La Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) a partagé son 19e bilan annuel, révélant ainsi une hausse des signalements de 20,9% à Laval, comparativement à l’année précédente.
Dans son compte rendu 2021-2022, la DPJ a traité 132 632 signalements, dont 4731 situations provenaient du territoire lavallois.
En revanche, ce ne sont que 43,9% d’entre eux qui ont été retenus à Laval, un pourcentage tout de même plus élevé que celui dans le reste du Québec, où l’on atteint 33%.
Jean-François Payette, directeur de la protection de la jeunesse au Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Laval, se montre plutôt rassurant malgré la flambée de signalements.
«On prévoyait une hausse, et on s’attend à une augmentation continuelle jusqu’en 2030 puisque la démographie lavalloise est très dynamique, précise M. Payette. Il y a également plus de jeunes familles qui viennent s’installer sur le territoire.»
Ce dernier ajoute que le système de traitement des signalements sur l’île Jésus est en équilibre avec une soixantaine de dossiers en attente classés non prioritaires.
«Nous sommes l’une des régions les plus choyées quant au fait d’être en contrôle avec notre liste d’attente, et ce, depuis plus de deux ans, souligne celui qui travaille pour le CISSS de Laval depuis plus de huit ans. Ça demande énormément de stratégies pour être en mesure de le faire, mais jusqu’à maintenant, on y parvient assez bien.»
Une augmentation des signalements avec un taux de rétention ayant légèrement baissé voudrait signifier, selon M. Payette, que les Lavallois sont sensibilisés aux abus et à la négligence.
De plus, les services de proximité contribueraient en grande partie au faible taux de rétention de la DPJ.
Ces services permettent de clore le dossier à la DPJ des familles adhérant à recevoir de l’aide. Ceci entraîne donc le traitement rapide de leur situation, tout comme l’évitement de procédures douloureuses.
Sources multiples
Jean-François Payette mentionne que la grande année de pandémie, qui est la référence au présent bilan, a engendré une forte diminution de la volumétrie de signalement.
«Les enfants et adolescents étaient plus isolés et avec les confinements, ils n’allaient pas nécessairement à l’école, explique celui-ci. La baisse de signalement n’est pas nécessairement une bonne nouvelle. Ça veut dire que les yeux ne sont plus autant sur nos petits à ce moment-là. Donc, certaines situations d’enfant se sont peut-être détériorées.»
Du moment où le tout est revenu à un semblant de normalité, les citoyens ont appelé davantage pour signaler des constats d’abus et de maltraitance, clarifie-t-il.
Les incidences psychologiques des dernières années de pandémie seraient aussi une des causes de la recrudescence des cas déclarés.
Le CISSS de Laval a également constaté un boom de violence conjugale, enregistrant des chiffres se rapprochant de ceux pour de la violence corporelle (716 signalements retenus) et de la négligence (506 signalements retenus).
Délinquance
Le 19e bilan montre aussi que 514 jeunes lavallois ont eu recours à la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents (LSJPA).
Ce nombre indique une légère augmentation d’évaluation sous la Loi, soit dans le but d’effectuer une recommandation au Tribunal.
«Si on le décortique davantage, le nombre total d’adolescents ayant commis des délits graves et nécessitant une mise sous garde s’élève à 14, mentionne Jean-François Payette. On observe une croissance de la violence dans les 14 à 25 ans, surtout associée aux gangs de rue. La criminalité inclut aussi les vols à l’étalage, donc il faut faire une distinction.»
Néanmoins, les jeunes se sont moins retrouvés en groupe pendant la dernière année. Ceci aurait généré une faible diminution de mineurs ayant été vus pour la LSJPA.
Notons que la majorité des adolescents ayant reçu des sanctions extrajudiciaires, comme des travaux communautaires, ne reviendra plus dans le système de la DPJ.
Manque de main-d’œuvre
La pénurie de main-d’œuvre est aussi vrai pour la protection de la jeunesse que partout ailleurs.
«Ceci n’a pas d’impact, ou très peu, sur le traitement des appels, dit Jean-François Payette, avec confiance. Toutes les situations qui nécessitent une intervention immédiate sont examinées en temps réel.»
Pour combler le manque criant d’intervenants, ce dernier et son équipe ont décidé de concentrer leurs efforts sur la formation de stagiaires.
En septembre, pas moins de 12 étudiants réaliseront un stage à la DPJ au service de l’orientation et l’évaluation des dossiers. Il y en aura d’autres dans différents départements également.
C’est l’une des façons d’attirer des personnes qui s’intéresseront à la protection de la jeunesse et seront spécialisées en terminant leurs études.
«On croit beaucoup à la jeune main-d’œuvre, affirme M. Payette. Nous allons chercher des étudiants en deuxième année de formation afin qu’ils prêtent main-forte à nos professionnels dans certaines interventions. On s’adapte à leur réalité d’études et cela leur permet de vivre l’expérience terrain tout en étudiant.»
Nonobstant les nombreux cégeps et universités à proximité, les CISSS voisins cherchent tous les mêmes professionnels.