L’Association des groupes d’intervention en défense des droits en santé mentale du Québec (AGIDD-SMQ) témoigne ce mardi 17 octobre dans le cadre de l’enquête de la coroner Géhane Kamel sur la mort de quatre personnes, soit Abdulla Shaikh, tué par la police, et les trois hommes qu’il a abattu le 3 août 2022 à Laval et Montréal.
Rappelons que dans la nuit du mercredi 3 août 2022, un homme de 64 ans, soit André Fernand Lemieux, le père du boxeur lavallois David Lemieux, avait succombé d’une balle au haut du corps dans l’arrondissement de Saint-Laurent, à Montréal.
Dans sa cavale meurtrière, Abdulla Shaikh avait fait pour seconde victime du nom de Mohamed Salah Belhaj. L’agent d’intervention de l’Hôpital en santé mentale Albert-Prévost avait été tué dans le quartier avoisinant d’Ahuntsic-Cartierville.
Par la suite, Shaikh s’était dirigé à Laval-des-Rapides, où des coups de feu avaient été entendus en soirée, avant que l’on fasse la macabre découverte d’un jeune homme de 22 ans était atteint par balles alors qu’il s’offrait une simple balade en planche à roulettes non loin de chez lui.
Témoignage utile
Presque systématiquement dans cette histoire, les mots «danger» et «schizophrénie» ont été associés pour tenter d’expliquer les gestes d’Abdulla Shaikh, affirme l’ AGIDD-SMQ dans son communiqué, avant de poursuivre:
«Pourtant, ses gestes semblaient méticuleusement calculés et la médication qui lui était prescrite a été constatée dans son sang».
«Il y a des tonnes de raisons qui expliquent la violence des individus bien mieux que la santé mentale, à commencer par le désir de contrôle», explique Vincent Vallée, responsable du volet sociopolitique et des communications à l’AGIDD-SMQ, via communiqué.
L’intervention de Vincent Vallée devant la coroner s’inscrit dans une perspective critique vis-à-vis des discours stigmatisants à l’endroit des personnes vivant ou ayant vécu un problème de santé mentale et mettra en lumière les alternatives au «tout à la médication» et aux mesures de contrôle qui dérobent les personnes de leur autonomie, peut-on lire dans la même communication aux médias.
«L’alternative en santé mentale, ça veut dire qu’on porte sur le système psychiatrique un regard qui lui est extérieur et que les solutions qu’on propose le sont également. Pour certaines personnes, c’est avec de la médication que ça va mieux, pour d’autres, c’est sans médication. Dans le milieu de l’alternative, on met le respect du consentement et le droit des personnes à participer à leur traitement au cœur de l’intervention», de souligner Vincent Vallée durant cette sortie publique de son organisme.
Dissiper le flou
«Dans un vibrant plaidoyer pour le respect de l’autonomie des personnes vivant avec des enjeux de santé mentale, monsieur Vallée abordera la ligne souvent floue entre soin et contrôle.
Dans un contexte où les besoins augmentent et où les ressources sont à bout de souffle il est impératif de résister à l’instrumentalisation des problèmes de santé mentale pour créer un climat de peur qui permet de justifier des mesures exceptionnelles allant à l’encontre des droits fondamentaux», », ajoute l’AGIDD-SMQ.