Jean-Pierre Campeau est thanatopracteur depuis 30 ans.
«J’ai toujours su que je voulais faire un travail manuel qui tourne autour de l’anatomie», de dire l’employé du Complexe funéraire Yves Légaré, l’un des quatre du genre en sol lavallois, avec Magnus Poirier, Urgel Bourgie et la Coopérative funéraire.
Si son métier s’est peu transformé au cours des années, à part des familles réclamant une expression du visage qui «n’a pas l’air triste ou souffrant», les pratiques en matière de rites funèbres ont fortement changé.
«En 10 ans, la crémation a dû passer de 40 à 75 %, indique-t-il. Les gens veulent consacrer moins de temps à l’exposition et la disposition du corps.»
Plus près des gens
«Maitenant, il y a cette idée de personnaliser le rite funéraire, précise Éric Laberge, directeur Réseau depuis deux ans chez Yves Légaré. L’ange du cercueil, dont plusieurs modèles sont désormais transformables, peut être changé pour un poisson pour l’homme qui a été un passionné de pêche. Les gens font un montage vidéo. Ils affichent des photos. On ne voyait pas cela il n’y a pas si longtemps.»
L’église est moins sollicitée par les familles, alors que les chapelles des complexes funéraires sont de plus en plus utilisées.
Nouveautés
D’autres réalités sont vécues en 2014, notamment en matière de crémation.
«Quand les gens décident de mettre l’urne en terre ou dans un columbarium, afin d’avoir un lieu de repos où visiter le mort, on en voit qui désirent garder une petite partie des cendres sur eux dans un reliquaire», mentionne Jean-Pierre Campeau.
«Nous avons aussi affaire à une augmentation de rapatriement des cendres en dehors du pays pour être retournés dans la terre natale de la personne défunte», ajoute Éric Laberge, debout devant les niches fortement convoitées du columbarium qui date de 2003.
Quant à l’exposition du corps à domicile tel que le faisaient nos aïeux? Jean-Pierre Campeau se retient de ne pas rire. «C’est beau si nous avons une telle demande chaque cinq ans!»
De plus en plus vert
Après la mise en terre du cercueil et la crémation, un troisième mode de disposition des corps voit le jour peu à peu et pourrait bien s’imposer: la résomation.
Ce nouveau procédé considéré comme une alternative écologique à la crémation, où l’on dissout le corps d’un défunt dans une solution alcaline chauffée à 170 degrés. La résomation émettrait 35 % de moins en gaz à effet de serre. Après que les matières organiques se soient dissoutes, il ne reste qu’une poudre d’os pouvant être placée dans une urne et remise aux proches.
«C’est un processus qui évite l’utilisation du gaz, mentionne Jean-Pierre Campeau. On a donc affaire à une méthode plus verte. À notre connaissance, il n’y a qu’une entreprise de Saskatchewan qui fait de la résomation au Canada.»
«C’est une technologie qui en est à ses balbutiements et qui reste encore à peaufiner», d’ajouter Éric Laberge.
QUELQUES DONNÉES À LAVAL
14 cimetières
6 anciens cimetières
4 colombariums
2266 décès en 2003; 2773 en 2014
-Prévision croissance de la population de 2011 à 2036: 30,7 % (de 406 098 à 530 766)
-Prévision groupes d’âges. 2011: 23,5 % 0-19 ans; 61,1 % 20-64 ans; 15,4 % 65 ans et plus. 2036: 22,8 % 0-19 ans; 53,5 % 20-64 ans; 23,7 % 65 ans et plus.