Il en fera l’annonce officielle lors de la prochaine séance du conseil de ville, le 7 septembre. Voilà ce qu’il déclarait en entrevue au Courrier Laval, le mercredi 1er septembre.
Transfert à Montréal-Est
«Nous allons transférer le projet à Montréal-Est», là où l’entreprise exploite une autre usine, assure M. Black, qui dit ne pas avoir de temps à perdre avec des empêcheurs de tourner en rond. «J’ai eu assez de « bullshit »; j’ai pas besoin de ça dans la vie».
Une volte-face qui fait suite, notamment, à un tract distribué, au début du mois d’août, aux portes des maisons avoisinant l’usine, implantée depuis plus de 30 ans dans le quartier Saint-François.
Ce document anonyme suspectait l’avènement de nouvelles activités industrielles sur le site, liées au «traitement chimique» des matières non recyclables recrachées par un déchiqueteur capable d’avaler 250 tonnes d’acier à l’heure.
Au cours des cinq dernières semaines, SNF LP a reçu la visite d’un inspecteur du Service de l’urbanisme en plus d’avoir été l’objet de deux inspections du ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs. Le 29 juillet, la Ville émettait à l’entreprise un avis d’infraction pour avoir débuté des travaux de construction sans autorisation, bien qu’une demande de permis ait dûment été déposée en ce sens le 8 juin. La requête en question visait alors la construction d’un bâtiment de tri de métaux non ferreux.
Un voisin inquiet
L’ex-propriétaire de l’usine, qui a vendu à Herbert Black en 2007, était particulièrement inquiet quant à la nature du projet d’agrandissement.
Dans une lettre datée du 19 août, adressée au directeur du Service de l’urbanisme dont le Courrier Laval a obtenu copie, Jean-Guy Hamelin évoque l’implantation d’une possible «usine pétrochimique et/ou de transformation de caoutchouc et de plastique en pétrole».
Selon des informations qu’il dit tenir d’anciens employés, le projet entraînerait l’importation à Laval de résidus de déchiquetage aux fins de production de pétrole.
Foutaise, lance Herbert Black, assurant que son projet d’agrandissement consistait essentiellement en l’amélioration du procédé de séparation à sec des matières résiduelles.
Si M. Black a fait le choix de réaliser son expansion ailleurs qu’à Laval, cela n’a rien à voir avec la réglementation municipale et provinciale, soutient-il, mais tout à voir avec l’obstruction exercée par M. Hamelin et ses «lettres anonymes». «Dites à M. Hamelin de se mêler de ses affaires et de continuer à couper des arbres», lance un Herbert Black excédé. Ce dernier réfère au déboisement illégal auquel M. Hamelin s’était prêté, à l’automne 2009, sur une superficie équivalant à 24 terrains de football au nord-est de la montée Masson et de la rue Boisclerc.
Pas en compétition
Rejoint plus tôt dans la journée pour connaître les motifs justifiant son intervention auprès de la Ville, Jean-Guy Hamelin cherche à en avoir le cœur net, dit-il.
«On pense à un développement important à la nouvelle jonction [des autoroutes] 25-440; on veut être au courant», dit celui qui détient des terrains d’une superficie couvrant 2,5 millions de pieds carrés sur la terre avoisinant l’usine de M. Black.
Par ailleurs, M. Hamelin nie catégoriquement l’information à l’effet qu’il projetait investir dans la valorisation des résidus de carcasses d’automobiles déchiquetées. «Je lui ai vendu la business. On n’est plus compétiteur; je ne suis plus dans ce domaine là», fait valoir le président de Développement Industriel Laval inc., qui envisage construire pas moins de 25 bâtiments industriels. À cet égard, un premier bâtiment de 45 000 pieds carrés pourrait être mis en chantier dès l’automne.
Des questions
Cela dit, Jean-Guy Hamelin demandait à la Ville de «vérifier l’état et l’évolution» de l’expansion de l’usine SNF.
Il réclamait aussi des «réponses claires et précises», à savoir entre autres si le zonage actuel AC-137 permet l’exploitation d’une usine pétrochimique utilisant des résidus non recyclables. «Si la Ville de Laval et le MDDEP disent que c’est bon et que tout est prévu pour qu’il n’y ait pas de conséquence, moi je n’ai pas de problème.»
Parmi la liste de questions, deux interpellaient directement le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, qui figure en copie conforme de sa lettre du 19 août. «Compte tenu de sa classification règlementaire, est-il légal d’importer du FLUFF [résidus non recyclables de déchiquetage de carcasses d’automobile] au Québec?» «Notre réglementation interdit l’importation de ces matières aux fins d’élimination, donc pour l’enfouissement ou l’élimination par incinération. Par contre, elle ne l’interdit pas aux fins de valorisation et de transformation», précise Brigitte Bérubé.
Directrice adjointe pour les activités d’analyse liées aux demandes de certificat d’autorisation pour Montréal et Laval au MDDEP, Mme Bérubé soulignait également que le ministère vérifie et s’assure de «la conformité aux lois et règlements et que seules les activités dûment autorisées» s’y déroulent.
Réaction à la Ville
En réaction à la lettre adressée au directeur du Service de l’urbanisme, le porte-parole de la Ville, Marc Laforge, s’était limité à dire, le 27 août, qu’on allait «répondre directement à M. Hamelin et non par le biais d’un journal». Au cabinet du maire, le 2 septembre, on s’est aussi bien gardé de commenter la toute récente décision de M. Black de retirer ses billes et d’investir à Montréal-Est plutôt que sur son site, à Laval. «Nous, on aide tous les entrepreneurs qui veulent s’implanter à Laval. Les règles sont claires et les mêmes pour tout le monde. Faut que ce soit fait dans les règles», a résumé l’attaché de presse au bureau du maire, Jean-Maurice Duddin.