Après avoir tenu ces propos, Georges (nom fictif) fond en larmes. Depuis plusieurs minutes, Georges et ses collègues, responsables de l’entretien et de la maintenance au CHSLD Rose-de-Lima, racontent leur dégoût face à la détérioration de leur climat de travail.
En janvier, l’un de leurs collègues a déposé une plainte pour harcèlement psychologique contre leur supérieur immédiat. Par la suite, ils ont déposé une pétition dénonçant «le climat de travail insupportable et intolérable». Dans la pétition, ils affirmaient «se sentir épiés, harcelés et divisés», depuis l’entrée en poste de ce gestionnaire.
Relocalisé
Au moment de la rencontre, leur indignation portait sur la décision du Centre de santé et de services sociaux (CSSS) de Laval de relocaliser le gestionnaire dans un autre CHSLD de la région.
Le psychologue chargé de faire enquête et, dont le rapport a été remis au début du mois de mai, reconnaît que le plaignant a été victime de harcèlement psychologique.
Mathieu Vachon, porte-parole du CSSS, indique que les recommandations du psychologue ne comprenaient pas le renvoi du gestionnaire en question. «Il y avait un malaise dans l’équipe. Rien ne demandait de le retirer, mais pour que le milieu retrouve une certaine harmonie et pour supporter le gestionnaire, son patron a décidé de le retirer de son milieu pour deux ans», rapporte M. Vachon.
Le gestionnaire supervisera des travaux qui seront réalisés dans un autre établissement du CSSS. Il n’aura pas de contact hiérarchique avec des employés du CSSS, note Mathieu Vachon qui ajoute que le gestionnaire bénéficiera de coaching durant cette période.
Provocation
Rencontrés au lendemain de l’annonce de ce transfert, les employés étaient sous le choc. Après une semaine de vacances, et avant de débuter dans ses nouvelles fonctions, le gestionnaire a travaillé quatre jours à l’établissement de Sainte-Rose. «On nous a dit que si on n’était pas capable de travailler avec lui, on avait qu’à prendre des jours sans solde», rapporte l’un des employés.
«C’est de la provocation, estime Thérèse Martin, présidente par intérim du Syndicat des travailleurs et travailleuses du CSSS Laval. Pour quatre jours, la direction aurait pu s’arranger pour que le gestionnaire ne voit pas les travailleurs.»
Les employés soulignent que le fait d’avoir vu la santé de leur collègue qui a porté plainte se détériorer les a affectés. «Ça nous mine, on y pense avant de s’endormir», dit l’un d’eux. «On est dans un centre de santé, comment on peut prendre soin adéquatement des gens quand les employés sont en détresse», se demande Mme Martin.