(Dernière mise à jour: 30 août,9h25)
L’échiquier politique pourrait bien changer radicalement à Laval au lendemain du scrutin du 3 octobre prochain.
C’est du moins ce qui ressort des intentions de votes projetées pour chacune des six circonscriptions de la ville-région, mises à jour hier sur le site de l’agrégateur de sondages Qc125.
Au coup d’envoi de la campagne électorale, dimanche, la Coalition avenir Québec (CAQ) dominait les intentions dans cinq comtés sur six. Si les élections avaient eu lieu hier, seul le château-fort libéral aurait résisté à la vague caquiste.
Course à deux
À l’échelle régionale, la CAQ obtient 37 % des intentions contre 32 % pour les libéraux, laissant loin derrière Québec solidaire (QS) et le Parti conservateur du Québec (PCQ), ex-aequo à 11 %, et le Parti québécois (PQ) à 7 %.
À cinq semaines du scrutin, le «modèle statistique de projection électorale basé sur les tendances électorales, l’évolution démographique et les sondages politiques» laisse craindre le pire pour le Parti libéral du Québec (PLQ), qui règne sur la région depuis une vingtaine d’années. La formation de la cheffe Dominique Anglade serait à risque de perdre ses quatre comtés, considérant que Chomedey était représenté par l’ex-député indépendant Guy Ouellette depuis son expulsion du caucus libéral dans les jours suivant sa réélection en octobre 2018 pour bris de confiance.
Sainte-Rose, le comté le plus sûr
Toujours selon les projections de Qc125, le député sortant de la CAQ, Christopher Skeete, serait réélu aujourd’hui haut-la-main dans le comté de Sainte-Rose, où on le donne vainqueur à plus de 99,5 %.
Son adversaire libéral, Michel Trottier, ex-conseiller municipal, ancien chef de l’opposition à l’hôtel de ville de Laval et candidat à la mairie en 2021, récolterait 25 % des suffrages, 17 points derrière.
M. Trottier, qui fait campagne depuis le mois de mai, s’est dit surpris par ces projections qu’il prend toutefois avec un grain de sel. «Ce n’est pas ce que j’entends sur le terrain», là où «la réponse est très, très favorable», assure-t-il.
Présent et impliqué dans le comté depuis près d’une quinzaine d’années, le principal intéressé soutient que «l’effet Michel Trottier» va contribuer à déjouer les pronostics le jour du vote.
«On va regarder Monsieur Legault faire ses gaffes et ce sera tout à notre avantage», termine celui qui se dit confortable dans le rôle du «négligé» à 36 jours du scrutin.
Aux dernières élections, Christopher Skeete avait réussi à ravir aux libéraux le comté de Sainte-Rose avec quelque 37 % des suffrages, ce qui s’était traduit par une majorité de près de 2500 voix. Jusqu’au déclenchement des élections, il était adjoint parlementaire du premier ministre pour les relations avec les Québécois d’expression anglaise et adjoint parlementaire du ministre responsable de la Lutte contre le racisme.
Chomedey resterait libéral
Dans Chomedey, la probabilité que les libéraux remportent une 12e victoire en autant de campagnes électorales est actuellement estimée à 99 %, selon les estimations de Qc125.
Sona Lakhoyan Olivier, qui a gagné l’investiture libérale au 3e tour le 8 août dernier, obtiendrait 45 % des suffrages contre 29 % pour le candidat caquiste, George Platanitis. Ce dernier n’a d’ailleurs pas l’intention de s’arrêter à ces prédictions.
«Ça fait deux mois que je suis sur le terrain au contact des citoyens du comté. Je trouve que c’est un très bon accueil […] Je crois vraiment en mes chances de gagner le 3 octobre», a-t-il réagi par courriel, ajoutant que les chances pour sa vis-à-vis libérale de l’emporter étaient passées il n’y a pas si longtemps de «solide» à «probable».
À cet égard, le modèle statistique que l’on doit à Philippe J. Fournier, professeur de physique et d’astronomie au Cégep de Saint-Laurent, qualifie de «solide» les probabilités de victoire supérieures à 99,5 % et de «probable» celles estimées entre 90 % et 99,5 %.
