À l’origine de la destruction de 15 000 m2 de milieux humides à Fabreville: un problème récurrent d’inondations sur les terrains des résidents du secteur de la rue des Charmes, causées par des barrages de Castor. Alain Riou, sergent au Service de protection de la faune (SPF), explique comment s’y prendre, pour éliminer la nuisance des castors, sans chambouler la nature.
«La Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune permet de tuer ou de capturer un animal qui cause des dommages, dit-il. Mais elle est muette sur les moyens à emprunter.»
Au ministère des Ressources naturelles et de la Faune, dont le SPV relève, on prône une gradation d’interventions, avant d’en arriver à la solution finale.
Concilier
«La première approche est de concilier l’habitat humain et l’habitat du castor et de voir quelles solutions mettre de l’avant pour empêcher le castor de causer des dommages.»
M. Riou donne l’exemple d’arbres ravagés par l’animal sur des propriétés privées, qui peuvent être simplement protégés par un treillis métallique.
Des ponts ou des ponceaux peuvent également être sauvegardés par des barrages installés en amont, afin d’inciter les castors à ériger leur habitat à cet endroit, plutôt que sous les structures.
Système ingénieux
Quand les barrages de castors provoquent des inondations, l’intervention peut être faite directement dans le cours d’eau.
«On y va avec un système de tuyaux installés dans une boîte métallique, en amont du barrage», afin de rétablir l’écoulement de l’eau.
L’installation est difficile d’accès pour le castor, qui cherchera à faire monter l’eau à nouveau. Afin de faire diversion, «on crée une légère brèche dans le barrage. Le castor va colmater cette brèche», mais laissera le système en place.
Démantèlement
«Si cela ne fonctionne pas, on peut démanteler» le barrage, poursuit Alain Riou. Mais dans ce cas, il faut un permis, et on conseille de procéder par étapes, sur plusieurs heures ou plusieurs jours, afin de ne pas causer une débâcle subite, qui peut lessiver les terrains du voisinage, souligne le sergent.
Chose importante: il s’agit ensuite de capturer les castors, qui autrement reconstruiront leur ouvrage à la première occasion. Une précaution qui n’a pas été prise, dans le cadre de l’intervention, rue des Charmes.
La capture peut être autorisée, dans des cas semblables, en dehors de la saison de trappe, soit du 25 octobre au 1er avril, pour la région de Laval. «Mais ce qu’on dit aux municipalités, c’est de mandater un spécialiste afin de faire l’inventaire de la population des castors sur leur territoire, et d’ensuite embaucher un trappeur, pendant la saison.»