Le contrat de construction du Centre de services de proximité de l’est — renommé depuis Espace citoyen des Confluents — a été octroyé au Groupe Geiser au montant de 38,8 M$ lors de l’assemblée municipale de septembre.
Bien qu’entérinée à l’unanimité, la résolution n’a pas passé comme une lettre à la poste, c’est le moins qu’on puisse dire.
Pour l’ensemble du projet, le dépassement de coût est de l’ordre de 52 %, a d’abord déploré le conseiller municipal de Fabreville, Claude Larochelle.
Au Programme triennal d’immobilisations (PTI) adopté par le conseil en décembre dernier, le coût budgété était de 29,3 M$. Neuf mois plus tard, le projet se chiffre à 44 672 000 $, a étayé l’élu de l’opposition officielle. Des chiffres qui n’ont pas été contestés par l’administration Demers-Boyer.
Procès des grands projets
«On est complètement hors-contrôle au niveau des coûts […] Il y a vraiment un problème avec la réalisation de nos grands projets à Laval», a poursuivi M. Larochelle.
Celui-ci attribue cette hausse de coût aux «idées de grandeur» de l’administration en place qui «n’a pas la capacité de gérer ces projets-là», affirme-t-il, citant au passage le projet du complexe aquatique laissé en suspens depuis que les fondations ont été coulées il y a trois ans.
Le conseiller indépendant de Vimont et chef de Laval citoyens, Michel Poissant, a renchéri, qualifiant la gestion des grands projets de «désastre total».
«Le centre animalier, le centre aquatique, l’usine de biométhanisation, la liste est longue», a-t-il énuméré en évoquant l’abandon de projet, l’explosion des coûts et l’absence de soumissionnaires.
Faut-il ici rappeler le rapport accablant produit en 2019 par la vérificatrice générale de Laval, Véronique Boily, qui relevait de nombreuses déficiences dans la gestion des grands projets. L’audit de performance ciblait alors cinq projets de 2016 à 2018, dont le complexe aquatique et le Centre d’interprétation des biosciences Armand-Frappier.
Enjeux conjoncturels
Conseiller du parti au pouvoir dans Saint-François, Éric Morasse a expliqué que le dépassement de coût était «essentiellement dû à la hausse des coûts de matériaux de construction et non pas à une mauvaise gestion de projet».
Le maire Marc Demers a chiffré à 36 % l’augmentation du prix de l’acier et du béton pour ce projet, alors que la pénurie de main-d’œuvre expliquerait une hausse de 31 % pour les services professionnels d’architectes.
Sans en identifier les projets, M. Demers a cité une récente étude de parangonnage selon laquelle trois chantiers sur l‘île de Montréal auraient vu leur coût bondir de 84, 74 et 51 % en raison de la conjoncture actuelle.
«Il y a neuf mois, la surchauffe des marchés était connue», a rappelé Claude Larochelle en soulignant que cette surchauffe avait justifié en 2018 le rejet des soumissions et l’annulation de l’appel d’offres pour la construction du complexe aquatique.
Architecture distinctive
Vice-président du comité exécutif, Stéphane Boyer est revenu sur les propos de M. Larochelle selon lesquels «les citoyens de l’est ont besoin d’un centre de proximité fonctionnel, pas d’un château de Versailles». L’élu de l’opposition mettait en lumière la mention «architecture distinctive» qualifiant le projet au sommaire décisionnel.
«Je pense que Saint-François a droit à quelque chose de beau, de distinctif . C’est la même chose pour le complexe aquatique», a réagi M. Boyer. À l’instar de la Politique d’intégration de l’art public aux bâtiments et sites municipaux adoptée la veille, M. Boyer a mentionné que l’on voulait de «beaux bâtiments qui vont rendre les Lavallois fiers».
Enfin, le numéro 2 de l’administration Demers a défendu la gestion des grands projets à Laval, affirmant avoir «livré plusieurs projets ces dernières années dans les temps et les budgets». Il en a donné pour preuve la Place Bell livrée 20 M$ en-deçà du budget prévu, mais également la piste d’athlétisme au parc-école l’Odyssée-des-Jeunes de Vimont, les centres communautaires Sainte-Dorothée et Vimont, le pavillon d’accueil au Parc de la Rivière-des-Mille-Îles et le Centre d’interprétation des biosciences Armand-Frappier.
Centre de services
Pour en revenir au Centre de services de proximité de l’est, rappelons qu’il sera construit sur le site de la défunte usine pétrochimique BASF. Le terrain est situé à la jonction de la paroisse Saint-Noël-Chabanel et du quartier Val-des-Ruisseaux, à l’est du pont de l’autoroute 25.
Multifonctionnelle, cette infrastructure abritera 4 importantes installations, à savoir une bibliothèque, un amphithéâtre culturel de 180 places, des espaces communautaires polyvalents et un comptoir d’accueil du Service de police.
«Le concept de centre de services de proximité sera le tout premier de ce genre sur le sol lavallois. Cela témoigne du désir de la Ville et des élus de favoriser les services de proximité à l’ensemble de la population», déclarait par voie de communiqué Stéphane Boyer dans les minutes suivant l’octroi du contrat de construction, le 8 septembre.
De conception «originale et moderne», le bâtiment visant une certification LEED Or sera rehaussé d’un «aménagement paysager novateur et intégré dans son milieu naturel permettant le prolongement des activités de l’intérieur vers l’extérieur», précise-t-on.