L’homme d’affaires Christian Élie en connaît bien l’historique, lui qui a fait ses débuts dans l’entreprise familiale en 1975 comme préposé aux achats.
Un second souffle
C’est d’ailleurs sous sa gouverne que la société allait connaître une prodigieuse expansion au milieu des années 90, alors qu’il succède au paternel à la présidence de l’entreprise, qui se spécialise dans la conception et la fabrication d’embarcations de plaisance.
Dès la fin de l’année 1995, dit-il, l’entreprise introduit sur le marché une gamme de jouets d’hiver, qui génère à elle seule des ventes de 17 M$. «En trois mois, nous sommes passés de 50 à 150 employés et en une année, notre chiffre d’affaires est passé de 4 M$ à 22 M$». Une croissance effectuée dans le chaos le plus total, rappelle-t-il.
En 2001, l’implantation d’une nouvelle technologie augmente la productivité de l’entreprise, lui donnant une longueur d’avance sur ses concurrents. «Nos délais de livraison étaient ramenés à deux semaines au lieu de quatre à six semaines», ajoute M. Élie, un avantage concurrentiel dont bénéficiaient notamment les 450 Canadian Tire et les 250 Wal-Mart qu’il desservait.
En plus de devenir le premier fabricant mondial d’embarcations constituées de matière plastique, Pelican a su maintenir, de 1995 à 2007, un rythme de croissance annuelle de 20%.
Des tempêtes
Comme le suggérait le titre de la conférence, Pelican a dû apprendre à «naviguer dans la tempête» au fil des années. Juste ces trois dernières années, il y a eu coup sur coup l’envolée fulgurante du huard canadien, le prix du plastique qui a doublé et la crise financière qui a plombé l’économie américaine et mondiale.
Face à l’adversité, ce manufacturier, qui exporte 75% de sa production aux États-Unis, a choisi d’investir 3,5 M$ en 2008 dans la modernisation de son usine et de lancer de nouveaux produits haut de gamme, question de diversifier son marché et d’être moins dépendant des grandes surfaces. «Malgré que le marché s’est rétracté en 2009, le nombre de nos produits vendus est en hausse de 10%. Nous avons produit cette année 20 000 embarcations de plus qu’en 2008», glisse au passage Christian Élie, vantant les vertus de la culture d’innovation. À cet égard, il observe que le Canada est le 3e pays le plus riche de la planète, ce qui ne l’empêche pas d’être 15% moins productif que les États-Unis. «La culture de l’innovation et l’éducation nous permettent de toujours repenser nos façons de faire et de faire preuve de grande créativité. Il faut investir dans cette culture et dans l’éducation, sinon nous sommes condamnés à nous appauvrir», a-t-il terminé.