À sa troisième semaine de sortie, le film Le Mythe de la Femme Noire de la réalisatrice lavalloise Ayana O’Shun connaît un succès remarquable en demeurant dans le top 20 du box-office québécois.
Dès le vendredi 3 mars, les Lavallois ont pu profiter du premier long métrage documentaire de la réalisatrice de Laval-des-Rapides au cinéma Guzzo de Pont-Viau.
D’une durée de 94 minutes, le film enquête sur l’image des femmes noires dans la société en abordant trois stéréotypes qui leur sont typiquement associés, soit l’hypersexuelle Jézabel, l’aimable Nounou et l’insolente Bitch.
«L’idée m’est venue, car, étant née au Québec, les images que je voyais de femmes noires ne correspondaient pas à qui j’étais, ni aux femmes autour de moi», explique Ayana O’Shun.
Au fil de ses recherches, la jeune femme a réalisé que ces stéréotypes ont été inventés il y a bien des lunes et a décidé de relater leur histoire en allant à la rencontre de 21 femmes qui témoignent de leur expérience en tant que femme noire au 21e siècle.
Prise de conscience
Outre le racisme et le sexisme, plusieurs autres enjeux sont abordés à travers le documentaire, comme le profilage racial, le colorisme, les stéréotypes de genre et l’identité.
«L’objectif du film était qu’il y ait une prise de conscience, affirme la réalisatrice de 34 ans. Il y a des choses qu’on ne sait pas qu’on ne sait pas. Arriver à déconstruire ces choses qui sont dans notre inconscient, je trouve que ça donne une certaine prise de pouvoir.»
Après certaines représentations du documentaire, Ayana O’Shun reste dans la salle afin d’interagir avec l’audience.
Certains posent des questions, mais plusieurs témoignent de leur expérience personnelle et la remercient pour son tout premier long-métrage.
Ainsi, elle a pu saisir tout l’impact que son œuvre opère sur l’ensemble des publics, peu importe le genre, l’origine ou l’âge.
«Pour moi, c’est normal de défendre les enjeux reliés à l’avancement de la cause des femmes. Je suis une femme, je vois bien les inégalités qui existent.»
–Ayana O’Shun, réalisatrice, scénariste et co-productrice lavalloise.
Santé mentale
Dans l’un des derniers segments du film, plusieurs des femmes questionnées abordent la perception des communautés noires face aux enjeux de santé mentale. Le sujet est très tabou et plusieurs de leurs membres vivent dans le déni face à ces situations.
«Quand je faisais mes entrevues avec les femmes, mes questions tournaient autour des représentations des femmes dans les médias, mais après deux heures d’entrevue, toutes ont naturellement commencé à me parler de santé mentale. Ça m’a beaucoup touché qu’elles aillent si loin dans leur témoignage, parce qu’on ne réalise pas à quel point ce sont des femmes extraordinaires. Je les ai interviewées, car je les trouvais lumineuses.»