La Direction de santé publique du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Laval a diffusé, le 16 mai, les données obtenues lors de la troisième Enquête québécoise sur la santé de la population.
Celle-ci a été réalisée auprès de 1750 Lavallois âgés de 15 ans et plus en 2020-2021. Elle porte sur divers aspects, que ce soit la santé corporelle, les habitudes de consommation ou l’état psychologique des citoyens.
Poids et santé
Les données obtenues ont démontré que 61,7% des Lavallois sont en surplus de poids selon l’indice de masse corporelle, ce qui représente une hausse de 3,9 points par rapport au bilan précédent de 2014-2015. Les données provinciales s’élèvent plutôt à 59,3%.
Plus précisément, 37,8% des Lavallois seraient en embonpoint, tandis que 24% présenteraient de l’obésité.
«Il y a eu une diminution de certaines pratiques durant deux ans, mais on ne devient pas obèse du jour au lendemain, précise Sylvio Manfredi, assistant-directeur du volet promotion-prévention et développement des communautés au CISSS de Laval. […] Il faut aussi comprendre que l’embonpoint ou le surpoids ne veut pas dire que les gens ne sont pas en santé. Pour l’évaluer, il faudrait plutôt regarder la condition physique.»
M. Manfredi ne jette ainsi pas tout le blâme sur la hausse de sédentarité causée par la pandémie de la COVID-19.
«C’est une tendance depuis plus de 20 ans à Laval, assure-t-il. L’aménagement du territoire est un élément très important. Pour faire des courses ou aller à l’école, les gens utilisent la voiture plutôt qu’un mode de déplacement actif. On voit une volonté de changement dans la politique de Laval depuis 10 à 15 ans, mais les résultats seront à long terme.»
Santé psychologique
40,4% des répondants lavallois ont affirmé vivre de la détresse psychologique élevée. Il s’agit d’une augmentation de 8,9 points. Déjà, le pourcentage était passé de 24,5% à 31,5% entre les résultats de 2008 et 2014-2015. La courbe de progression de l’ensemble du Québec suit celle de Laval, pointant désormais à 38,7%.
Céline Dufour, coordonnatrice professionnelle de l’équipe de surveillance de l’état de santé de la population et vigie de la Direction de santé publique de Laval, avoue son étonnement.
«Il y avait eu un bond tellement grand la dernière fois que je ne pensais pas que ça se poursuive, explique-t-elle. Malgré tout, ça demeure comparable à l’ensemble du Québec. La pandémie a peut-être teinté les données, mais seule la prochaine étude nous le dira.»
«La pandémie a causé de l’isolement social, poursuit Sylvio Manfredi. On le voit particulièrement chez les personnes âgées et les jeunes qui ont perdu un contact avec leurs pairs.»
Plusieurs mesures ont été mises en place pour tenter d’atténuer la situation. Le CISSS de Laval a notamment créé des brigades qui font du porte-à-porte pour s’informer sur la santé psychologique des citoyens.
Pour Alexandre St-Denis, adjoint au directeur du volet protection et surveillance de l’état de santé à la Direction de santé publique de Laval, les employeurs devront aussi faire leur part pour aider la population.
«Au CISSS de Laval, nous avons maintenant un réseau qui s’appelle les Veilleurs, note-t-il. Ce sont des personnes formées et identifiées pour apporter du soutien à leurs collègues. On va en entendre de plus en plus parler, car ces stratégies deviennent obligatoires pour les employeurs.»
Alcool, tabac et sexualité
Les Lavallois consomment moins d’alcool que la moyenne provinciale. Au cours des 12 derniers mois, 73,1% de la population de l’île Jésus en a consommé, contre 79,3% pour l’ensemble du Québec.
On constate aussi qu’une proportion moins élevée de Lavallois (14,5%) a consommé des drogues que pour toute la province (19,2%).
À l’inverse, les Lavallois (15,1%) se rapprochent de la proportion provinciale (15,4%) de fumeurs actuels de cigarettes, et ce, malgré une baisse de 2,9 points par rapport à 2014-2015.
«La cigarette électronique prend une place plus importante aujourd’hui, soutient Céline Dufour. Chez les jeunes de 15 à 19 ans, 18% l’utilisent. C’est une nouvelle donnée qu’on ne peut pas comparer pour l’instant, mais cette situation sera à suivre avec attention.»
Du côté de la sexualité, peu de changements ont été constatés. On note tout de même une baisse de 6,1 points de pourcentage de la proportion d’hommes actifs sexuellement ayant utilisé un moyen contraceptif au cours des 12 derniers mois. Selon Mme Dufour, cette diminution peut s’expliquer par une mauvaise interprétation de la question qui incluait aussi l’utilisation d’un moyen contraceptif par le ou la partenaire.
Par ailleurs, diverses campagnes ralenties par la pandémie ont repris dans les milieux scolaires pour sensibiliser les jeunes.
«La campagne Risque stupide est provocante pour les jeunes du secondaire et cégep. Elle vise la promotion du port du condom et de se faire dépister contre les infections transmissibles sexuellement même sans symptôme. Chaque école secondaire de Laval compte sur une infirmière qui peut dépister les élèves», complète Alexandre St-Denis.