Publiés dans le journal local depuis 60 ans, les avis publics de la Ville de Laval en sont officiellement retirés; ils seront désormais exclusivement mis en ligne sur le site de la ville.
Un vote majoritaire à 14 voix contre 5 à la dernière assemblée municipale a scellé le débat au terme de 20 minutes d’échanges.
Ces avis, qui coûtaient bon an mal an 100 000 dollars par année à la Ville, informent les citoyens de décisions municipales, notamment celles liées au processus d’adoption des règlements et de la procédure d’approbation référendaire dans le cas d’un changement de zonage.
Les temps changent, a fait valoir le maire Stéphane Boyer en évoquant l’obligation qu’avaient les Villes de publier ces avis dans un média local depuis 1964. « C’était la façon de communiquer à l’époque. Aujourd’hui, avec Internet, on n’a plus besoin de passer par un média imprimé pour communiquer.»
Par souci de transparence, M. Boyer a indiqué que la Ville verrait à publier des encadrés dans le Courrier Laval afin de rediriger les citoyens intéressés vers le site web de la municipalité.
Impact direct
Les élus de l’opposition ont vivement contesté cette recommandation de l’administration Boyer.
«On ne parle pas de sommes énormes pour la Ville, mais de sommes énormes qui peuvent faire la différence pour les médias locaux», a mentionné le conseiller de Fabreville et leader de Parti Laval, Claude Larochelle.
Cent mille dollars sur un budget de 1,2 milliard, c’est négligeable, a rajouté la conseillère d’Action Laval dans Saint-François, Isabelle Piché. «Cette décision va avoir un impact direct sur le seul média francophone local qui est encore imprimé à Laval», a-t-elle déploré tout en rappelant la crise qui fragilise toujours les médias d’information et l’étiolement de la démocratie locale avec un taux de participation anémique de 28 % aux dernières élections municipales à Laval.
«Nous mettons en péril un média local, a renchéri son collègue du district Saint-Bruno, David De Cotis, qui propose de «discuter des moyens pour soutenir nos médias locaux et non leur nuire». D’entrée de jeu, l’élu avait évoqué les nombreux hebdomadaires qui ont mis la clé sous la porte ces dernières années devant la concurrence déloyale des géants numériques.
Conseillère dans Marc-Aurèle-Fortin, Louise Lortie a quant à elle soulevé le fait que la Ville maintienne dans le journal la publication des appels d’offres pour les entrepreneurs, mais qu’elle «n’a pas la décence» de faire de même pour les avis publics. «C’est comme un non-sens. Je ne peux pas comprendre qu’on ne [fasse] pas tout pour permettre aux citoyens de s’informer.»
À ce propos, Claude Larochelle a cité le Centre d’études sur les médias, selon lequel une personne sur cinq (21 %) parmi celles qui consultent régulièrement des contenus de la presse quotidienne en semaine ne lisaient que les versions imprimées de ces publications en 2023.
Budget marketing fortement bonifié
Le maire s’est défendu d’abandonner la presse locale en pleine crise des médias, affirmant avoir presque triplé le budget marketing depuis son élection à la mairie. Les investissements publicitaires dans le Courrier devraient atteindre les 200 000 $ en 2025, a-t-il dit.
«Avant, on mettait beaucoup d’argent dans les avis publics qui étaient peu lus; maintenant, on en met plus dans des campagnes qui informent de ce qui se passe dans la ville», a indiqué Stéphane Boyer.
Sa collègue du comité exécutif Christine Poirier a soutenu que Laval est «une des seules Villes à avoir mis en place un plan d’aide à nos médias pour aider la transformation numérique».
En retirant ses avis publics de l’hebdomadaire régional, Laval emboîte le pas à Gatineau, Terrebonne, Saint-sur-Richelieu, Québec et plusieurs autres villes de plus petites tailles, a mentionné Mme Poirier.
L’information, un bien public
La Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC-CSN), qui avait fortement réagi la semaine dernière à l’annonce du retrait des avis publics dans les pages du Courrier Laval, invite les Lavallois concernés par l’avenir des médias à prendre part à une discussion qu’elle tiendra le lundi 24 février à 14h au Cosmodôme.
Ce rendez-vous s’inscrit dans le cadre de la tournée québécoise sur le thème L’information, un bien public, portant sur l’importance de l’information locale, régionale et nationale et de la mise en place de solutions pérennes «afin de sauvegarder ce bien commun actuellement en grand danger».
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