La réduction de 45 % des horaires de la Société de transport de Laval (STL) occasionne des problèmes d’entassement de plusieurs usagers au sein d’un même véhicule de transport, ce qui ne permet pas de respecter la demande gouvernementale de tenir une distance de deux mètres entre chaque personne.
«La diminution du service a eu pour effet d’allonger l’écart entre les voyages, explique un chauffeur de la STL préférant garder l’anonymat. Des circuits restent très occupés, surtout en heures de pointe, même en cette période de crise. Il y a des gens du milieu de la santé et travailleurs essentiels du secteur industriel. Les gens s’entassent encore.»
Il ajoute que les chauffeurs ont reçu la consigne de mentionner toute situation où 15 à 20 usagers se retrouvent en même temps dans l’autobus.
Cela permettrait d’évaluer la situation et possiblement ajouter une seconde partie à celui-ci. «Entre le moment où le chauffeur le mentionne à son superviseur et celui où la STL prend la décision, il peut se passer quelques heures, voire plusieurs jours», poursuit-il.
Pour l’instant, le Syndicat des chauffeurs de la Société de transport de Laval ne prend pas position dans ce dossier. On lui aurait indiqué que les chauffeurs ne sont «pas là pour jouer à la police.»
À titre de rappel, l’organisme public avait annoncé la modification de ses horaires le 27 mars. Celle-ci s’expliquait par une baisse d’achalandage observée de 75 % sur l’ensemble du réseau.
Mesures prises
Devant cette situation, la STL réplique que plusieurs mesures sont prises pour réduire le risque de propagation de la COVID-19. «Chaque jour, nos équipes de gestion modifient l’horaire en ajoutant certaines récurrences de voyage», soutient la porte-parole Estelle Lacroix.
Elle mentionne qu’un bouton est mis à la disposition des chauffeurs pour leur permettre d’alerter leur superviseur d’un nombre élevé de passagers à bord. On tente ensuite d’offrir rapidement un véhicule avec une seconde partie, permettant une meilleure distanciation entre les passagers.
Les chauffeurs sont aussi impliqués dans le processus. Selon Mme Lacroix, un suivi a lieu lors des situations problématiques. «Nous avons des discussions pour savoir comment le trajet s’est déroulé tout en nous fiant au compteur de passagers.»
Les superviseurs présents dans les terminus encouragent aussi les usagers à prendre un prochain autobus qui peut être ajouté à l’horaire pour réduire le nombre de passagers par véhicule de transport.
«Il y a environ 1700 à 1750 voyages par jour, poursuit la porte-parole. Aucun d’entre eux ne transporte plus de 25 passagers et une quinzaine d’autobus par jour nécessitent une réduction du nombre, ce qui correspond à moins de 1 % des trajets.»
Ce chiffre n’est toutefois pas considéré satisfaisant. La STL aimerait avoir moitié moins d’usagers dans les trajets jugés problématiques.
De son côté, le Syndicat des chauffeurs de la STL n’a pas retourné nos appels pour commenter la situation.
Sécurité
Parmi les autres mesures mises en place par la STL, notons le nettoyage des autobus dans des délais inférieurs à 24 heures.
Le nettoyage concerne toutes les surfaces dures fréquemment touchées par les clients. On pense notamment aux mains courantes, poteaux et barres d’appui, sangles et courroies, rebords intérieurs des sièges, poignées pour ouvrir les fenêtres, câbles et boutons de demande d’arrêt, cloisons, ainsi que la porte d’en arrière.
Les mesures touchent également les installations, soit les terminus et le siège social. En plus du renforçage du nettoyage quotidien, la STL a mis en place un marquage au sol dans les files d’attentes pour respecter les deux mètres de distance. L’argent comptant n’est plus accepté, et ce, même dans les machines distributrices du réseau.
Au début de la crise, la STL avait déjà mentionné l’obligation d’embarquer dans ses autobus par la porte arrière à l’exception des personnes en fauteuil roulant ou à mobilité réduite. Des rubans ont aussi été installés à l’avant des bus pour isoler les chauffeurs.