Devant conjuguer à la fois avec une baisse dramatique de denrées disponibles et une hausse constante des demandes d’aide alimentaire, le Centre de bénévolat et moisson Laval (CBML) lance un appel à la population dont elle sollicite la contribution en cette période de crise du coronavirus.
Annoncée le 23 mars lors du point de presse quotidien du premier ministre François Legault, l’ordonnance de fermeture jusqu’au 14 avril de tous les commerces et entreprises n’offrant pas des produits et services jugés prioritaires ou essentiels a eu pour effet de précipiter au chômage des milliers de travailleurs lavallois.
Pointe de l’iceberg
Cette mesure draconienne n’a pas tardé à se faire sentir auprès de la banque alimentaire régionale.
«Les appels augmentent de plus en plus», constate le directeur général de l’organisme, Jean Gagnon.
Mercredi en fin de matinée, 120 familles avaient déjà passé leur commande, alors qu’en temps normal le Centre répond à une centaine de demandes par semaine.
Selon toute vraisemblance, cette hausse ne serait que la pointe de l’iceberg, considérant l’insécurité alimentaire qui guette près de la moitié des travailleurs locataires au pays. Ceux-ci n’ont pas suffisamment d’économies pour acquitter leurs factures au-delà d’un mois en cas de perte d’emploi, révèle une étude du Centre canadien de politiques alternatives (CCPA) rendue publique en début de semaine.
Baisses records
Depuis le décret de l’état d’urgence sanitaire il y a une douzaine de jours, le CBML a enregistré des baisses records en matière de cueillette de denrées à travers le Programme de récupération en supermarché (PRS), les marchés d’alimentation partenaires ayant été littéralement dévalisés par des consommateurs craignant une éventuelle pénurie alimentaire.
Résultat, le volume de denrées est passé de 8000 à seulement 1200 kg par semaine, un recul de 85 % par rapport aux récoltes habituelles. «On peut combler la demande maintenant, mais pas à long terme. On ne se donne pas un mois», explique la responsable des communications, Wazna Azem.
Aux grandes bannières IGA, METRO et Loblaw se greffent d’autres partenaires majeurs, souligne le directeur Jean Gagnon, dont les grandes surfaces Walmart et Costco, le Club des petits déjeuners et la Tablée des chefs.
Appel à tous
En cette situation de crise exceptionnelle, le Centre en appelle à la solidarité et la générosité des Lavallois.
«On espère que les gens seront sensibles à la cause», glisse Mme Azem tout en précisant que les denrées non périssables peuvent être déposées à l’entrepôt situé au 1870, rue Michelin dans le parc industriel Centre. Compte tenu des mesures sanitaires en vigueur, les donateurs sont priés de prendre rendez-vous au préalable en signalant le 450 681-6164. Une équipe peut également se déplacer pour faire la cueillette.
Pour les dons en argent, il est possible de procéder via le site web benevolatlaval.qc.ca.
Logistique révisée
Pandémie oblige, le Centre de de bénévolat et moisson Laval a dû modifier ses protocoles de distribution alimentaire.
Question de limiter la circulation dans l’entrepôt, les organismes lavallois accrédités commandent désormais en consultant l’inventaire disponible en ligne.
Toujours en prévention de la propagation du virus COVID-19, l’accès au comptoir alimentaire s’en trouve également limité. Les familles viennent récupérer leur commande sur rendez-vous après avoir préalablement fait connaître leurs besoins à des employés au bout du fil.
Quant à l’équipe affectée à la préparation des boîtes de denrées, elle a été réduite aux deux tiers, passant de 30 à 10 bénévoles par semaine.
Enfin, dans la foulée de la fermeture de 30 de ses 74 organismes bénéficiaires, la direction prévoit identifier de nouveaux points de chute dans les prochains jours afin d’éviter un trop grand achalandage à son entrepôt.