Après 15 ans de militantisme écologique, les administrateurs de Sauvons nos trois grandes îles (STGI) tirent leur révérence.
La présidente fondatrice Huguette Larochelle et ses fidèles alliés ont annoncé ce matin que l’organisme phare cessera ses activités le vendredi 2 juin prochain.
«On peut dire qu’on a accompli notre devoir et réalisé la mission qu’on s’était donnée», a déclaré Mme Larochelle au Courrier Laval.
Elle évoque ainsi l’acquisition par la Ville des Îles aux Vaches et Saint-Pierre au coût de 22 M$ à l’automne 2020, qui assurait du coup la conservation pérenne de 161 hectares de milieux naturels d’exception. C’est 82 % de la superficie totale de l’archipel Saint-François, où fourmillent pas moins de 245 espèces végétales et 226 espèces animales.
L’île Saint-Joseph
Bien sûr qu’avant de fermer boutique, l’OBNL aurait souhaité assister à l’acquisition de l’île Saint-Joseph et ainsi réunir l’ensemble des trois grandes îles au sein d’un grand parc naturel.
Cela dit, l’organisme considère que ses hautes luttes n’auront pas été vaines pour autant en ce qui a trait à l’avenir de cette île considérée à la fois comme la plus riche en termes de biodiversité et la plus vulnérable du fait qu’un pont la relie à la terre ferme.
«[…] il nous semble que la présente conjoncture soit plutôt favorable à la protection de l’île Saint-Joseph, à sa sauvegarde, à son acquisition et à la valorisation de sa richesse écologique», peut-on lire dans un long témoignage cosigné par les administrateurs François Bilodeau, Marcel Bruneau, Danielle Comtois, Ginette Grenier, Pierre Hupin, Hugues Labelle, Huguette Larochelle, Claire et Paul-André Roger. Les contraintes imposées dans le schéma d’aménagement et de développement révisé (SADR) du territoire adopté en 2017 et le Code de l’urbanisme (CDU) entrée en vigueur en 2022 en limitent le développement au point de rendre cette éventualité plus qu’improbable, disent-ils.
«[…] son devenir ne repose plus sur le militantisme de Sauvons nos trois grandes îles, mais est plutôt intimement lié à la vision stratégique de la Ville, de la CMM et du gouvernement provincial ainsi qu’à la vigilance habituelle des groupes environnementaux […] ainsi que de tous les citoyens.»
Faut-il rappeler que c’est une opération sauvetage précipitamment déployée par une groupe de citoyens soucieux de préserver l’île Saint-Joseph qui allait donner naissance à STGI en janvier 2008.
Organisme emblématique
Avec la dissolution de cet organisme phare, c’est une importante page d’histoire qui se tourne à Laval.
Sans le savoir, les Lavallois doivent une fière chandelle à Sauvons nos trois grandes îles, dont l’influence déborde largement de l’archipel Saint-François.
Engagé dans un bras de fer juridique avec l’omnipotent maire Vaillancourt alors résolument décidé à faire pousser un vaste projet résidentiel sur l’île Saint-Joseph, ce groupe avec à sa tête Huguette Larochelle avait obtenu gain de cause à l’hiver 2009. Cette victoire à l’arraché avait contraint la Ville à abroger un important règlement de zonage adopté illégalement et en toute discrétion en 2001. Ce règlement, rappelons-le, exposait au développement urbain non seulement les trois grandes îles, mais quelque 130 autres zones principalement constituées de milieux naturels riverains de la rivière des Mille Îles et de la rivière des Prairies.
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