Le temps est compté pour le comité de citoyens récemment formé pour protéger l’écosystème du ruisseau Barbe, menacé par un important projet de développement dans Fabreville.
Le sursis de trois mois dont il disposait au printemps grâce à la période de nidification touche à sa fin, la levée de l’interdiction d’abattage d’arbres étant prévue pour le début du mois d’août.
À la dernière séance du conseil, la porte-parole du comité, Diane Labelle, a questionné le maire Stéphane Boyer quant aux actions en cours. «Je ne veux pas trop m’avancer sur la place publique, mais soyez assurée qu’on regarde toutes les options possibles», a réitéré l’élu en rappelant que la Ville avait été mise en demeure par le promoteur.
«Évidemment, j’aurais aimé que Québec joue son rôle [et] qu’il n’émette jamais le permis», a enchaîné le maire.
Milieux humides remblayés
En fait, le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques a délivré, l’an dernier, un certificat d’autorisation en vertu de l’article 22 de la Loi sur la qualité de l’environnement, pavant ainsi la voie à l’implantation de deux industries dans un «milieu humide d’intérêt» en bordure de l’autoroute 13, tout juste au nord de l’autoroute 440.
Résultat, une superficie de 6,8 hectares de milieux humides sera remblayée et minéralisée; une perte nette équivalant à 10 terrains de soccer.
Depuis 2020, ces éponges naturelles étaient pourtant identifiées au Règlement de contrôle intérimaire (RCI) assurant la protection et la conservation des milieux humides d’intérêt sur le territoire lavallois.
Milieu d’exception
Dans le présent dossier, la Ville est en contact avec le Conseil régional de l’environnement (CRE) de Laval avec qui elle «échange des informations», a mentionné Stéphane Boyer, qui souhaite toujours protéger la forêt du ruisseau Barbe.
Biologiste au CRE, Alexandre Choquet ne s’est pas gêné pour dénoncer l’ingérence du Ministère qui «autorise la destruction d’un vaste écosystème exceptionnel» dûment protégé par la Ville.
Outre des espèces menacées, l’écosystème du ruisseau Barbe abrite, entre autres, un des plus vastes marécages de l’île Jésus, la dernière grande prucheraie de Laval et une érablière à sucre, a fait valoir l’environnementaliste.
Toujours selon M. Choquet, le dernier grand milieu naturel de Fabreville est exempt de nerprun cathartique, cette espèce exotique envahissante dont les conséquences peuvent être dévastatrices.
Au sujet du ruisseau, il souligne qu’il est «alimenté par les eaux pluviales [et] traverse une très vieille forêt qu’il inonde au printemps sur plusieurs hectares; c’est d’ailleurs le seul tronçon du parcours du ruisseau qui n’est pas canalisé, le seul endroit où le ruisseau peu déborder dans un grand marécage au lieu d’obstruer nos canalisations qui mènent à la station [d’épuration] de Fabreville.».
Enjeu électoral
Hier, le candidat libéral du comté, Michel Trottier, en faisait un enjeu électoral.
L’aspirant député de la circonscription de Sainte-Rose interpelle le ministre de l’Environnement et ministre responsable de Laval, Benoît Charette, à qui il demande d’intervenir pendant qu’il est encore temps.
«En cette période où tous les experts expriment haut et fort l’importance de la protection des milieux naturels, il est incompréhensible et irresponsable de voir un gouvernement venir contrecarrer les actions d’une Ville qui désire protéger ses milieux humides», écrit M. Trottier dans un communiqué publié le 21 juillet.
Pétition
En ligne depuis la mi-juin sur la plateforme change.org, la pétition visant à protéger la forêt du ruisseau Barbe et ses services écosystémiques a amassé à ce jour quelque 1500 signatures.