Celui qui a passé à travers de multiples autres opérations, maladies et un cancer a tenu, pour son 22e anniversaire de transplantations, une soirée-conférence à l’amphithéâtre du Collège de Bois-de-Boulogne, le 6 septembre. L’événement, qui a attiré en majeure partie des professionnels de la santé, a fait salle comble.
«Je suis la personne qui a la plus longue durée de vie après avoir eu ces greffes-là, laisse savoir le résident de Laval-des-Rapides, qui a aujourd’hui 43 ans. Il y a 22 ans, c’était immense la transplantation cœur et rein. Je ne pouvais pas rencontrer beaucoup de personnes, non plus, qui avaient déjà vécu cela.»
Du jour au lendemain, de nouveaux mots sont arrivés dans son dictionnaire personnel. « »Dialyse » ou « transplantation rénale »… Avant c’était quelque chose de complètement inconnu pour moi, se souvient Samuel. C’était clairement défini à cette date-là que ça allait être à vie. Les médecins disaient à ma mère que j’allais reprendre une vie normale, mais elle n’y croyait pas, pas dans l’état qu’elle me voyait.»
Il admet cependant que les transplantations lui ont occasionné plusieurs problèmes connexes, en plus du risque que son corps rejette un jour les organes.
Une détresse transformée
«Mon seul espoir était l’opération, sinon c’était un cercueil», souffle-t-il. Si son état avant l’opération lui a fait vivre une dépression, l’étape postopératoire a été pour lui aussi dure psychologiquement. S’en est suivi un grand désespoir, étant donné sa faiblesse physique.
«J’étais alité. Je me faisais nourrir et laver par l’infirmière. Je n’étais pas capable de me lever, raconte Samuel. C’était ça le résultat, après tant de travail? J’avais 20 ans et de l’orgueil. Un soir, je me suis levé et je suis tombé… J’étais désabusé. Ma seule pensée était de me jeter en bas de la fenêtre du dixième étage. Je voyais ma vie se poursuivre dans le même élan.»
Une infirmière a senti sa détresse. Elle a alors pris un moment pour lui. «Elle m’a sauvé la vie. J’ai pris conscience que le jeune homme décédé lors d’un accident de moto, qui m’a transmis ce cœur-là, si je ne l’avais pas reçu, il aurait été pour quelqu’un d’autre. J’ai une responsabilité par rapport à ce donneur-là. Je lui dois la vie et je dois continuer à me battre pour faire en sorte qu’il ne soit pas mort pour rien. Je me suis promis de ne jamais baisser les bras tous les jours de ma vie.»
L’humour dans le drame
En arrêt de travail depuis trois ans, Samuel a subi en août une autre opération cardiaque, après avoir appris que ses artères étaient bloquées presque dans leur totalité. «Ça fait partie de mon parcours de vie, de mon intégralité, reconnaît-il. C’est avec toutes ces épreuves-là que j’ai développé plus de caractère, mais aussi un plus grand mieux-être.»
Ses activités comme conférencier ont débuté en 2004, grâce à une infirmière qui a vu en lui un beau parcours de vie et une attitude positive. Il reconnaît que son exposé donne une bonne dose d’émotion à son public, qui passe du rire aux larmes en quelques instants. «J’ai un ton humoristique, même si c’est dramatique. Je vois toujours le côté positif.»
Aujourd’hui, Samuel affirme puiser son énergie et sa force dans son entourage pour continuer à s’épanouir.
Pour en connaître davantage sur Samuel Michaud: www.vieacoeur.com
Quelques épreuves franchies par Samuel Michaud
1992 Greffe cœur et rein, une première au Canada
2005 Autre greffe du rein
2006 Changement de valve tricuspide, une opération à haut risque
2011 Diagnostic d’une microbactérie invasive
2011 Diagnostic d’un cancer lymphatique
2014 Toujours vivant et bien déterminé à le rester pour encore longtemps