Effacée du Programme triennal d’immobilisations (PTI) depuis deux ans, la grande bibliothèque a refait surface au conseil municipal de juillet sous le projet «Infrastructure culturelle du centre-ville de Laval».
En clair, on parle d’un ambitieux projet qui abritera sous un même toit la Bibliothèque centrale et le Centre de création artistique professionnelle de Laval.
Études
Adoptée à la majorité des élus, la résolution assortie d’un budget de près de 1,2 M$ permettra la réalisation d’études géotechniques préliminaires et d’un programme technique et fonctionnel.
L’enveloppe financera des mandats confiés à des experts, à savoir deux spécialistes en bibliothéconomie et équipements culturels, un spécialiste en accès universel, un autre en mobilier intégré/spécialisé, un estimateur en construction et un conseiller professionnel en concours d’architecture.
Conseillère municipale de Saint-Martin et responsable des dossiers relatifs aux arts et à la culture, Aline Dib a indiqué que ce chantier répondait à «un besoin criant» de même qu’«aux engagement pris par la Ville» de mettre en œuvre des projets d’infrastructures d’envergure lors de l’adoption du Plan régional de développement culturel, en 2019.
«Un projet porté par le milieu depuis 2010», a pour sa part fait valoir le vice-président du comité exécutif et responsable des dossiers économiques, Stéphane Boyer, en évoquant le Centre de création artistique professionnelle.
Ce centre est d’ailleurs appelé à devenir «le pôle principal de création et de recherche artistique au nord de la métropole, une institution unique au Canada […] un lieu incontournable d’innovation culturelle et artistique», mentionne-t-on dans le sommaire décisionnel en appui à la résolution.
100 M$
Si le sommaire décisionnel est muet sur les coûts budgétés de ce projet qualifié d’«ambitieux», celui-ci pourrait certainement nécessiter des investissements publics avoisinant les 100 millions de dollars.
Une rapide recherche à travers les budgets municipaux archivés permet d’en arriver à cette projection budgétaire.
Ainsi, en 2018, la Bibliothèque centrale et le Centre de création artistique professionnelle de Laval apparaissaient au Programme triennal d’immobilisations (PTI) comme deux projets distincts. La bibliothèque était alors évaluée à 80,1 M$, alors que le Centre de création artistique était budgété à 23,6 M$. Les deux projets avait depuis disparu de l’écran radar.
En janvier dernier, alors qu’il sollicitait la participation financière de Québec, le maire Marc Demers avait chiffré à quelque 12 000 mètres carrés la superficie de cette grande bibliothèque qu’il projetait au centre-ville et qui devrait desservir 150 000 citoyens.
Incidemment, il appert que le gouvernement Legault sera un partenaire financier dans ce projet. C’est du moins ce qu’a laissé entendre, le 9 juillet, le ministre des Finances et ministre responsable de Laval, Éric Giard, lors du Forum de la relance de Laval.
Critiques
Si tous les élus se sont dits en faveur de ces projets, plusieurs voix se sont levées pour dénoncer le «manque de transparence» de l’administration Demers à qui on reproche de retenir l’information et de laisser les élus de l’opposition dans l’ignorance.
Isabella Tassoni, représentant Action Laval dans Laval-des-Rapides, district au cœur duquel l’infrastructure s’implantera, déplore être «complètement exclue et non informée» de la présente démarche. Elle a même suggéré de retirer le point à l’ordre du jour et d’y revenir une fois qu’une présentation aura été faite aux membres du conseil afin que ceux-ci puissent voter de façon éclairer.
Formulant les mêmes critiques, le conseiller indépendant David De Cotis ne voyait «aucune urgence», proposant plutôt d’attendre au dépôt du prochain PTI dans cinq mois d’ici. «On demande de signer un chèque en blanc de plus d’un million de dollars», s’est-il offusqué.
«On a aucune idée du projet global», s’est pour sa part indigné le chef de Parti Laval et de l’opposition officielle, Michel Trottier. La Vérificatrice générale l’a mentionné dans son rapport [déposé le soir même]: on manque d’information au conseil municipal; c’est fait en vase clos dans des façons de faire d’une autre époque. Évoluons!»
Son collègue Claude Larochelle a renchéri, soulignant que «nulle part dans le sommaire décisionnel c’est écrit où [ça] va s’implanter. C’est un peu insultant pour nous autres.»
Michel Poissant, conseiller indépendant de Vimont, a parlé de «projet bâclé» et aussi dénoncé le fait que «l’information communiquée aux élus est incomplète et ne permet pas de prendre des décisions éclairées. Là, on continue malgré le rapport de la Vérificatrice générale dans la même voie. C’est un peu désolant de voir ça.»