«On a cinq semaines devant nous et je vais continuer de travailler extrêmement fort sur le terrain dans le but de remporter la victoire avec la CAQ», a terminé le candidat Platanitis, cadre supérieur à l’Association du transport aérien international (IATA).
Quant à Mme Lakhoyan Olivier, à l’emploi de Loto-Québec depuis plus de 25 ans, elle aspire succéder à Guy Ouellette à titre de députée de Chomedey à l’Assemblée nationale.
Député indépendant sortant, Guy Ouellette, qui a confirmé hier au Journal de Montréal qu’il ne solliciterait pas un 6e mandat, a décliné notre demande d’entrevue.
Laval-des-Rapides, comté baromètre
Seul député libéral sortant à solliciter un renouvellement de mandat à Laval, Saul Polo serait aussi emporté par la vague caquiste dans Laval-des-Rapides si les électeurs étaient appelés aux urnes aujourd’hui. Selon l’agrégateur de sondages Qc125, la candidate de la CAQ, Céline Haytayan, aurait eu 95 % des chances d’être élue.
Au 1er jour de la campagne, elle domine avec 36 % des intentions de vote, 10 points de pourcentage devant M. Polo, son plus proche rival.
Ce dernier a ainsi réagi par courriel: «Depuis huit ans, j’ai eu l’occasion de travailler sur de nombreux enjeux avec et pour la population de Laval-des-Rapides. J’ai confiance que nous ferons mentir ces prédictions à nouveau.» À ce propos, il rappelle sa réélection en 2018 malgré la «vague caquiste».
Soulignons que Laval-des-Rapides est un comté baromètre. À l’exception de 2018, les électeurs de l’endroit y ont toujours fait élire le candidat du parti qui allait former le gouvernement, et ce, à chacune des élections générales depuis la création du comté en 1980.
Élu une première fois en 2014 avec quelque 5000 voix de majorité, Saul Polo avait été réélu in extremis au dernier scrutin avec une avance d’à peine 300 votes sur la candidate caquiste. Ces dernières années, il était porte-parole de l’opposition officielle en matière d’immigration et de lois professionnelles.
Au sujet de Céline Haytayan, son adversaire caquiste, elle est responsable des affaires corporatives internationales chez Ubisoft depuis 2018. Son chef François Legault s’était déplacé à Laval, il y a trois semaines, pour dévoiler la candidature de Mme Haytayan aux médias, un atout important dans l’«équipe économique» de la CAQ, avait-il déclaré.
Mille-Îles
Dans Mille-Îles, la candidate caquiste Julie Séide serait en avance avec 39 % des intentions de vote, 8 points de pourcentage devant la libérale Virginie Dufour qui tentera de conserver le comté de l’est de Laval dans le giron du PLQ pour un 7e mandat consécutif.
Selon la lecture qu’en fait le site prévisionnel Qc125, les probabilités que la CAQ l’emporte le jour du vote sont de l’ordre de 88 % contre 12 % pour les libéraux.
Pas de surprise pour Mme Dufour, qui était très au fait de ces chiffres quand elle a pris la décision de se présenter sous la bannière libérale dans Mille-Îles, dit-elle, précisant que ces données sont publiées depuis 3 ans sur le site de l’agrégateur de sondages.
Elle invite d’ailleurs à la prudence, faisant valoir «la marge d’erreur énorme» de 6 à 8 % des projections et le fait que «les sondages nationaux n’ont pas été testés dans les comtés».
«Ils se sont trompés dans Vimont et Laval-des-Rapides, enchaîne-t-elle en évoquant le scrutin de 2018. Reste que cette année-là, les prédictions du modèle Qc125 s’étaient avérées dans 112 des 125 circonscriptions pour une moyenne d’efficacité de 90 %.
Ancienne conseillère municipale et membre du comité exécutif à la Ville de Laval, Virginie Dufour affirme qu’elle «rencontre énormément de gens» et que «la réception est très positive sur le terrain».
Rappelant sa victoire électorale de 2013 avec le Mouvement lavallois alors que peu de gens croyaient en ses chances, elle termine en disant que «ça se passe sur le terrain» et que «la réalité, c’est [de savoir] qui va sortir voter».
