Dans le cadre des 12 jours d’action contre la violence faite aux femmes, l’Afeas (Association féministe d’éducation et d’action sociale) de Laval et les maisons d’hébergement de Laval ont organisé le 30 novembre un 6 à 8 avec panel portant sur les répercussions de la violence conjugale sur la relation mère-enfant ainsi que les conséquences affectant ces derniers dans ce contexte.
En 2022, 21 décès sont à déplorer en contexte de violence conjugale au Québec.
À leur mémoire, en fin d’événement, les membres de l’Afeas ont lu la liste des victimes et l’ensemble des participantes a gardé le silence une minute en leur mémoire.
Notons que deux des victimes proviennent de Laval.
L’ampleur totale de la violence conjugale à l’échelle provinciale reste difficile à évaluer. En 2020, 22 104 infractions contre la personne commises dans un contexte conjugal ont été déclarées par la police.
Cependant, dans une enquête réalisée en 2019, un faible 19% des victimes affirment avoir reporté l’incident à la police.
Force est de constater que, malheureusement, cet enjeu concerne beaucoup plus de citoyen.ne.s que l’on pense.
Panel
À leur arrivée au Centre communautaire d’Auteuil, les 76 participantes ont pu se munir d’un ruban blanc en forme de «V» inversé à porter fièrement, symbole de la campagne annuelle Opération Tendre la main menée par l’organisme.
Ensuite, la parole a été octroyée à Audrey Leclerc, Cassandra Gereghty et Joannie Miller, intervenantes en maisons d’hébergement lavalloises et panelistes de la soirée.
Les oratrices ont abordé en premier lieu la définition de la violence conjugale ainsi que les diverses formes qu’elle peut emprunter.
La notion de contrôle coercitif a été également centrale à la présentation. Cette notion s’exprime par une série de comportements répétitifs dont les effets cumulatifs doivent être analysés dans leur contexte plus large de domination.
Certaines formes de contrôle exercées sur la mère ont aussi un impact sur leurs enfants tandis que d’autres les affectent directement.
Cela peut se traduire par des comportements tels que d’isoler la famille, de dévaloriser la mère devant les enfants, manipuler la progéniture et les impliquer dans le contrôle, en surveillant les actes maternels par exemple.
Les mères, comme les enfants, traversent tous un cycle de la violence. C’est l’une des raisons qui illustre la difficulté que les mères ont à sortir d’une situation toxique.
« Chaque petit pas qu’une femme fait est un pas de plus vers la liberté », ont soutenu les présentatrices avec émotion.
La violence conjugale affecte énormément les enfants, à court terme comme à long terme, dans toutes les sphères de leur vie.
« Le choc post-traumatique existe aussi chez les enfants », affirme l’Afeas de Laval dans son communiqué qui a suivi l’événement.
« Le souhait ultime serait de ne plus avoir à travailler », a exprimé pour sa part Joannie Miller en fin de présentation.
Témoignage
Julie (nom fictif) a ému les participantes en racontant son histoire. Ayant bénéficié de plusieurs services d’une maison d’hébergement de Laval il y a plusieurs années, elle témoigne maintenant fièrement de son tumultueux parcours.
« Les enfants ne sont pas uniquement des témoins, mais également des victimes de violence conjugale », assure-t-elle avec émotion.
Julie et son enfant furent victimes de violence conjugale. Ils ont dû quitter leur foyer alors que les actes de violence augmentaient graduellement, jusqu’à devenir insupportables et dangereux.
« On ne quitte jamais une personne violente, on fait juste se sauver d’elle. On se sauve lorsque la peur de rester devient plus grande que la peur de tomber. »
– Julie (nom fictif), mère lavalloise victime de violence conjugale
Même après son départ de la maison familiale, les gestes de violence n’ont pas cessé jusqu’à ce qu’elle obtienne la garde de sa progéniture, trois ans après son départ en maison d’hébergement.
« Les maisons d’hébergement sont des endroits lumineux, apaisants et invitants », d’exprimer la mère avec vigueur.
À Laval
Il n’y a que trois maisons d’hébergement à Laval, troisième ville la plus peuplée au Québec.
En 2020-2021, le taux de refus des demandes d’accès à ces services a atteint un nouveau sommet avec 44%.
En d’autres mots, presque la moitié des femmes qui font appel aux maisons d’hébergement de la région voient leur demande refusée et doivent aller chercher de l’aide ailleurs.