En exploitation depuis bientôt 100 ans, la carrière Laval bordant de part et d’autre le boulevard Saint-Martin, à l’est du boulevard des Laurentides, est le théâtre d’une mini-révolution dans l’industrie de la construction.
Cet automne, Demix Agrégats et Englobe, leaders dans leur secteur d’activité respectif, célèbrent le premier anniversaire d’un partenariat unique en son genre, dont les retombées excèdent largement les bénéfices qu’en retirent les deux partenaires d’affaires.
Traitement de sols contaminés
Le fruit de cette entente consiste en l’implantation du tout premier site de traitement des sols contaminés au nord de l’île de Montréal.
Demix y loue un emplacement à Englobe, fleuron québécois en gestion des sols dont les installations permanentes sont situées à Montréal-Est et à L’Épiphanie dans la région de Lanaudière.
Ce maillage, qui s’inscrit dans une logique de développement durable, contribue à soulager le réseau routier métropolitain de quelque 5000 camions 10 roues par année.
Considérant les coûts associés à la congestion sur les ponts et le prix à la pompe, ce nouveau centre a déjà pratiquement atteint sa capacité de traitement annuelle de 50 0000 tonnes métriques de sols excavés, soutient l’exploitant. Ceux qui y déversent leurs chargements auraient ainsi sauvé l’équivalent de 35 000 litres de diesel en un an et réduit d’autant leurs émissions de gaz à effet de serre (GES), estime Englobe.
Modèle d’affaires
Tout le monde y trouve son compte, se réjouit le directeur général de Demix Agrégats, Dominic Martel, dont l’entente sert à merveille son modèle d’affaires.
«Nous, on sort la roche pour faire des infrastructures et on remblaye nos sites pour un éventuel redéveloppement», résume celui qui dirige cinq carrières dont deux en sol lavallois.
Dans le cas de la carrière Laval, scindée en deux par le boulevard Saint-Martin, la portion nord est toujours en activité contrairement à la partie sud où le gisement est épuisé depuis une trentaine d’années.
Or, jusqu’à l’an dernier, Demix était contraint de refuser «60 % des demandes de disposition des sols» en raison de leurs contaminants.
Aujourd’hui, en plus d’accélérer la réhabilitation du secteur sud de la carrière, l’entente conclue avec Englobe crée de l’achalandage au nord tout en générant de nouvelles relations d’affaires. «Ces clients qui ne venaient pas chez-nous avant repartent [bien souvent] avec un voyage de pierres», souligne M. Martel.
Donneurs d’ouvrage et maîtres d’oeuvre font ainsi d’une pierre deux coups, disposant de sols contaminés extraits du lieu d’excavation tout en s’approvisionnant en agrégats pour leurs chantiers.
Offre bonifiée
Gérer, traiter et valoriser des sols contaminés à même une carrière est un «projet porteur pour l’industrie de la construction» dont tire évidemment profit la firme Englobe, reconnaît son directeur général, réhabilitation et centres de traitement de sol et de la biomasse pour le Canada, Louis Côté.
La distance entre le centre de traitement et le site de réhabilitation où disposer des sols une fois décontaminés est réduite à seulement quelques minutes alors que le transport s’effectue à l’intérieur même de la carrière par un passage en tunnel sous le boulevard Saint-Martin. Une économie de temps et d’argent qui profitent à tous.
«On a augmenté notre capacité de traitement dans la grande région de Montréal en plus de bonifier notre offre et d’augmenter notre part de marché», fait valoir le dirigeant d’Englobe, une entreprise canadienne également présente en France et au Royaume-Uni.
Installation
Le site dédié aux installations d’Englobe dans la partie nord-est de la carrière toujours en activité occupe une superficie de 15 000 mètres carrés, soit l’équivalent de 1,5 hectare.
Sur la photo aérienne, on le reconnaît à ses 2 surfaces étanches de traitement d’une superficie d’environ 3000 mètres carrés chacune, auxquelles sont aménagés des zones utilitaires (tuyauterie, roulotte bureau, réservoir d’eau, secteur d’entreposage de matériel et biofiltre) et un chemin périphérique reliant l’accès par la rue Saulnier, au nord, au site de réhabilitation au sud du boulevard Saint-Martin.
Procédé biologique
La méthode de traitement développée par Englobe relève de la biorestauration.
«Le procédé de biopile est un traitement biologique qui demande très peu d’énergie; c’est la nature qui fait son œuvre», illustre Louis Côté en expliquant le processus naturel de décomposition des contaminants sous l’effet des bactéries.
En temps normal, selon le type de polluant, il faut prévoir entre quatre et huit semaines pour valoriser un sol contaminé. (Autre texte à venir)