Rassemblés aux abords du pavillon de l’Université de Montréal, rue Jacques-Tétreault, les participants ont tout d’abord allumé des chandelles, avant d’écrire sur un carton blanc des messages empreints de douceur, contraste tranchant avec les événements sanglants de la veille.
«Soyons instruments de paix et de pardon», «Que la paix soit sur vous… et nous tous», «Reposez en paix Khaled, Ezzedine, Aboubaker et les autres», pouvait-on lire sur ce panneau, ensuite posé par terre, éclairé par la lueur des bougies.
André Jacob, membres des Artistes pour la paix, a récité un court poème, durant lequel les gens ont répété à plusieurs reprises «Je suis la paix».
«Si je suis ici, c’est par solidarité, pour des gens qui font partie de nous, de notre société, a raconté Alessandra Santopadre, qui s’occupe du programme de parrainage pour réfugiés. Je ne pouvais pas rester chez moi, dans mon petit confort, sans rien dénoncer. Des actes de paix, c’est la meilleure chose pour contrer ces actes de violence.»
Sabrina Di Matteo, organisatrice, a mis cette vigile sur pied le matin même, afin de proposer aux Lavallois un événement de proximité. «On est affectés par ça. Nous sommes avec les musulmans, pas contre eux. On voulait envoyer des messages de solidarité et se souhaiter la paix.»
«Je trouve ça terrible ce qui est arrivé à Québec, a pour sa part déclaré Diane Sabourin, dénonçant du même souffle les récentes mesures mises en place par Donald Trump, de l’autre côté de la frontière. On peut sûrement tous vivre ensemble sans problème. Je préfère penser que c’est un geste isolé, mais il a quand même tué des gens.»
Khady Sow, une musulmane habitant le Québec depuis 15 ans, s’est inquiétée pour son neveu, un professeur à Sherbrooke, mais qui avait déjà été se recueillir à la mosquée de Québec.
«Lorsqu’on entend des nouvelles comme celles-là, on pense à nos proches, a révélé cette dame native du Sénégal. Nous sommes comme tous les autres Québécois, on ressent de la peur et de la colère, mais aussi de la honte de voir ces gestes commis au nom de notre religion.»
Elle soutient que plus personne n’est en sécurité nulle part. «Pas dans les transports, les avions ou le métro. Il n’y a pas de sécurité tant que l’extrémiste existe. Il ne fait pas la différence entre le bien et le mal», a-t-elle ajouté, confiant que c’était déjà «très dur pour les gens qui ont déjà quitté leur pays pour s’installer dans une terre d’accueil».
«Moi, j’ai immigré ici par choix parce que c’est un pays de tolérance. J’y ai fait mes études, je me suis mariée et mes enfants sont nés ici. Je me sens Québécoise.»
Le Québec de tout le monde
Présent à la vigie, tout comme des confrères de paliers municipal et provincial, Saul Polo, député de Laval-des-Rapides, a été ébranlé par l’attentat qui a secoué la province.
«Nous avons trois religions à mon bureau: catholique, juive et musulmane, a-t-il dévoilé. Quand des événements comme ceux-ci surviennent, on se questionne sur la place de l’autre dans la société. La meilleure façon de les prévenir, c’est l’éducation, l’information et le dialogue. Dans ma circonscription, un citoyen sur trois est d’une autre origine, mais le Québec, c’est notre maison. Malheureusement, des actes comme ça cherchent à nous diviser, mais nous devons rester unis et solidaires.»