Les érables ne servent pas uniquement à se sucrer le bec. Leurs feuilles pourraient également aider à lutter contre les maladies bactériennes chez les végétaux comme la laitue, la tomate et la fraise.
Le stagiaire postdoctoral à la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation de l’Université Laval, Maxime Delisle-Houde, étudie le potentiel antibactérien de ces feuillages depuis quelques années.
Antibactérien moins toxique
Peu de produits offerts sur le marché ciblent les bactéries néfastes pour les plants, et la plupart d’entre eux contiennent du cuivre.
«Ce métal est un élément quand même toxique pour le sol et l’humain. Ça cause souvent de la phytotoxicité, c’est-à-dire des petites nécroses sur les feuilles, quand ce n’est pas appliqué dans les bonnes conditions ou aux doses optimales», rapporte Maxime Delisle-Houde, par voie de communiqué.
Membre du Centre de recherche et d’innovation sur les végétaux, Maxime Delisle-Houde a donc cherché de nouveaux outils pour lutter contre les maladies bactériennes avec des produits généralement reconnus sans risque pour l’humain.
Les extraits de feuilles d’érable s’étaient largement démarqués pour inhiber la croissance des bactéries.
«Le composé empêche leur multiplication. À des doses plus élevées, il peut même tuer les bactéries en s’attaquant à leur structure, pouvant entraîner une rupture de la paroi bactérienne», précise le stagiaire postdoctoral.
Occasion de valorisation
L’accumulation de feuilles au sol peut entraîner un problème d’acidification de la terre et causer le déclin de plusieurs arbres.
«Dans le futur, on pourrait s’imaginer collecter une partie de ces feuilles au sol chez les acéricultrices et acériculteurs pour produire notre extrait en plus grande quantité», suggère Maxime Delisle-Houde, dans la même communication aux médias.
Outre la valorisation dans les érablières, le chercheur pense aussi aux feuilles mortes récoltées par les municipalités qui pourraient être transformées en extrait. Même si elles ne proviennent pas que des érables, d’autres types de feuilles contiennent des composés similaires, comme celle du chêne.
Pour extraire l’agent antibactérien des feuilles, elles sont broyées dans un malaxeur, puis mélangées avec de l’éthanol pour en extraire le composé actif et pour tuer les microbes présents dans le mélange. Une fois le solvant évaporé, seule une fine poudre reste. Facile à utiliser et à conserver, Maxime Delisle-Houde y voit une occasion de commercialisation pour la pulvérisation directement sur les plants.
Dans la présente étude, Maxime Delisle-Houde a testé les extraits d’érable argenté sur trois bactéries importantes pour les agriculteurs et agricultrices: celles responsables du chancre bactérien (Clavibacter michiganensis) et de la moucheture bactérienne (Pseudomonas syringae) chez la tomate, et la bactérie qui cause la tache angulaire chez la fraise (Xanthomonas fragariae). Les extraits d’érables pourraient toutefois protéger contre d’autres bactéries, comme celles qui s’attaquent à la laitue.
En plus de l’effet antibactérien, certaines études rapportent que les extraits de feuilles d’érable peuvent stimuler les mécanismes de défense des plantes. Maxime Delisle-Houde et ses collègues souhaitent valider cette hypothèse prochainement. Avec d’autres collaboratrices et collaborateurs de l’Université Laval, ils s’attarderont aux stress abiotiques comme le manque d’eau et les changements de températures. (É.B./IJL)