Une équipe multidisciplinaire de l’Université Laval a réalisé une étude sur les croyances sous-jacentes à l’adoption de comportements d’adaptation individuelle aux inondations qui augmentent en fréquence et en sévérité.
En collaboration avec l’Institut national de santé publique du Québec, l’équipe s’est intéressée aux motivations et barrières qui favorisent ou freinent les citoyennes et citoyens dans leur adaptation. Parmi les comportements d’adaptation étudiés, on retrouve la surélévation des fondations, le remplacement d’un revêtement comme du tapis par de la céramique, ou l’installation d’un clapet antiretour.
«Il faut développer des messages pour changer les croyances des gens, mais c’est difficile, souligne Pierre Valois, professeur à la Faculté des sciences de l’éducation et directeur de l’Observatoire québécois de l’adaptation aux changements climatiques qui a dirigé l’étude, par communiqué. Même si les gens savent que ne rien faire peut être négatif, ils ne passent pas de l’intention à l’action.»
Des messages bâtis selon les croyances
Selon les chercheurs, les interventions de santé publique seraient plus efficaces si elles étaient conçues pour renforcer les croyances positives et contrer les croyances négatives. Trois types principaux ont été identifiés lors de la réalisation d’un sondage auprès de 763 propriétaires de résidence près de zones inondables.
Le premier type concerne les croyances comportementales qui pèsent les avantages et les inconvénients à se protéger. Cela passe par la conservation de la valeur de la maison, ainsi que le maintien de la santé physique et mentale. En cas de bénéfices, les chercheurs constataient une attitude positive face à l’adaptation.
Les croyances normatives se basent plutôt sur les perceptions d’un individu face à ce que des référents importants, comme la famille, les voisins ou les gens qui ont vécu des inondations, pensent qu’il devrait faire pour se protéger.
«Des messages de sensibilisation du public présentant des témoignages de personnes qui sont passés par ce type de catastrophe, ou des interventions de voisins, de membres de la famille et d’amis pourraient favoriser l’adaptation», rapporte Johann Jacob, professionnel de recherche à la Faculté des sciences de l’éducation et premier auteur de l’article, par communiqué.
Un soutien social faisait également partie des éléments motivateurs. « L’idée d’avoir une communauté ou des intervenants qui accompagne les individus dans leur adaptation pourrait être une bonne piste », insiste-t-il.
Le troisième type de croyances est lié aux barrières. Celles-ci regroupent autant des contraintes monétaires, physiques, ou réglementaires. Pour M. Jacob, un constat particulièrement intéressant est ressorti de cette croyance : l’argent n’était pas le principal facteur.
«Les efforts et la complexité de l’adaptation jouaient un rôle important dans l’adoption ou non d’un comportement, précise-t-il. Dans les messages, c’est donc important de rendre moins complexe le fait de s’adapter et de démystifier les actions.»
Selon M. Valois, rendre les informations plus conviviales pourrait diminuer la complexité des actions, pour les cartes de régions inondables et les guides sur la marche à suivre avant, pendant et après une inondation, par exemple. (N.P.)