrer la spéculation foncière.
Actuellement, la loi «prévoit que le taux de taxation pour les terrains vagues desservis ne peut pas être plus du double que le taux de base pour l’ensemble des bâtiments résidentiels», rappelle l’administration Boyer, qui aura atteint ce plafond dès le prochain budget municipal.
Le fait de «taxer la spéculation foncière» aurait pour effet «d’encourager les propriétaires à développer leurs terrains ou à les vendre en vue de projets de construction». D’autant qu’«avec la prise de valeur des terrains à Laval, il est souvent plus avantageux pour un propriétaire d’attendre une offre qu’il ne pourra pas refuser», privant ainsi la Ville d’importantes retombées fiscales, fait valoir l’administration municipale.
Terrains pour les écoles
D’autre part, la Ville de Laval demande au gouvernement provincial d’«assumer les coûts des terrains pour répondre aux besoins d’espace des écoles» revendiqués par les Centres de services scolaires.
Jusqu’à l’adoption de la Loi sur l’instruction publique qui abolissait les commissions scolaires en 2020, une certaine négociation quant au prix des terrains municipaux était possible avec les autorités scolaires, ce qui n’est plus le cas.
Il en découle «des coûts très élevés pour la Ville, lesquels sont évalués à près de 120 M$, selon les récentes projections du CSSL [Centre de services scolaire de Laval]», soutient l’administration Boyer.
Expropriation
Comme l’a fait l’Union des municipalités du Québec (UMQ) en 2021, Laval demande à Québec de modifier la Loi sur l’expropriation afin que celle-ci reflète davantage la valeur du marché.
L’objectif de la réforme est de «baser l’indemnité sur la valeur marchande» plutôt que sur le «concept de valeur au propriétaire» qui prévaut actuellement, ce qui rend les acquisitions de terrain par voie d’expropriation hors de prix. Fixer «une indemnité limitée» serait aussi souhaitable.
Enfin, la Ville souhaite que les terrains inutilisés à proximité de l’autoroute 25 lui soient cédés par le ministère des Transports, question d’y jeter les bases d’un nouveau parc industriel municipal.