L’éthique: un thème appelé à résonner encore, en 2012, dans le monde municipal. Le 1er Rendez-vous de la Ligue d’action civique (LDAC), qui se tenait le 12 novembre au pavillon lavallois de l’Université de Montréal, a rassemblé une centaine de personnes préoccupées par la question. Derrière le mot en vogue se cache la résistance opiniâtre de citoyens, d’élus et, de façon plus sourde, de fonctionnaires, à Sainte-Julienne, Trois-Rivières, Montréal, Sainte-Thérèse, Mascouche, Laval. Première partie d’un reportage sur cet événement.
«Se tenir debout, ça coûte cher», dit Danielle Bédard, avocate et fondatrice de l’Alliance des citoyens de Sainte-Julienne. Mme Bédard faisait partie d’un panel de citoyens vigilants qui ont levé le voile sur les réalités de différentes localités, ponctuées d’histoires d’horreur, à l’occasion du 1er Rendez-vous de la LDAC. Engagés, parfois à leurs risques et périls.
Harcelée et agressée
Danielle Bédard s’établit sur une terre en 2002. Aussitôt, son esprit critique l’amène à constater de nombreuses irrégularités dans l’administration de sa nouvelle municipalité. «On me reprochait de transgresser des règlements municipaux.» Elle demande une copie des règlements, essuie des refus.
Peu de temps après, des méfaits sont commis sur sa propriété «par des gens du milieu municipal». Combative, elle commence à assister aux séances publiques du conseil de ville.
Le bal des poursuites commence. Puis le harcèlement psychologique et les agressions physiques, contre elle et son mari. «J’ai dû changer mon fils d’école. J’ai beau être forte, je suis tombée à genoux.»
Son parti n’a pas réussi à déloger le maire, Marcel Jetté, en 2009. Mais «la marche vers une politique plus éthique est irréversible», estime Danielle Bédard.
Poursuivi en diffamation
Jean-Daniel Cossette a lui aussi goûté à la médecine d’une machine municipale déchaînée contre un de ses citoyens. Résident de Mascouche, photographe aérien, il a monté au créneau contre l’administration en place, quand elle a annoncé la vente au privé d’un aéroport établi au début des années 2000 sur un terrain gouvernemental.
«Ma lutte m’a coûté cher», admet M. Cossette, qui a critiqué cette décision et a rendu publique son opposition dans d’autres dossiers sur Internet. «On m’a attaqué en diffamation. Un huissier est venu chez moi. Je devais retirer mes commentaires en ligne.»
Un quotidien montréalais s’est mêlé à l’affaire, soulignant que la Ville tentait de museler un de ses citoyens avec l’argent des taxes. M. Cossette et son avocat ont gagné la bataille.
Mais son indignation contre «les conseils municipaux opaques» est toujours aussi aiguë. «Il est normal que le citoyen soit au courant. On a des questions de société à se poser. Nos affaires ne doivent pas être gérées par des gens qui ne le méritent pas.»
Réveil lavallois
À Laval, un réveil politique notable s’est produit en novembre 2009. Si le Parti au service du citoyen (PSC) et le Mouvement lavallois (ML) n’ont pas réussi à faire élire de candidats, les séances publiques du conseil sont plus animées depuis.
«Il faut travailler sur la participation aux élections. Le désintéressement des citoyens fait l’affaire des élus», a dit Souad Siala, présidente du PSC, qui a offert une allocution longue et terne devant les participants du 1er Rendez-vous.
«Quand les partis politiques vont présenter des projets rassembleurs, des projets concrets et une connaissance du territoire, peut-être que les gens vont se déplacer au conseil municipal», a commenté le directeur du Conseil régional de l’environnement (CRE) de Laval, Guy Garand.
«Je ne sais pas où était M. Garand, mais notre programme électoral [de 2009] était très complet», a répondu M. Bordeleau.
De son côté, le président du ML, David De Cotis, a livré une présentation autour de la question: «Est-il exagéré de qualifier Laval de monarchie?». À partir d’exemples tirés de l’actualité récente (Carré Laval, Fonds de recherche et de secrétariat), M. De Cotis a répondu par l’affirmative à sa propre question.