Aux abords de la mosquée Masjid Al-Itissam du 600, boulevard des Laurentides, les réactions étaient empreintes de stupeur et d’incrédulité. Ce lieu de culte est l’un des plus importants de la région pour les musulmans. Le 30 janvier, à 13h, ils étaient une trentaine de personnes à prier.
«Cet attentat ne nous empêchera pas de venir prier», ont lancé trois fidèles interrogés par le Courrier Laval.
Le responsable de la mosquée, Jamal Boudaoud, croyait que le Québec était à l’abri d’attentat terroriste dans un lieu de culte. «Comme tout le monde, je suis sous le choc. Cet événement ne laisse personne dans l’indifférence», affirme-t-il.
Politiciens et médias montrés du doigt
M. Boudaoud ne mâche pas ses mots. Il jette le blâme sur les politiciens et les médias qui selon lui n’apaisent pas les choses. «Ils cautionnent souvent cette intolérance et ignorance, croit-il. On parle souvent de geste isolé. C’est faux», fustige-t-il.
Il soutient que les musulmans du Québec n’ont jamais cherché la confrontation. «Les gens sont très discrets, insiste-t-il. Ils font la prière et s’en vont chez eux. Ils ne font pas de bruit.
«Nous nous impliquons dans la communauté et nous avons une bonne collaboration avec les citoyens», poursuit-il.
M. Boudaoud ne pense pas que l’on doit retrouver des gardes armés à l’entrée des mosquées. «C’est certain qu’avant cet attentat à Québec, on se sentait en sécurité. Malheureusement, nous ne le sommes plus.»
Pour sa part, un autre fidèle, Salim, souhaite qu’un tel incident ne se reproduise plus. «C’est la consternation! C’est déplorable!», dit-il la gorge serrée.
«Ça aurait pu être moi»
Walid Elniz, lui aussi était présent à la prière sur le boulevard des Laurentides. Il a déjà prié à la mosquée de Sainte-Foy où s’est déroulé l’horreur. «J’étais là il y a un mois. Ça aurait pu être moi. Cet attentat m’a touché. Je ne pensais jamais qu’un tel événement se produirait au Québec, à Québec.»
Dévastée
Ines Sayadi, de Laval-des-Rapides, n’a pas dormi de la nuit. «Je suis dévastée, lance la jeune femme de 19 ans d’origine tunisienne. Je me sentais en sécurité ici au Québec. Je suis choquée, surprise. On ne s’attendait pas à ça.»
L’étudiante à l’Université d’Ottawa en administration publique et en droit fréquente la mosquée du boulevard Cartier, le Centre Aljisr. «Je ne vais pas arrêter d’aller à la mosquée, insiste-t-elle. Je vais être aux aguets. J’espère que je vais continuer encore à me sentir en sécurité.
«Ce geste terroriste est d’une rare violence, haineux, alimenter par l’ignorance. Et pourtant, on dit que les tueurs étaient des universitaires», ajoute-t-elle.
Carrefour d’Intercultures
Pour sa part, Carole Gervais, directrice par intérim du Carrefour d’Intercultures de Laval (CIL), trouve déplorable l’attentat perpétré dans une mosquée de Québec.
«On cible des personnes innocentes, mentionne-t-elle. Ces personnes étaient là pour pratiquer leur foi. C’est un assaut brutal!
«Je trouve dommageable cet acte. Nous ne sommes pas confrontés très souvent à ce genre d’événement au Québec. On ne s’attend pas à cela quelle que soit la religion», conclut-elle.
Enfin, Jamal Boudaoud a tenu à offrir ses plus sincères condoléances aux familles éprouvées. «Que la paix règne sur l’homme. J’espère que ça s’arrêtera là», mentionne celui qui souhaite un monde plus tolérant et compréhensif. «On doit laisser la religion et la politique de côté», termine-t-il.