Les citoyens lavallois boivent de façon responsable et font souvent mieux que la moyenne des Québécois au niveau de leur consommation d’alcool, informe l’organisme Éduc’alcool après avoir mandaté la firme CROP de mener la plus vaste enquête biennale sur la consommation d’alcool des Québécois, région par région.
À Laval, on observe toutefois que les conducteurs anglophones de la région sont plus nombreux que la moyenne à prendre le volant après avoir consommé de l’alcool au-delà de la limite permise même s’ils sont considérablement plus nombreux à juger probable de rencontrer un barrage policier.
«Les Lavallois dans leur ensemble font généralement bonne figure au Québec en termes de consommation modérée et responsable même si l’on observe des différences entre les diverses communautés linguistiques, d’affirmer Hubert Sacy, directeur général d’Éduc’alcool, par voie de communiqué. Aussi, ils peuvent remercier les allophones qui contribuent amplement à ce bilan positif. Certes, au total, on est dans la bonne moyenne mais des améliorations sont encore possibles et souhaitables.»
Des chiffres
Dans les habitudes de consommation, 80% des résidents de Laval disent avoir consommé de l’alcool au moins une fois au cours des 12 derniers mois, ce qui est sous la moyenne québécoise (84%).
La répartition de ces consommateurs est toutefois inégale puisque 83% des francophones ont consommé au cours de la dernière année alors que c’est le cas de 76% des anglophones et de 77% des allophones.
Également, 54% de tous les Lavallois consomment une boisson alcoolisée une fois par semaine ou plus, encore une fois sous la moyenne québécoise qui se situe à 60%.
Collectivement, les buveurs lavallois consomment en moyenne 2,1 verres soit sous la moyenne pour le Québec (2,2)
Différences linguistiques
Ventilés selon la langue, ces résultats indiquent que 60% des francophones consomment une boisson alcoolisée une fois par semaine ou plus contre 48% des anglophones et 44% des allophones.
Pour leur part, les buveurs anglophones et les allophones de Laval consomment respectivement 1,8 et 1,7 verre par semaine. Ce sont les buveurs francophones qui font monter la moyenne hebdomadaire avec 2,3 verres.
Quant aux impacts de leur consommation, les buveurs lavallois estiment que celle-ci nuit à leur vie sociale (4%), à leur vie familiale (6%) et à leur santé physique (11%). C’est bien moins que la moyenne québécoise qui se situe respectivement à 7,9 et 17%.
Ce sont les buveurs anglophones qui font augmenter la moyenne de leurs concitoyens alors qu’ils estiment que leur consommation a davantage d’impact sur leur vie sociale (9%), leur vie familiale (10%) et leur santé physique (15%).
Les buveurs allophones sont peu nombreux à estimer que leur consommation d’alcool nuit à leur vie sociale (4%) et familiale (5%).
De même pour les buveurs francophones qui estiment que leur consommation d’alcool nuit à leur vie sociale (4%) et familiale (6%).
Consommation excessive
Collectivement, les buveurs lavallois se situent aussi sous la moyenne québécoise en termes de consommation excessive.
Isolés, les consommateurs lavallois francophones font bonne figure à ce niveau alors que 33 % d’entre eux affirment avoir dépassé ces limites une fois par mois ou plus souvent (36% au Québec).
Notons que 53 % des citoyens de Laval n’ont, pas une seule fois, consommé de manière excessive (47% au Québec).
N’empêche qu’à ce chapitre, les consommateurs anglophones se rapprochent davantage de la moyenne québécoise, sachant que 36% affirment avoir dépassé ces limites une fois par mois ou plus souvent, soit exactement la moyenne au Québec; pendant que 52 % d’entre eux n’ont, pas une seule fois, consommé de manière excessive (47% au Québec).
De leur côté, les consommateurs allophones font clairement mieux que la moyenne québécoise, avec 20% de ces gens qui affirment avoir dépassé ces limites une fois par mois ou plus souvent (36% au Québec); sans oublier que 65% d’entre eux n’ont, pas une seule fois, consommé de manière excessive (47% au Québec).
Sur les routes
Ce vaste sondage permet aussi d’observer que les Lavallois seraient plus responsables que la moyenne québécoise en matière de conduite après avoir consommé de l’alcool.
On apprend que 38% des conducteurs francophones affirment avoir conduit un véhicule après avoir consommé de l’alcool (40% au Québec); alors que 31% des conducteurs anglophones et 28% des conducteurs allophones sont dans le même cas; et que 8% des conducteurs francophones ont conduit un véhicule après avoir consommé de l’alcool au-delà de la limite permise, ce qui correspond à la moyenne québécoise.
Les conducteurs anglophones sont quant à eux 11%, soit bien au-dessus de la moyenne, alors que ce n’est le cas que pour 3% des conducteurs allophones.
Notons aussi que ce sont les Lavallois francophones qui, le moins, estiment qu’il soit probable de se faire intercepter dans un barrage policier en matière d’alcool.
Parmi ceux-ci, 43% des citoyens francophones ont cette perception contre 57% des anglophones et 50% des allophones pour une moyenne régionale à 47% (48% au Québec) ;
Parmi les conducteurs de la région, 16%, soit 15% des francophones et 26% des anglophones ont vu un barrage policier au cours de la dernière année (19% au Québec) alors que c’est le cas pour 14% des allophones;
Mentionnons que 13% des francophones et 25% des anglophones ont traversé un de ces barrages, alors que c’est le cas de 12% des allophones; ce qui place la moyenne régionale à 14% (15% au Québec).
Cannabis
Dernier volet de cette enquête, les Lavallois sont conformes à la moyenne québécoise en ce qui concerne la consommation de marijuana.
Plus en détails, ce sont 20% des francophones de Laval qui consomment du cannabis contre 16% des anglophones et 1 % des allophones (21% au Québec).
Autre information, 26% des francophones, qui consomment à la fois du cannabis et de l’alcool, mélangent toujours ou souvent les deux substances (28% au Québec).
Méthodologie
Alors que 800 personnes (426 francophones, 143 anglophones et 231 allophones) ont été sondées dans la région, pour un total de 7600 répondants au Québec, les 3 aspects suivants doivent être considérés pour mieux apprécier les données présentées, car ils peuvent influencer les résultats.
En premier lieu, les mesures gouvernementales associées à la COVID-19 ont pu modifier certains comportements. Par exemple, l’interdiction de se rassembler dans une résidence privée et la fermeture des restaurants et bars ont affecté les lieux où les Québécois ont consommé de l’alcool.
Également, le changement de méthode de collecte de données: en 2015 et en 2017, l’étude était menée uniquement au téléphone. En 2019, la collecte de données s’est faite principalement via Internet. Ce changement méthodologique affecte les résultats puisque la consommation d’alcool mesurée est plus grande sur Internet qu’au téléphone.
De plus, la proportion d’entrevues téléphoniques était plus grande en 2019 qu’en 2021 (32% c. 9%), ce qui peut avoir un effet sur les résultats.
Finalement, soulignons la désaisonnalisation. Cette année, la collecte de données a été étendue du mois d’août au mois d’octobre 2020 inclusivement et du 15 février au 30 mars 2021, afin de diminuer l’influence d’un mois en particulier sur le comportement des répondants. (B.L.)