Soumis à un barrage de questions au dernier conseil municipal, le maire Stéphane Boyer a dû à nouveau défendre son projet de Grande bibliothèque qui s’érigera sur le terrain jouxtant la pavillon de l’Université de Montréal tout juste en face du Collège Montmorency.
À la différence que cette fois-ci, ce sont des citoyens du secteur qui sont montés au créneau. Vingt-et-un d’entre eux se sont fait entendre, essentiellement des résidents des tours d’habitation Urbania situées à un jet de pierre du site. Tous s’opposent à ce projet de construction estimé à quelque 150 M$, réclamant plutôt l’aménagement d’un parc public dans ce secteur fortement minéralisé.
Quelques commentaires
Maria Angeles Ducos y voit une contradiction avec le nouveau règlement – adopté le soir même – qui taxe les surfaces pavées du centre-ville pour inciter les propriétaires à verdir leur aire de stationnement, l’objectif étant de diminuer les îlots de chaleur, réduire le ruissellement des eaux de pluie et, du coup, alléger la pression sur les infrastructures municipales.
Josianne Sabelli a pour sa part évoqué un gaspillage de fonds publics, considérant que les résidents du centre-ville de Laval se trouvent «à 21 minutes et 14 stations de métro» de la Grande Bibliothèque du Québec, à Montréal. «Pourquoi faire un tel doublon sur une si courte distance?»
«Ce qui manque dans notre coin, ce n’est pas des bibliothèques, mais bien de la verdure», a fait valoir Isabelle Roy. Louis Charbonneau a renchéri, rappelant la présence des bibliothèques de l’UdeM et du cégep qui voisinent avec le site situé «au cœur d’une mer s’asphalte et de béton». De son côté, Jacques Vinet a demandé au maire s’il était prêt à consulter les résidents du secteur avant de pousser plus loin le projet.
Ces intervenants avaient été sensibilisés par l’ex-conseiller municipal de Laval-des-Rapides, Pierre Anthian, qui fut le premier à prendre la parole à la période de questions citoyennes.
Bientôt en appel d’offres
En réplique, Stéphane Boyer a réaffirmé la pertinence de cette infrastructure culturelle qui figurait dans la plateforme électorale de son parti lors de la dernière campagne.
Cet équipement, qui abritera une bibliothèque centrale et un Centre de création et de diffusion artistique professionnelle, est le fruit d’un projet porté depuis bientôt 10 ans par une quinzaine d’organismes locaux qui y logeront, a tenu à préciser le maire.
«On est sur le point de lancer les appels d’offres», a-t-il continué, soulignant que les projets d’envergure ne peuvent pas plaire à tout le monde.
À ce jour, la Ville est toujours en discussion avec Québec, dont l’aide financière attendue du ministère de la Culture et des Communications est de l’ordre de 44 M$. Selon nos informations, la Ville songerait à lancer un concours d’architecture comme elle l’avait fait pour le complexe aquatique en 2016.
Projets de parc
Par ailleurs, le maire Boyer a indiqué que son administration nourrissait des projets de parcs au centre-ville «beaucoup plus ambitieux» que le terrain vacant dont il est ici question.
Selon le nouveau Code de l’urbanisme, au moment de redévelopper leur terrain, les grands propriétaires d’espaces commerciaux devront céder des terrains à la Ville qui y aménagera des parcs urbains.
«Je sais que ça peut sembler lointain aujourd’hui, mais je vous rassure. Il y a plusieurs propriétaires qui en ce moment élaborent des projets pour se redévelopper», a indiqué le premier magistrat.
«Crime comme l’urbanité»
Le chef intérimaire de Parti Laval, Claude Larochelle, s’est rangé du côté des résidents du centre-ville, affirmant que la Ville s’apprête à sacrifier leur qualité de vie pour ériger un autre monument de béton sur le dernier terrain vague de ce quadrilatère extrêmement urbanisé.
«C’est un crime contre l’urbanité, a-t-il déclaré par voie de communiqué. L’administration Boyer est en train de construire un immense îlot de chaleur au centre-ville. C’est un grand espace vert que les citoyennes et citoyens réclament, mais malheureusement personne ne les a consultés avant de prendre la décision de construire cet immense bâtiment de 150 M$».