Convertir en un milieu de vie dynamique un pénitencier vieux de 150 ans, désigné lieu historique national par surcroit, ne se fait pas en criant ciseau.
Juste le processus d’aliénation stratégique visant le transfert de l’immeuble du Service correctionnel du Canada (SCC) à la Société immobilière du Canada (SIC) a cours depuis 2018, c’est vous dire.
À cet égard, les relevés d’arpentage des 23 hectares que couvre cette propriété fédérale à l’intérieur comme à l’extérieur des murs sont complétés alors que les évaluations environnementales, archéologiques et patrimoniales touchent à leur fin.
La cour intérieure du Vieux-Pen de Saint-Vincent-de-Paul, à Laval. (Vidéo 2M.Media – Stéphane St-Amour)
Ces mesures de diligence raisonnable demeurent évidemment incontournables avant d’aller de l’avant avec cet ambitieux projet de construire quelque 1500 logements sur ce site historique.
Rappelons qu’il y a trois mois, le ministre fédéral des Services publics et de l’Approvisionnement, Jean-Yves Duclos, ajoutait le Vieux-Pen à la banque de terrains publics destinés à accélérer la construction d’habitations abordables à travers le pays.
«L’objectif, c’est de garder publique la propriété pour réduire les coûts des projets d’habitation», a précisé le ministre lors d’une récente visite derrière les murs d’enceinte.
Mémoire collective
Le vaste site du Vieux-Pen est «extrêmement complexe», d’indiquer le président-directeur général de la SIC, Stéphane Déry, en évoquant notamment le riche patrimoine dont ses imposantes murailles et le bloc principal qu’elles renferment.
«L’intention de la SIC est de conserver les quatre tours [d’observation] si leur état le permet, souligne dans un échange de courriels la directrice principale aux Communications corporatives, Manon Lapensée. Des études supplémentaires seront nécessaires afin de valider la faisabilité de cette option».
Des équipes sont d’ailleurs toujours à évaluer les «parties de mur» et les «édifices» qui demeureront à titre commémoratif, a glissé au passage M. Déry lors d’un breffage en présence du ministre.
Lent départ
En date du 19 février, trois mois après son inscription dans la banque foncière accessible en ligne, le site du Vieux-Pen n’avait encore fait l’objet d’aucune manifestation d’intérêt auprès d’entrepreneurs privés, coopératives et OBNL d’habitation.
Une situation qui n’inquiète aucunement le PDG de la SIC. Ce dernier soutient qu’il est normal que les développeurs attendent de voir la planification du site en fonction des éléments patrimoniaux qui seront conservés avant de se manifester, convaincu de l’intérêt que suscitera le temps venu cette vaste propriété fédérale.
1500 logements
«On veut bâtir des milieux de vie complets; ça veut dire des parcs et des commerces de proximité», a continué celui qui «espère» y construire 1500 unités d’habitation dont un minimum de 20 % en logements abordables comme l’exige la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), partenaire de la SIC dans ce programme visant la conversion de terrains fédéraux en habitations.
Cela dit, Ottawa demeure ouvert aux projets de logements sociaux et communautaires à la faveur de baux emphytéotiques «à un coût symbolique» d’un dollar, a signalé le ministre Duclos. Évidemment, «si les intérêts sont entièrement privés, le gouvernement canadien ne sera pas aussi accommodant», d’enchaîner le lieutenant québécois du premier ministre Justin Trudeau, ajoutant que les baux seront «ajustés en fonction de l’usage».
Projet phare
Également présent, le maire Stéphane Boyer a parlé d’un «projet phare», lui qui au printemps 2022 avait sensibilisé le premier ministre Trudeau à l’enjeu que représente pour Laval la revitalisation de ce pénitencier laissé à l’abandon depuis plus de 35 ans.
Voilà maintenant trois ans que la SIC et la Ville collaborent étroitement et analysent différents concepts d’aménagement possibles pour en faire un projet porteur, a mentionné le maire. «Les échos de mes fonctionnaires sont extrêmement positifs sur le travail qui est fait.»
Accompagnant le ministre, le député d’Alfred-Pellan, Angelo Iacono, voit en le Vieux-Pen «un site stratégique» qui va à la fois insuffler «une nouvelle vitalité à Saint-Vincent-de-Paul et l’est de Laval» et «préserver notre histoire». Le parlementaire a terminé en prédisant que «d’ici les 10 prochaines années, ce projet sera the talk of the city».
Précisons que l’enceinte du pénitencier Saint-Vincent-de-Paul occupe seulement 20 % de l’actuelle propriété du Service correctionnel du Canada à redévelopper dans l’est, soit 4,8 hectares d’une superficie en totalisant plus de 23.
Les autres lots se trouvent au nord du Vieux-Pen, incluant une bande de terrain longeant la voie ferrée jusqu’à l’avenue Belleville, et en berge sur près d’un kilomètre de distance à l’est de la montée Saint-François.
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