À ce jour, la moitié de ces milieux sensibles ont fait l’objet d’une vaste étude de caractérisation selon une méthodologie basée sur des indicateurs physiques, chimiques et biologiques. En clair, cela a permis de dresser un portrait complet de l’état de santé en matière d’habitat fluvial, de qualité de l’eau et de biodiversité des ruisseaux Papineau-Lavoie, Champagne, Gascon, de la Pinière, Sainte-Rose, Vivian et Paradis.
Avancée scientifique
Parmi les partenaires qui ont contribué à rendre possible cette opération estimée à quelque 250 000 $, le CRE souligne, entre autres, l’aide technique et l’expertise de la professeure Beatrix Beisner et du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP).
Professeure titulaire au Département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et directrice du Groupe de Recherche Interuniversitaire en Limnologie et en environnement aquatique, Mme Beisner est associée au projet depuis la première heure.
Elle reconnaît que les recherches ont notamment permis d’élargir le champ des connaissances scientifiques sur les milieux aquatiques à celles en milieux urbains, jusqu’ici peu étudiés.
Depuis, neuf étudiants de premier et deuxième cycles ont travaillé à mieux comprendre la dynamique écologique des ruisseaux urbains sous différents aspects.
«Mme Beisner va présenter le projet avec ses étudiants à l’Institut des sciences de l’environnement de l’UQAM et dans l’État du Nouveau-Mexique», fait valoir fièrement Guy Garand.
Nomination
Le projet Ruisseaux urbains de Laval a d’ailleurs valu à son promoteur d’être en nomination à la Cérémonie des distinctions que le Réseau Environnement tiendra, le 16 mars, dans le cadre du Salon des technologies environnementales du Québec.
Le CRE de Laval est finaliste dans la catégorie Diversité biologique, lequel honore une personne, une municipalité, une institution ou une entreprise dont la contribution à la protection et à la mise en valeur de la biodiversité est jugée «remarquable».
Chaînon manquant
Guy Garand émet le souhait que son projet d’étude s’étende sur l’ensemble du territoire de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) et qu’en découle une protection et une restauration de ces milieux fragilisés.
Il veut surtout démontrer l’importance d’intégrer les cours d’eau urbains dans les schémas d’aménagement des villes, considérant que les ruisseaux sont le chaînon manquant de ces planifications territoriales, estime-t-il.
«On parle de protéger les forêts, les milieux humides, mais jamais parle-t-on des ruisseaux, déplore M. Garand. Pourtant, ils permettent de gérer les eaux de pluie, prévenir les surverses, maintenir la biodiversité, lutter contre les îlots de chaleur. Il faut les protéger.»
Milieux à protéger
De l’avis du directeur régional de la gestion de la faune au MFFP, Pierre Bilodeau, ce projet – dans lequel le Ministère est impliqué depuis le début – met en évidence l’importance de la protection et de la restauration de ces habitats.
«Les ruisseaux et petits cours d’eau urbains et agricoles contribuent de façon importante à l’écosystème des rivières des Prairies, des Mille Îles et du fleuve Saint-Laurent. Leur productivité permettra de maintenir et d’accroître les stocks de poisson et la biodiversité aquatique régionale.»
Du côté de la Ville de Laval, qui a contribué au financement des travaux réalisés en 2014, on abonde dans le même sens.
«Les ruisseaux, tout comme les milieux naturels lavallois, exercent des rôles fondamentaux dont toute la population lavalloise tire avantage», indique la responsable des dossiers environnementaux au comité exécutif, Virginie Dufour, notant au passage que l’île Jésus est sillonnée par plus de 250 kilomètres de cours d’eau intérieurs.
Cela dit, le projet de caractérisation des cours d’eau demeure pour le moment sur la glace, le CRE de Laval étant toujours à la recherche de financement pour la poursuite de ces travaux en 2016.