L’abattage de trois érables de Norvège dans l’emprise publique de la rue Saint-Philippe, dans le vieux Saint-Vincent-de-Paul, a semé la consternation dans le voisinage, le week-end dernier.
«Ils sont donc rapides sur la scie à chaîne, c’est incroyable», se désole Philippe Gariépy, qui réside depuis 44 ans sur la rue Saint-Philippe, face au parc du même nom, à un jet de pierre de la rivière des Prairies.
Pour le président fondateur de Patrimoine en tête, une association vouée à la protection et à la mise en valeur du patrimoine naturel et bâti à Saint-Vincent-de-Paul, il faut «constamment rappeler que les arbres, c’est important».
Dénonciation
Dans un courriel adressé au Courrier Laval, Louise Sigouin, Marie Beaudry et Philippe Gariépy témoignent de l’«écorce parfaite» de ces arbres matures au «faîte bien déployé» et d’apparence «en santé» qui, aujourd’hui, «gisent par terre, abattus par les hommes de la Foresterie urbaine».
«C’est vraiment cowboy, déplore Mme Beaudry au téléphone. On est tous estomaqués.»
«Ça s’est fait sauvagement, de renchérir sa voisine Louise Sigouin. Tout le monde en parle sur la rue.» Elle mentionne que la Ville aurait pu recourir à l’élagage, ce qui aurait évité de créer une trouée sur la rue: «Les arbres, faut s’en occuper, pas tous les raser.»
Apparemment qu’au printemps, un arbre au parc Saint-Philippe aurait subi le même sort.
«Aussitôt qu’une branche se détache d’un arbre, un fonctionnaire se déplace et vient établir le constat, puis on confie l’abattage à nos abatteurs professionnels», dénonce sévèrement le triumvirat dans leur lettre, estimant que les choses se passaient de la même façon du temps de Gilles Vaillancourt.
Explication
À la Ville, on explique que «les trois arbres ont dû être abattus parce qu’ils présentaient plusieurs défauts de structure, notamment la présence de carrie, fourches faibles, fentes du tronc et gelivure. Le technicien en foresterie de la Ville a jugé que l’abattage était la meilleure solution à prescrire dans ces cas.»
La porte-parole Anne-Marie Braconnier ajoute que «lorsque les arbres ont au moins 5 ans de vie à nous offrir sans enjeux de sécurité (risque de bris important, chute de branches)», la Ville tente «de mettre des haubans (câbles de soutien afin de réduire le risque de bris)» pour sauver la mise.
Cela dit, les trois arbres qui bordaient la rue Saint-Philippe, angle Sainte-Juliette, ne remplissaient pas cette condition, mentionne-t-elle.
Replantation
Par ailleurs, l’administration municipale prévoit procéder à des plantations dans ce secteur du vieux Saint-Vincent-de-Paul situé au sud du boulevard Lévesque.
«Les techniciens/nes en horticulture responsables des plantations vont évaluer le site et prendre les meilleures décisions quant à la quantité d’arbres à planter ainsi que les essences selon nos critères de biodiversité. Avant l’étape de plantation, la Ville devra procéder à l’essouchage», précise Mme Braconnier.
Tract
Pour leur part, Louise Sigouin, Marie Beaudry et Philippe Gariépy assurent que dorénavant, ils porteront une attention particulière aux arbres (identifiés d’un marquage rouge) susceptibles de disparaître du paysage.
Et dans le but d’étendre la vigie, ils ont débuté aujourd’hui la distribution d’un tract dans le voisinage.
Coiffé du titre «Jamais plus» et illustré des arbres abattus et mis en pièces en bordure de la rue Saint-Philippe, le court texte rappelle que «les arbres doivent être protégés, taillés ou émondés si nécessaire», qu’ils «nous protègent de la chaleur et de la pollution » et «embellissent nos propriétés».
Et il se termine par ces mots: «Prenons-en soin, admirons-les, jouissons-en. Surtout avec la chaleur actuelle. Protestons auprès de la ville si nécessaire.»