Avant le XXe siècle, en Occident, les funérailles étaient des événements intimes organisés par les familles et les voisins du défunt. Elles se déroulaient au domicile. Au fur et à mesure que les populations augmentèrent, des salons funéraires virent le jour pour soulager les familles des éléments logistiques liés à la mort. Toutefois, en retirant la population de l’exécution de ces tâches, nous avons rendu la mort taboue.
Plusieurs récentes études américaines décrivent toutefois un changement important du rapport à la mort chez les plus jeunes générations. Les sociologues Jacobsen et Petersen suggèrent que la génération Z aborde la mort avec une bien plus grande maturité que n’importe quelle autre génération. Les baby-boomers ont une relation plus passive avec la mortalité, alors que la génération Z est plus susceptible de participer à des discussions passionnées sur la mort, en raison notamment de la présence accrue des médias sociaux dans leur vie.
Plusieurs morts médiatisées sur les réseaux sociaux les ont touchés et les « Z » veulent s’approprier ces événements pour en discuter, changer les choses et manifester. Ils célèbrent leurs proches et sont en paix avec le fait que leur ami ou un membre de leur famille a terminé sa mission ici sur terre.
Alors qu’au Québec, il faut avoir 18 ans pour rédiger un testament, chez nos voisins du sud, certains jeunes d’âge mineur préparent déjà une nécrologie numérique et un diaporama commémoratif pour leurs comptes Facebook et Instagram. Plusieurs jeunes imaginent même la mise en scène d’une telle journée où leurs amis pourraient venir accompagnés de leurs animaux de compagnie.
Un vent de jeunesse souffle sur le milieu funéraire numérique aux États-Unis. Une récente enquête très étonnante de l’entreprise funéraire CPJ Field révèle que 19 % des 18 à 34 ans ont planifié leurs propres funérailles après le décès d’un être cher. Entre deux sessions de TikTok, il ne faudrait donc pas se surprendre de retrouver dans leur historique de recherches des services de rédaction de testament en ligne comme Legal Wills (12 % des utilisateurs auraient moins de 30 ans), le site d’arrangements funéraires américain Everplans, des applications comme SafeBeyond, Cake et des jeux vidéo comme A Mortician’s Tale, un jeu qui emmène les joueurs à vivre une journée dans la vie d’un thanatologue.
Dans les générations précédentes, on nous faisait miroiter un avenir meilleur. Les nouvelles générations ne voient pas le monde avec des lunettes teintées de rose, et ne peuvent pas non plus se permettre de repousser la mort comme l’ont fait les générations précédentes. Avec la mondialisation, il ne saurait tarder que les jeunes d’ici adoptent une relation similaire face à notre industrie. Il nous ferait plus que plaisir de les accueillir comme membres-propriétaires et de donner vie à leurs meilleures idées.