Face à la vague publicitaire faisant la promotion des programmes d’hypothèques inversées, les organismes lavallois souhaitent faire entendre leur voix et mettre en garde le public, et plus particulièrement les aînés.
Ainsi, tous s’unissent à déconseiller ce type de produit financier qui, selon eux, engendre des risques d’endettement majeurs.
Le principe
Parmi les programmes visés, le Programme de revenu résidentiel CHIP, administré par la Banque HomEquity et qui propose d’obtenir un important montant en argent, très rapidement.
«C’est comme convertir une partie de la valeur de notre maison en argent», explique Sylvain Théberge, porte-parole de l’Autorité des Marchés Financiers.
Une avance d’argent permise sous certaines conditions, dont celle d’avoir 60 ans et plus et d’avoir payé son bien à 100 %.
Puisque la somme allouée peut aller jusqu’à 50 % de la valeur de la propriété à concurrence de 500 000 $, cette solution est envisagée lorsque la nécessité d’argent se fait sentir pour «aider financièrement un proche ou faire un gros achat, comme un bateau, par exemple», poursuit le porte-parole.
Une souplesse risquée
Mais le plus gros point noir de ces programmes demeure dans le fait qu’ils n’exigent aucun remboursement, que ce soit mensuellement ou même annuellement.
«C’est sûr que c’est plus souple qu’une marge de crédit hypothécaire, car on peut augmenter notre style de vie rapidement, concède M. Théberge. Mais s’il n’y a pas une rigueur et qu’on ne paye pas les intérêts, on peut les accumuler. Et le danger est de laisser aux héritiers une hypothèque élevée.»
Une hypothèque plus élevée ou même l’équivalent de la valeur de la maison, prévient Philippe Viel, responsable des communications à l’Union des consommateurs. «En plus des intérêts, il faut considérer tous les frais nécessaires pour l’obtention de ce prêt, faire évaluer la maison, résilier l’ancienne hypothèque, [considérer] les frais d’avocat, de notaire, administratifs et en plus, continuer à payer les taxes municipales, l’eau..»
D’autres options
Pour les organismes de défense de droits des aînés, le marché des produits financiers offre d’autres possibilités, bien moins risquées.
«Il faut d’abord s’informer et vérifier s’il n’y a pas d’autres options, croit Diane Richard, coordonnatrice à l’AQDR Laval. C’est vraiment un dernier recours ou pour quelqu’un qui n’a pas d’héritier. La seule fois où j’ai vu que ça pouvait fonctionner, c’est pour une personne seule, sans héritier et à qui il restait six mois à vivre.»
Un avis partagé par la Table régionale de concertation des aînés de Laval. «Il faut faire attention, car il y a d’autres outils qui sont moins coûteux. Ce n’est pas forcément avantageux pour les aînés. On suggère fortement aux gens de se renseigner», ajoute la coordonnatrice de la Table, Corinne Favier.
Enfin, l’accessibilité du programme inquiète Gilles Fournier, président de DIRA Laval, qui voit dans cette formule une arnaque pure et simple.
«Depuis les trois dernières années, on a régulièrement des demandes ou des personnes mal prises. L’an passé, ils [l’entreprise qui vend le programme] ont fait signer un homme de 72 ans, qui était à l’hôpital, sous morphine et qui avait besoin d’argent pour sa femme, malade. On a réussi à faire invalider le contrat, car la maison était au nom de sa conjointe, mais je trouve cela triste qu’ils profitent de gens avec un problème médical grave», conclut-il.
Selon nos informations, le programme CHIP très populaire aux États-Unis le serait bien moins au Québec, même s’il existe depuis 1986.