«Aucun film, aucune photo ne peut décrire l’ampleur du saccage», soutient Georges Pelletier au sujet de la destruction du milieu naturel situé près de chez lui, à l’extrémité nord-ouest du boulevard Chomedey.
En se stationnant dans le cul-de-sac de la rue Simone-De-Beauvoir, qui ne sera d’ailleurs bientôt plus, le cofondateur du regroupement Les Amis des milieux naturels de Laval soupire de désolation.
Depuis plus d’un mois, la construction d’un projet résidentiel intégré de 6 bâtiments de 24 à 36 logements chacun menace «un des derniers milieux humides» du secteur Bergerac-Saint-Elzéar ouest.
«Regardez les arbres!, lance Georges Pelletier, en pointant les troncs et racines meurtris par la débusqueuse sur le bord du chemin de terre. Aucun respect.»
Dans son mémoire Le grand intérêt des derniers milieux humides lavallois, le Conseil régional de l’environnement (CRE) de Laval présente notamment le complexe de milieux humides du Ruisseau Papineau-Lavoie comme «un havre important et un corridor de dispersion pour la faune environnante».
De plus, il est considéré «d’intérêt», alors qu’il joue «un rôle important dans la filtration et la régulation des eaux qui ruissellent jusqu’au ruisseau Papineau».
Ainsi, le CRE recommande que la «problématique de gestion des eaux pluviales qui pourrait découler d’une imperméabilisation encore plus importante du bassin versant de ce cours d’eau» soit prise en compte dans l’élaboration du projet de prolongement du boulevard Chomedey inscrit au schéma d’aménagement et de développement révisé (SADR) de la Ville.
Autorisations requises
Lors du conseil municipal du 4 mai, Georges Pelletier a interpellé la mairie sur la conformité des travaux en cours.
Numéro 2 de l’administration Demers, Stéphane Boyer confirmait alors que deux certificats d’autorisation en vertu de l’article 22 de la Loi sur la qualité de l’environnement ont été délivrés par le Ministère et que ces derniers sont encore valides.
Le premier, datant du 25 janvier 2012, autorisait le remblayage partiel de 2 marécages, représentant 17 075 mètres carrés sur une superficie totale de 23 823 m².
La seconde autorisation a, quant à elle, été délivrée le 26 juin 2013 et concernait le remblayage des 6748 m² non visés par le permis précédent.
Selon le Ministère, pour compenser ces pertes, la Ville aurait acquis et conservé le lot 1 176 230 situé dans le bois de l’Équerre. On aurait aussi procédé à la conservation d’une zone terrestre de 11 455,5 m² à proximité d’un milieu humide dans le Bois Papineau.
Permis de construction
Suivant la recommandation du Comité consultatif en urbanisme, le comité exécutif de la Ville a approuvé le 12 février 2020 le lotissement et la construction du projet immobilier.
Ainsi, le premier permis de construire a été délivré par le Service de l’urbanisme le 6 mai dernier, permettant la construction d’un bâtiment de 4 étages comprenant 24 logements dans la zone résidentielle R-1099.
En plus d’une hauteur minimale de quatre étages, «des normes spécifiques au stationnement et à l’aménagement paysager sont également exigées», affirme la Ville, en assurant que le projet a suivi la démarche d’approbation d’un plan relatif à l’implantation et l’intégration architecturale (PIIA), qui permet notamment une harmonisation des nouveaux bâtiments au cadre bâti existant.
«Je ne peux pas concevoir que des êtres humains autorisent une telle affaire, déplore Georges Pelletier, en marchant à travers ce qu’il considère être un « désastre ». C’est un des derniers milieux humides d’intérêt du centre-ville et on le détruit.»