Nonobstant le gel des comptes de taxes foncières en 2021, des investissements records en immobilisations et le contexte pandémique, la Ville de Laval a fermé les livres au 31 décembre avec un surplus de 38,2 M$ dans ses coffres.
Le maire Stéphane Boyer, qui déposera ce soir au conseil municipal le rapport financier consolidé, attribue cet excédent de fonctionnement à un contrôle serré des dépenses et une activité immobilière nettement plus soutenue que prévue.
Une performance somme toute comparable à celle de l’année précédente, où les surplus records de 85,6 M$ engrangés en 2020 s’expliquaient essentiellement par une aide spéciale de 42,3 M$ provenant de Québec en cette première année de pandémie.
L’excédent de 38,2 M$ représente 4,1 % d’un budget d’opération de 932 M$ en 2021.
Dépenses moins élevées
Des économies de 29 M$ ont été réalisées sur les dépenses projetées, dont 12 millions épargnés sur la masse salariale. Celle-ci s’est soldée à 376 M$, temps supplémentaire inclus.
Le contexte de pénurie de main-d’œuvre a fait en sorte que les 127 nouveaux postes équivalent temps complet budgétés n’ont pas tous été comblés en 2021 et que le délai de dotation de ceux qui l’ont été a pu s’étirer de 3 à 6 mois.
«Cela ne nous a pas empêchés par ailleurs de réaliser un PTI [programme triennal d’immobilisations] important et de maintenir les services malgré tout», explique le maire en entrevue au Courrier Laval.
Les honoraires professionnels et services techniques ont coûté pour leur part 7,8 M$ de moins que ce qui avait été projeté. Au chapitre des honoraires, par exemple, 4,6 millions des 25 M$ budgétés sont restés sur la table. Ces économies proviennent essentiellement du Service des communications (2,4 M$) et du Service du développement du centre-ville (1,9 M$).
Quant aux frais de financement, ils ont été 2,5 M$ inférieurs au montant prévu.
Revenus en hausse
La forte activité économique observée en 2021 a permis à la Ville d’encaisser 20,5 millions de plus que les revenus estimés.
Totalisant 64,9 M$, les droits de mutation ont généré 15,4 millions de plus que les 49,5 M$ anticipés.
Quant aux permis délivrés l’année dernière, la Ville a perçu 3,9 millions de dollars auprès des promoteurs-constructeurs et propriétaires-rénovateurs, un sommet selon le directeur des Finances, Pierre Beaudet. Mine de rien, il s’agit d’une hausse de 63 % comparativement aux 2,4 M$ alors estimés.
Pour l’ensemble de l’année, la valeur totale des permis de construction et d’améliorations locatives se chiffre à 1,4 milliard de dollars.
Mesures d’aide
Or, les surplus enregistrés ne se sont pas faits au détriment des services rendus à la population, assure Stéphane Boyer. Même que la Ville a investi 18 M$ en différentes mesures d’aide aux citoyens frappés par la crise sanitaire, dont les deux tiers en gel de taxes (10,8 M$) et report des échéances du paiement du compte de taxes (1 M$). Le programme de soutien aux entreprises (5,3 M$) et le plan de relance économique (0,9 M$) complètent ces investissements.
Manque à gagner
Toujours en 2021, la Ville a également dû composer avec un manque à gagner de 14 M$ par rapport aux revenus attendus. De ce nombre, les produits de taxation ont été 4,8 M$ plus faibles que prévus, et ce, malgré un nombre record de permis délivrés en 2021. Ce recul est le résultat de décisions rendues par le Tribunal administratif du Québec dans la foulée des contestations de valeur au rôle. À cet égard, rappelons le règlement à l’amiable en vertu duquel la Ville a dû rembourser 16,5 M$ en capital, intérêts et frais à L’Aréna du Rocket (L’ADR), filiale du Groupe CH et gestionnaire de la Place Bell.
Aussi, les revenus de placement ont généré 3,2 M$ de moins que les sommes projetées, alors que les amendes ont rapporté 18,6 au lieu des 20,6 millions de dollars budgétés.
Réaffectation
Une somme de 5,9 millions des excédents financiers sera versée à la réserve pour la neige, 13,1 M$ seront affectés à la réserve pour paiement comptant des immobilisations à venir et les 16,2 millions restants iront dans l’excédent de fonctionnement non affecté.
Dans les prochaines années, l’administration Boyer indique vouloir investir massivement dans les centres communautaires, les rues, les parcs, les ouvrages pour réduire les surverses et d’autres projets d’infrastructure majeurs. «Ces sommes permettront de le faire avec un effet moindre sur l’endettement ou le fardeau fiscal», fait-on valoir.
Investissements records
En 2021, les dépenses en immobilisations ont totalisé 248,9 M$, soit 40 M$ de plus qu’en 2019, année prépandémique.
La Ville de Laval avait atteint un sommet historique avec des réalisations de 240 M$ en 2020, une croissance des dépenses qu’elle justifie par le fait de prioriser le développement durable dans ses investissements en matière d’infrastructures publiques.
Le maire Boyer se réjouit d’un taux de réalisation de 65,2 % du PTI, particulièrement dans une année marquée par une pénurie de main-d’œuvre et des difficultés en approvisionnement de matériaux.
Quant à l’écart avec l’année record de 2020 où la Ville avait réalisé près de 75 % de son budget d’investissement, il l’explique également par un «PTI plus ambitieux d’année en année».
Faut-il rappeler que sous l’administration Vaillancourt, la Ville ne réalisait que 45 % des investissements projetés au PTI.