Alors que le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Laval se dit prêt à gérer les cas d’intoxication au cannabis, plusieurs regroupements ont partagé leur inquiétude et espoir face à la légalisation de la marijuana récréative.
«Même si le cannabis vient d’être légalisé, il y avait tout de même des patients qui arrivaient intoxiqués dans les points de service de santé, commente Pierre-Yves Séguin, conseiller cadre aux communications et relations publiques du CISSS. Nous allons continuer à assurer les soins de tous.»
Il ajoute que le CISSS de Laval ne s’attend pas nécessairement à une augmentation drastique de patients intoxiqués.
D’ici la publication d’une position officielle détaillée dans les prochaines semaines, leur ligne directrice est simple. «Les employés ne pourront consommer avant et pendant leur horaire de travail», résume-t-il.
Risque alimentaire
Le Conseil de la transformation alimentaire du Québec (CTAQ) est préoccupé par l’ajout des produits comestibles incluant le cannabis comme ingrédient et souhaite que le gouvernement active rapidement le processus de consultation afin d’encadrer la fabrication de cette nourriture.
Via communiqué, celui-ci a insisté pour que l’industrie soit sollicitée dans l’identification des paramètres qui définiront le cadre législatif, prévu d’ici un an par le gouvernement, dans lequel se fera la fabrication de denrées comestibles au cannabis.
«L’approche concertée est plus que nécessaire afin de se préparer à l’ouverture du marché», a précisé Sylvie Cloutier, présidente-directrice générale du CTAQ.
Espoir de recherche
La Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) reconnait que cet événement représente une grande occasion pour le Canada de se hisser au rang de chef de file mondial en matière de recherche dans ce domaine, considérant que 40 % des Canadiens affirment avoir déjà consommé du cannabis.
Selon la CSMC, la légalisation du cannabis offre l’occasion d’initier une bonne sensibilisation du public et d’élaborer des politiques fondées sur des données probantes.
Elle se réjouit de coordonner un investissement de 10 M $ alloués par le fédéral afin d’étudier l’incidence de l’usage du cannabis sur la santé mentale des Canadiens.
L’étude se penchera sur les effets négatifs de l’usage du cannabis sur les résultats en matière de santé mentale, avantages thérapeutiques potentiels du cannabis et des cannabinoïdes, l’influence des problèmes de santé mentale et des maladies mentales sur les modes d’usage du cannabis et besoins de diverses populations.
Médecine et divertissement
Avec l’arrivée des magasins de la Société québécoise du cannabis (SQDC), il existe un danger que les patients sous cannabis thérapeutique décident d’aller s’y approvisionner, principalement en raison de leur proximité et facilité d’accès.
«Il y a là un risque considérable que nous ne pouvons ignorer comme société, a souligné dans un envoi médiatique Jean Thiffault, président de l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP). À la SQDC, les patients ne trouveront aucun professionnel de la santé capable de les conseiller en tenant compte de leur historique de santé et des interactions du cannabis avec d’autres médicaments et de suivre l’évolution de leur condition en collaboration avec leur médecin traitant.»
L‘AQPP lance donc une mise en garde contre les risques de dérive qui pourraient affecter les patients.
Rappelons que les deux paliers de gouvernement, bien qu’ouverts aux arguments de l’AQPP, ont refusé de considérer la question de la distribution du cannabis thérapeutique dans tout le processus de légalisation.
«Il n’y a aucune raison de tolérer des gestes qui mettent à risque la santé des patients québécois», a conclu Jean Thiffault, en appelant à une action du prochain titulaire du Ministère de la santé.
Information
Militant depuis 25 ans dans le débat pro-légalisation, Marc-Boris Saint-Maurice a profité de la date historique pour lancer la première plateforme éducative numérique bilingue au Canada, EspaceCannabis.ca.
«Avec la légalisation du cannabis récréatif, on constate qu’actuellement l’information sur les produits comme tels est inaccessible, a expliqué le fondateur du Centre Compassion de Montréal, par voie de communiqué. EspaceCannabis.ca, c’est une communauté de consommateurs qui pourront partager ouvertement leur appréciation des produits et expérience personnelle dans un espace dédié à la consommation récréative et responsable.»
Sur le site, les usagers pourront fournir leur évaluation des produits de cannabis selon des critères spécifiques comme: la couleur, taille, quantité, qualité de la résine, le degré d’humidité, l’intensité de l’arôme, du goût et la qualité de la combustion.
Un espace est réservé pour commenter de manière plus personnelle son expérience sur les effets des produits, offrir des conseils et partager des photos.