Chez Hydro-Québec, la réponse à cette question est positive. À la grandeur du Québec, son programme a permis la récupération de 83 960 réfrigérateurs et congélateurs, ce qui correspond à 36,5% de l’objectif global prévu d’ici la fin 2010, qui est de 230 000.
Plus vieux, plus énergivore
L’âge moyen des appareils recueillis est de plus de 25 ans. Le programme vise d’ailleurs à faire la collecte des réfrigérateurs et congélateurs de plus de 10 ans, branchés et encore fonctionnels.
Or, un réfrigérateur de plus de 10 ans consomme en moyenne trois fois plus d’énergie qu’un modèle récent, évalue-t-on chez Hydro-Québec. La proportion est de deux pour un, dans le cas d’un vieux congélateur.
Le programme Recyc-frigo environnement prévoit, en plus d’une remise de 60$ pour les appareils récupérés à domicile, des rabais de 50$ et de 25$ applicables à l’achat d’un réfrigérateur ou d’un congélateur homologué Energy Star.
D’ici 2010, la société d’État compte générer des économies d’énergie d’environ 180 millions de kilowattheures, soit l’équivalent de la consommation annuelle résidentielle d’une ville comme Sept-Îles.
Matières nocives
Outre les bénéfices liés à l’efficacité énergétique, le programme permet de mettre hors d’état de nuire les matières nuisibles pour l’environnement qui sont contenues dans les vieux appareils de réfrigération.
Hydro-Québec s’engage à recycler à 95% les appareils, après les avoir démontés et en avoir extrait les matières dangereuses, selon des normes supérieures à celles du cadre réglementaire actuel.
Bravo pour le fréon
Cet aspect du programme est jugé très positif par le Front commun pour une gestion écologique des déchets (FCGED) et l’organisme Action Re-buts. L’élimination sécuritaire du fréon, «c’est un gros plus», commente Karel Ménard, directeur général du FCGED. Les nouveaux appareils ne sont pas pourvus de fréon, précise-t-il.
Le fréon, un gaz utilisé notamment dans les aérosols et dans les appareils de réfrigération, persiste dans l’atmosphère plus d’un siècle et est responsable de la destruction de la couche d’ozone.
Bilan final?
Mais au net, est-ce que les avantages du programme font plus que compenser l’augmentation des déchets générés par la mise au rebut accélérée d’un vieux frigo et l’achat d’un frigo neuf à l’espérance de vie moindre?
Pour en avoir le coeur net, il faudrait réaliser une analyse de cycle de vie complexe, répond Lysianne Panagis, coordonnatrice à Action Re-buts. «Un frigo neuf dure entre cinq et neuf ans», dit-elle. «Une vieille laveuse Inglis ou General Electric durait 25 ans. En remplaçant la courroie ou la pompe, elle faisait dix ans de plus», confiait un récupérateur d’expérience au Courrier Laval, l’année dernière.
Mais le cycle de vie ne se limite pas à la durée de vie utile d’un produit. Selon la définition d’Environnement Canada, il englobe toutes les étapes, depuis la production jusqu’à l’élimination, en passant par la fabrication, l’emballage, le transport, la consommation et le recyclage.
Une analyse complète du cycle de vie tient également compte de l’extraction et de la récolte des matières premières qui entrent dans la composition du produit.
Source: Utilisation de l’électricité dans le marché résidentiel-2006, Léger Marketing