N’en déplaise aux élus de l’opposition qui ont tous voté contre, le conseil municipal a autorisé le 7 mars des crédits au montant de 3 396 000 dollars relatifs aux travaux de conception-construction du complexe aquatique.
Plus de la moitié de ces «crédits supplémentaires» serviront à bonifier le système de chauffage pour le bâtiment, les bassins et l’eau domestique, lequel système passera en mode biénergie. À l’origine, le chauffage devait être alimenté exclusivement au gaz naturel.
Réduction des GES
«Ça va nous permettre de réduire de 90 % nos émissions de gaz à effet de serre», a fait valoir le maire Stéphane Boyer. En privilégiant l’électricité comme principale source d’énergie, la production annuelle des GES passerait ainsi de 620 à quelque 60 tonnes, estime la Ville qui souhaite réduire son empreinte environnementale.
Pour M. Boyer, il ne faut pas voir cette nouvelle facture comme un dépassement de coût, mais plutôt comme un investissement dans l’assainissement de l’air. «C’est nous qui avons décidé de modifier le projet en cours de route», a-t-il soutenu, précisant que cette décision s’inscrivait dans le cadre de la nouvelle Politique écoresponsable des bâtiments municipaux.
«On aurait dû y penser avant […] La lutte contre les changements climatiques et le gaz à effet de serre, ça n’a pas commencé en février 2022», a raillé le chef intérimaire de Parti Laval, Claude Larochelle, en évoquant la date d’octroi du contrat de conception-construction au Groupe Pomerleau.
Une demande de subvention a été soumise au ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCC) dans la foulée du Plan pour une économie verte 2030.
Transfert budgétaire
Des 3,4 M$ fraîchement virés pour le projet du complexe aquatique, une somme de 865 000 $ financera l’ajout d’équipements liés à des systèmes de chronométrage, de publidiffusion et de sonorisation. Il s’agit ici d’un «transfert budgétaire», a expliqué le maire, mentionnant que cette enveloppe avait était budgétée au Plan triennal d’immobilisation (PTI) pour le Service de la culture, des loisirs et du développement social.
M. Boyer répondait ainsi aux élus Claude Larochelle (Fabreville), David De Cotis (Saint-Bruno) et Paolo Galati (Saint-Vincent-de-Paul), qui affirmaient que «le projet clé en main» ne devait pas excéder les 125 M$.
648 000 $
«L’augmentation réelle par rapport à ce qui était prévu, c’est 650 000 $», a tenu à nuancer le premier magistrat de Laval.
Selon Stéphane Boyer, à peine 20 % des 3,4 M$ peut être attribuable à un «réel» dépassement de coûts alors que 648 000 dollars sont réinjectés aux fins d’«ajustements mécaniques» et pour l’ajout d’un diffuseur de bulles sous le tremplin de 3m.
Cela représente moins d’un pour cent (1 %) du budget global, minimise le maire.
Puits sans fond
Le Parti Laval qualifie de «puits sans fond» ce projet de construction qui devait initialement coûter 61 M$ en 2018.
«Malgré la promesse du maire Boyer d’un projet clé en main de 125M$, on se retrouve encore avec des extras et un autre grand projet mal planifié, déclarait M. Larochelle dans un communiqué publié dans les heures suivant l’adoption du règlement. Des dépenses non prévues, il ne devrait plus y en avoir à ce point-ci».
Sa collègue Louise Lortie, conseillère dans Marc-Aurèle-Fortin, en rajoute: «En plus des systèmes mécaniques à modifier, on sait maintenant que certaines pièces d’équipements ne faisaient pas partie de l’enveloppe initiale et seraient financées par un autre Service que celui des Grands projets […] Combien d’autres millions de dépenses ne sont pas inclus dans les 125 M$ ? Cette manie de cacher les choses, c’est une constance de l’administration Boyer que nous continuerons de dénoncer.»
Avancement des travaux
Dans un sommaire décisionnel transmis le mois dernier au comité exécutif, le Bureau de réalisation de projets indique que le complexe aquatique «avance à grand pas», estimant l’avancement du chantier à 40 %.
Dans les mois qui ont suivi la reprise du chantier à l’été 2022, la Ville soulignait que si tout allait comme prévu, cet équipement de pointe qui jouxte le Cosmodôme pourrait être inauguré à la fin de l’année 2024.
Rappelons qu’en raison de soumissions jugées trop élevées en 2018, l’administration Demers-Boyer avait annulé l’appel d’offres et mis en veilleuse le projet de complexe aquatique… jusqu’à sa relance l’été dernier.