Malgré une baisse projetée de 6,1 % des investissements publics et privés en 2019, la Ville de Laval devrait renouveler son adhésion au club sélect des villes milliardaires.
C’est du moins ce qui ressort de l’étude économique régionale rendue publique par le Mouvement Desjardins, le 28 novembre.
Selon les projections de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), les investissements du secteur privé (533 M$) pour l’année qui s’achève excéderaient ceux provenant du secteur public (487 M$).
Même que par rapport au niveau d’activité enregistré en 2018, le recul projeté est deux fois plus prononcé au chapitre des investissements publics.
Favorable
On le sait, les statistiques sont parfois trompeuses.
Par exemple, alors qu’elle prévoit une baisse de 6,1 % des investissement à Laval, l’ISQ anticipe à l’inverse une hausse moyenne de 5,7 % des investissements à l’échelle de la province.
Vraiment rien d’inquiétant, assure Chantal Routhier, économiste principale chez Desjardins.
Pour elle, la situation est particulièrement favorable à Laval, en raison notamment de l’effervescence qui émane du développement du centre-ville.
«On reste au-dessus du milliard, observe-t-elle. Les projets continuent; d’autres se sont ajoutés. Peut-être qu’on pourrait observer un léger repli l’année prochaine aussi, mais ce ne serait pas inquiétant non plus.»
L’économiste rappelle que 2018 avait été exceptionnelle avec une hausse de 26 % des investissements pour atteindre 1,1 G$. L’année 2019 afficherait ainsi la seconde meilleure performance depuis 2012, souligne-t-elle.
Quelques projets
Dans l’étude réalisée par le Mouvement Desjardins, on cite évidemment les deux plus importants projets en cours qui, à terme, totaliseront chacun 500 M$.
Il s’agit d’Espace Montmorency et Central Parc Laval. Ce dernier, moins connu que le premier, prévoit d’ici 2023 six tours d’habitation hautes de 15 à 22 étages sur le terrain situé au nord-ouest des boulevards Le Carrefour et Daniel-Johnson, à deux pas du Carrefour Laval.
Également, les tours d’habitation résidentiels Urbania 2 et Le Market, voisinant respectivement avec Espace Montmorency et le Marché public 440, totaliseraient un demi-milliard de dollars d’investissement d’ici 2023.
L’étude fait également mention de la revitalisation des secteurs avoisinant les stations de métro Cartier et de la Concorde de même que le secteur Val‑Martin, à Chomedey, qui se poursuit.
Potentiel de croissance
En 2019 et 2020, la croissance économique serait légèrement plus rapide dans la ville-région que dans l’ensemble du Québec comme en témoigne une hausse moyenne du PIB nominal (produit intérieur brut, incluant l’inflation) estimée à 4,7 % à Laval comparativement 4,5 % pour la province.
Dans la grande région métropolitaine, Laval se classe deuxième, un millième de pourcentage derrière l’île de Montréal et trois millièmes devant les régions des Laurentides et Lanaudière, ex-aequo à 4,4 %.
Qui plus est, la Ville a de quoi soutenir cette croissance pour des années à venir, affirme Chantal Routhier, soulignant au passage le potentiel de développement de 40 millions de pieds carrés en zones industrielles.
Emploi en recul
Les enquêtes mensuelles sur la population active révèlent par ailleurs une diminution des Lavallois en emploi en 2019, et ce, malgré un taux de chômage qui continue à diminuer.
Cet essoufflement, Mme Routhier l’explique par l’année record de 2018 où l’on comptait 17 100 Lavallois de plus en emploi (+ 7,8 %) pour un total de 237 000 personnes occupées. Cette année, on évalue ce nombre à 225 000, soit un recul de 5 %.
Quant au taux de chômage, il passerait de 5,3 à 4,8 % cette année avec une projection de 4,4 % pour l’an prochain, un creux jamais atteint depuis plus de 20 ans.
Rareté de main-d’oeuvre
En dépit d’une croissance démographique plus élevée que dans le reste de la province, la région de Laval n’échappe pas au phénomène de la rareté de main-d’œuvre.
À preuve, le nombre de postes vacants a atteint un sommet dans la région au deuxième trimestre 2019, alors qu’on recensait 6605 postes inoccupés depuis plus de 90 jours en sol lavallois. Cela représente un bond de 46 % par rapport à la situation qui prévalait 12 mois plus tôt.
Pour les employeurs du territoire, la situation continue à se détériorer, eux qui avaient subi au second trimestre 2018 une hausse de 34 % au chapitre des postes vacants.
Incidemment, la rétention et l’attraction de travailleurs figurent toujours parmi les principaux enjeux à Laval comme dans la grande région métropolitaine, au même titre que la fluidité des déplacements des personnes et marchandises, rappelle Chantal Routhier.