Espace Montmorency disposera finalement de 1400 cases de stationnement en souterrain, ont annoncé les promoteurs lors du lancement des travaux le 11 juin.
De quoi surprendre les 233 résidents avoisinants qui, à cinq jours du Réveillon de Noël en 2017, un jour de tempête, s’étaient déplacés à l’hôtel de ville pour signer le registre, faisant ainsi obstacle au projet de règlement L-2001-3736 qui visait à réduire à 1805 le nombre de cases de stationnement exigé dans le quadrilatère le plus chaud de Laval. Le projet d’amendement est mort dans l’œuf.
Dix-huit mois plus tard, la Ville avalise un projet présentant, selon toute vraisemblance, un déficit estimé à quelque 800 cases de stationnement. Soulevée auprès des autorités municipales lors du dévoilement, la question demeure pour l’instant sans réponse.
Ventilation
Depuis le lancement des travaux, la Ville n’est pas en mesure de ventiler les 1400 cases selon les usages autorisés, à savoir les 700 unités d’habitation, 350 000 pieds carrés d’espace de bureaux, 150 000 pieds carrés d’espace commercial et 180 chambres d’hôtel.
«Vos questions comportent beaucoup de recherches ce qui explique nos délais afin de vous répondre. Cela pourrait prendre encore quelques jours», nous courriellait le 13 juin la responsable des affaires publiques au Service des communications et du marketing de la Ville, Anne-Marie Braconnier.
Selon la réglementation municipale, le volet résidentiel devrait accaparer 926 espaces de stationnement, soit 2 cases sur 3. Cette estimation est basée sur les ratios de case de stationnement par unité d’habitation en vigueur sur le territoire, selon qu’il s’agisse de logements familiaux ou destinés aux aînés.
Il resterait ainsi 474 cases pour le reste du projet, lequel sera directement relié au réseau souterrain montréalais via la station terminale Montmorency. Le transport en commun, nommément le réseau d’autobus de la STL, sera évidemment mis à contribution pour en faciliter l’accès aux 3200 personnes qui y travailleront dans les commerces et bureaux d’affaires de même qu’aux clients et visiteurs qui convergeront vers le nouveau centre-ville.
Grande inconnue
Le règlement municipal et ses exigences en matière de stationnement visant le quadrilatère Montmorency suscitent la controverse depuis deux ans.
En décembre 2017, dans une campagne de mobilisation citoyenne, les opposants au changement de zonage – avec à leur tête l’ex-conseiller municipal Pierre Anthian – avaient distribué un tract où l’on chiffrait à 800 cases le manque à gagner qu’entraînerait la dérogation que souhaitait alors faire adopter la Ville.
Celle-ci avait répliqué au moyen d’une infolettre, le 18 décembre 2017: «[…] c’est faux. Le projet Espace Montmorency ajoutera 1805 nouvelles cases de stationnement au centre-ville. Le nombre de cases de stationnement a été déterminé en fonction des besoins de ce nouveau projet».
Le jour même, la veille de la procédure d’enregistrement à l’hôtel de ville, les procureurs des développeurs du projet expédiaient une mise en demeure à M. Anthian, démentant à leur tour l’information. «En fait, le chiffre est considérablement moins élevé», écrivaient-ils sans plus de détails.
Enfin, deux semaines plus tôt, en séance du conseil municipal, le maire Marc Demers avait ainsi justifié la révision à la baisse du nombre d’espaces de stationnement projetée: «Il serait aberrant de dire à un promoteur « tu vas construire 400 stationnements qu’on pense que tu n’auras jamais besoin »».
Coûts
Précisons qu’aménager des stationnements en souterrain est une affaire de gros sous.
À quelque 40 000 $ la case, les 1400 espaces annoncés sous Espace Montmorency devraient nécessiter un déboursé de 56 M$, soit l’équivalent de 12 % de la valeur totale de ce projet estimé à 450 M$.
Or, pour un stationnement de 1800, 2200 ou 2600 cases en sous-sol, il en aurait coûté aux promoteurs respectivement 72 M$, 88 M$ ou 104 M$.