Josée Blanchard, présidente locale APTS au Centre de santé et de services sociaux (CSSS) de Laval, accompagnée de Lyne Lemelin, responsable politique pour la région de Laval, et Lyne Bellemare, travailleuse sociale au soutien à domicile pour les personnes âgées en perte d’autonomie, sont passées à son bureau en matinée, juste avant de rencontrer les médias.
Elles lui ont dressé un portrait de la réalité à laquelle les professionnels sont confrontés depuis les compressions de 12 M$ imposées par le gouvernement pour 2014-2015 au CSSS de Laval.
«Elle a été à l’écoute et réceptive, mais elle ne s’est pas prononcée et n’a ni commenté ce qu’on lui rapportait», témoigne Lyne Lemelin.
Vers une grève?
Même si les travailleurs ont manifesté depuis l’été dernier et ont clamé haut et fort l’impact de ces compressions sur leur travail et la clientèle, ils continuent à interpeler les membres du gouvernement en rappelant qu’en 4 ans, ce n’est pas moins de 20 M$ qui ont été coupés dans l’ensemble du réseau du CSSS de Laval.
Les porte-parole des postes professionnelles et techniques, comprenant, entre autres, des physiothérapeutes, ergothérapeutes, orthophonistes, audiologistes, psychoéducateurs, psychologues ou technologues en imagerie médicale affirment que la grève légale est une option, au même titre que d’autres moyens de pression.
Elles dénoncent ce «service à deux vitesses» et disent référer leur clientèle au système privé et aux organismes communautaires, déjà financièrement précaires, et censés offrir des services complémentaires.
«Des gens, notamment des personnes âgées, peuvent attendre huit mois, même un an, pour obtenir des services dont dépendent leur bien-être et leur dignité, dénonce Lyne Bellemare. On les réfère nous-mêmes au privé pour qu’ils puissent les avoir.»
Santé mentale
Elles témoignent également d’une diminution de moitié des suivis de première ligne pour les personnes vivant avec un problème de santé mentale et risquant de se suicider, rapporte-t-on.
«Il y a un conflit d’intérêts entre notre code de déontologie, l’ordre professionnelle et l’employeur, qui coupe de moitié les services, ajoute Mme Bellemare. Ça crée une grande pression sur les employés. Le côté préventif est diminué au profit du curatif.»
De plus, les travailleurs doivent justifier leurs décisions cliniques à l’employeur, par exemple, lorsqu’un patient nécessite davantage de séances d’aide psychologique que le nombre fixé à 12.
«En retirant à la population des services de premières ligne, de prévention, de soutien à domicile, de suivi en santé mentale, le gouvernement va à l’encontre de l’avis des experts des systèmes de santé et des cliniciens qui réitèrent que c’est en investissant à ce niveau que l’on parvient, à terme, à réduire les coûts», affirme la responsable politique.
L’APTS fait partie de la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics, composée de 85 groupes sociaux de divers horizons, ayant initié la Semaine nationale d’actions dérangeantes, commençant le 23 février.