Dans un effort pour diminuer l’impact des inondations futures, le gouvernement caquiste a créé une zone d’intervention spéciale (ZIS) que des centaines de citoyens ont critiqué, la jugeant trop large.
«Je prends quelques instants pour m’excuser au nom du gouvernement pour tous les gens qui sont inclus dans une cartographie et qui ne devraient pas, a lancé d’entrée de jeu Marc Mongeon, conseiller en aménagement du territoire au ministère des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH) lors d’une période de questions citoyennes. Je comprends qu’on ne peut pas récupérer le temps à l’intérieur duquel vous avez vécu de l’anxiété.»
Près de 250 Lavallois s’étaient déplacé, le 4 juillet, pour une rencontre d’information organisée par le MAMH. Les quartiers les plus touchés sont Saint-Vincent-de-Paul, Laval-les-Îles, Laval-Ouest et Laval-sur-le-Lac.
Pour le résident de Laval-sur-le-Lac Elie Chakieh, les dirigeants font une grave erreur d’interprétation. «La ZIS couvre l’ensemble du secteur, pourtant aucune maison n’a été inondée en 2019, a-t-il plaidé. Vous mélangez les maisons et les terrains. Jamais les demeures n’ont été touchées. Vous empêchez les citoyens d’améliorer leur propriété, principalement ceux à 800 ou 900 pieds de la rivière.»
«Mes voisins et moi sommes décrétés inondables, a renchéri Sophie Lépine, qui habite près du barrage électrique de la rivière des Prairies. Ma maison est à 41 mètres au-dessus de la rivière, alors que des condominiums au bord de l’eau n’en font pas partie.»
Territoire touché
En plus de compiler les secteurs à 5 % de possibilité d’inondation (zones inondables 0-20 ans), la carte tient en compte les domiciles inondés en 2017 et 2019.
«Il y a un effet de gel qui s’applique depuis que le projet de décret a été pris, a affirmé M. Mongeon. Toute construction, transformation, addition et décoration nouvelle serait interdites, de même que toute nouvelle application seule sauf en ce qui concerne les usages agricoles.»
Il ajoute cependant qu’un second décret a été mis en place par le gouvernement provincial pour autoriser certains travaux de réparation, entretien et modernisation des bâtiments existants sans agrandissement.
«Pourquoi avoir déposé une carte avec tant d’erreurs? Comment puis-je m’assurer d’être écoutée?»
– Sophie Lépine, citoyenne de Saint-Vincent-de-Paul
Bien que le décret soit adopté à la mi-juillet, accompagné d’une carte modifiée, les citoyens peuvent envoyer leurs commentaires au Ministère jusqu’au lundi 19 août en écrivant au zis2019@mamh.gouv.qc.ca.
«Le projet d’intervention spéciale, son objectif était de réagir un événement, de prévoir une règlementation particulière à l’intérieur d’une zone qui a été touchée, a raconté M. Mongeon tout en indiquant que des centaines de personnes travaillent de concert pour améliorer la situation. C’est un moratoire en vue d’une solution plus durable.»
Le décret nommé Déclaration d’une zone d’intervention spéciale afin de favoriser une meilleure gestion des zones inondables touche 812 municipalités dans la province.
Ville de Laval
Quand des Lavallois ont demandé au maire Marc Demers une meilleure représentation auprès du gouvernement provincial, celui-ci a affirmé qu’une rencontre a été faite le 28 juin lors de laquelle une carte révisée par la Ville a été remise.
«Soyez assurés que si on n’avait pas eu le sentiment de convaincre le gouvernement sur le faux pas, on aurait monté aux barricades comme on l’a fait en 2014.»
Il a également souligné que le dialogue est bon et que le MAMH avait confirmé avoir reçu le message.