Plus tôt cet automne, la Société nationale du Québec à Laval (SNQL) s’est invitée dans la campagne municipale.
À moins de 48 heures du scrutin, des cinq chefs de partis interpellés, seuls Stéphane Boyer (Mouvement lavallois) et Michel Trottier (Parti Laval) avaient répondu à l’appel de l’organisme voué à la promotion de la langue française et de la culture québécoise en sol lavallois, indique Michel Leduc, administrateur et responsable du dossier français-intégration.
Ce dernier s’est d’ailleurs dit satisfait de l’ouverture affichée par MM. Boyer et Trottier lors de récents échanges. «Ils sont ouverts à la discussion et prêts à entamer une réflexion une fois au pouvoir», explique-t-il, ajoutant que les aspirants maires ont tous deux «bien accueillis les propositions» qui leur avaient été soumises dans une lettre datée du 12 septembre.
Actions souhaitables
La SNQL souhaiterait voir déployer par la prochaine administration municipale une série d’actions en matière d’intégration, de francisation et de valorisation de la langue et de la culture dans un contexte, rappelle-t-on, où Laval est la deuxième terre d’accueil des personnes immigrantes au Québec. D’autant que 77 % d’entre elles a pour langue maternelle une langue autre que le français, selon le dernier recensement disponible.
Ces gestes consisteraient à:
- Organiser annuellement une cérémonie d’accueil des nouveaux arrivants issus de l’immigration en soulignant l’importance du français à Laval dans tous les domaines;
- Mettre à la disposition des employés de la ville des outils relatifs à la francisation accompagnés de directives relatives à l’affichage, aux communications numériques, orales et écrites;
- Souligner à chaque année l’effort mis de l’avant par des citoyens exemplaires pour la promotion du français dans leur milieu;
- Assurer une diffusion prédominante de la musique québécoise et francophone dans les parcs lorsque les occasions se présentent;
- Élaborer une politique de promotion culturelle auprès des citoyens et des familles issus de l’immigration, les invitant à fréquenter les lieux culturels – les bibliothèques en premier lieu – en facilitant leur inclusion;
- Organiser des visites de quartiers de Laval en mettant de l’avant l’histoire et le patrimoine qui les caractérisent et en consacrant une semaine entière à cette mission en mettant à contribution la STL;
- Organiser annuellement une semaine particulière dédiée à la valorisation du français dans les milieux d’affaires et souligner les mérites d’entreprises et de commerces engagés dans cette direction.
Responsabilité municipale
«Les efforts accomplis par les organismes de francisation méritent notre soutien et notre admiration», faisait valoir récemment par voie de communiqué le président de la SNQL, Jean Desautels, sans toutefois cacher son inquiétude face à l’anglicisation qui gagne sans cesse du terrain sur le territoire de l’île Jésus.
Cela dit, il est d’avis que le palier municipal doit faire preuve de leadership face au défi que pose cet enjeu.
«Montréal a donné l’exemple en adoptant un plan d’action en matière de valorisation de la langue française. Nous croyons que Laval doit aussi se doter d’un plan d’action qui répond à ses besoins particuliers en matière de défense et de promotion de la langue française», conclut-il.
Peu d’intérêt
Selon un sondage CROP effectué entre le 7 et le 16 octobre pour le compte de Radio-Canada, parmi les trois grandes villes de la région métropolitaine, c’est à Laval que l’enjeu du français a le moins de résonnance chez les électeurs.
Seulement 5 % des Lavallois sondés identifiait «la place du français» comme la priorité parmi six grands enjeux, alors qu’à Montréal et Longueuil, cet enjeu revêtait respectivement un caractère prioritaire pour 8 et 7 % des gens sondés.
Appelé à réagir à ce coup de sonde, Michel Leduc n’y voit ni indifférence ni ignorance quant à la situation qui prévaut à Laval. L’interprétation qu’il en fait est plutôt que «les gens sont relativement satisfaits de la position du gouvernement du Québec» en pareille matière. M. Leduc évoquait alors le projet de loi 96 (Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français) déposé à l’Assemblée nationale au printemps dernier et dont l’étude en commission parlementaire est à venir.