Candidate caquiste dans Mille-Îles, Julie Séide était conseillère politique du ministre de l’Environnement, ministre responsable de la Lutte contre le racisme et ministre responsable de la région de Laval, Benoît Charette. Elle en est à sa deuxième tentative avec la Coalition avenir Québec, elle qui avait terminé 2e en 2018 dans la circonscription Bourassa-Sauvé, un bastion libéral montréalais.
Toujours en 2018, l’ex-députée libérale de Mille-Îles, Francine Charbonneau, officiellement à la retraite depuis hier, avait vu sa majorité de près de 8200 voix – obtenue en 2014 – fondre à 1200 voix, chauffée par un ancien porte-couleur de la CAQ.
Vimont
Dans Vimont, circonscription libérale depuis 2003, les intentions de vote sont identiques à celles dans Mille-Îles (39 % pour la CAQ; 31 % pour le PLQ), ce qui porterait à 89 % les probabilités de victoire de la candidate caquiste Valérie Schmaltz.
Sa vis-à-vis libérale Anabella Monteiro refuse de se laisser distraire par les sondages, dont elle dit avoir «décroché depuis 2012» du temps où elle faisait campagne dans Vimont aux côtés de Jean Rousselle. Les sondeurs comptaient alors pour battu celui qui allait remporter le 1er de trois mandats successifs.
«J’ai dit à toutes les équipes « je ne veux pas entendre parler de sondages »», indique Mme Monteiro, qui a dirigé pendant 10 ans le bureau de circonscription et conseillé le député Rousselle, nouvellement retraité.
«Je travaille fort […] Je veux me concentrer sur le terrain», poursuit la candidate, précisant que son ancien patron avait également déjoué les sondages aux dernières élections. Cela dit, en 2018, la candidat caquiste avait mené une chaude lutte à Jean Rousselle, réduisant à moins de 600 voix son écrasante majorité de 9400 voix obtenue en 2014.
Actuellement en avance selon Qc125, l’aspirante députée caquiste dans Vimont, Valérie Schmaltz, est une ancienne journaliste de la presse régionale de la couronne nord, aujourd’hui responsable des communications pour la municipalité de Saint-Placide, localisée dans la MRC de Deux-Montagnes.
Fabre
Enfin, les électeurs du comté de Fabre seraient également «enclins» à donner leur appui à la CAQ, qui mène avec 39 % dans les intentions de vote contre 32 % pour le PLQ.
Si le vote avait eu lieu aujourd’hui, les chances pour la caquiste Alice Abou-Khalil de se faire élire aurait été de 87 %, selon le modèle statistique de la plateforme Qc125.
«Je fais du terrain depuis assez longtemps, c’est pas ce que j’entends, mais on s’entend que le vrai sondage va être le 3 octobre», fait valoir la candidate libérale, Sonia Baudelot.
À l’instar de sa collègue de Vimont, elle «ne regarde jamais les sondages», préférant de loin se fier à ce que les citoyens lui disent. «Ils sont tannés de l’inflation, de la hausse du coût de la vie. C’est pas normal qu’on doive choisir entre manger et payer son loyer», dit-elle, en espérant que les citoyens sortent voter le moment venu.
Directrice de vol pour le compte d’une grande compagnie aérienne, Sonia Baudelot est une habituée des élections, elle qui en est à sa 4e campagne. Ex-candidate à la mairie de Laval en 2017, Mme Baudelot avait fait le saut dans l’arène fédérale en 2019, où elle s’était présentée pour le Parti conservateur du Canada dans Marc-Aurèle-Fortin, terminant 3e avec 10 % des suffrages.
Quant à celle qui la devance dans les sondages, Alice Abou-Khalil, elle avait tenté sa chance en 2018 dans le bastion libéral de Chomedey, récoltant 26 % des votes qui lui avait valu le second rang derrière Guy Ouellette.
Ancienne présidente de la Coalition avenir Québec, Mme Abou-Khalil est entrepreneure et spécialiste en technologies de l’information et cybersécurité.
Pour en revenir au comté de Fabre que détient depuis 19 ans le PLQ, la majorité libérale avait aussi subi un dur coup aux élections de 2018, passant de 12 816 à 1607 voix. Au printemps dernier, la députée sortante Monique Sauvé avait annoncé qu’elle ne solliciterait pas de nouveau mandat.