Plusieurs associations et organismes ont formé un comité de réflexion en octobre 2022 pour mettre sur pied un programme de coupons nourriciers au Québec.
L’insécurité alimentaire est un enjeu collectif qui préoccupe un grand nombre d’acteurs et d’actrices œuvrant à renforcer l’accès économique à une alimentation saine et durable.
Même si plusieurs initiatives de solidarité ont été mises en place (jardins communautaires, comptoirs solidaires, cuisines collectives, etc.), il n’existe aucun véritable programme provincial visant à lutter contre l’insécurité alimentaire des personnes ou des familles les plus vulnérables au Québec.
À Laval
Au sein du territoire de la troisième plus grande municipalité québécoise, l’organisme Enfant D’abord a déjà mis en place la pratique des coupons nourriciers.
Selon la directrice, l’inclusion de cartes cadeaux permet d’encourager l’autonomie des bénéficiaires en leur laissant l’opportunité de compléter leurs paniers en fonction de leurs besoins.
« On inclut beaucoup de produits alimentaires ou d’hygiène dans nos paniers, formule Edith Athus, directrice générale d’Enfant D’abord. Cependant, chaque famille a ses particularités, une allergie alimentaire, par exemple, et sont bien heureuses d’avoir une carte cadeau pour compléter le panier. »
Bien qu’en faveur des coupons nourriciers, l’OBNL a aussi la charge de quelques jardins communautaires et pense que cette initiative répond également à l’enjeu d’insécurité alimentaire.
Ce sont présentement 10 à 15 paniers d’urgence qui sont distribués hebdomadairement par Enfant D’abord aux Lavallois.es.
Comité
Face à l’insécurité alimentaire croissante, exacerbée par l’augmentation du coût du panier d’épicerie, L’Association des marchés publics du Québec (AMPQ), le Carrefour solidaire Centre communautaire d’alimentation (Carrefour solidaire), la Coalition québécoise sur la problématique du poids (Coalition Poids) et le Conseil du Système alimentaire montréalais (Conseil SAM) se sont alliés en un comité.
Afin de contribuer à la démarche, une journée de réflexion a eu lieu le 12 octobre dernier.
Lors de cette journée près de 40 expert.e.s en santé, sciences sociales et économiques, agriculture et sécurité alimentaire se sont réunis en vue de tracer les paramètres d’un programme de coupons nourriciers.
Notons que les associations de marchés publics de la Colombie-Britannique et de la Nouvelle-Écosse étaient présentes afin de présenter leur initiative des plus inspirantes.
« Les coupons nourriciers déjà implantés dans différentes provinces ont prouvé qu’il est possible de contribuer à nourrir durablement les personnes vivant une insécurité alimentaire par le biais des circuits courts, soutient Jean-Nick Trudel, directeur général de l’AMPQ, par voie de communiqué. Non seulement ils contribuent à la santé et au bien-être des communautés en leur facilitant l’accès à des produits frais et locaux, mais ils permettent également de soutenir les activités des agriculteurs.trices d’ici. »
Ces expert.e.s ont contribué aux premières bases du programme, à savoir les bénéficiaires, objectifs visés, principes directeurs et stratégies.
Résultats
Au nom du comité, l’AMPQ a présenté les résultats de cette réflexion dans le cadre du Forum SAT les 15 et 16 novembre 2022 à Victoriaville.
Depuis, l’organisation s’est rapprochée de deux partenaires dans l’objectif de continuer l’élaboration d’une mouture québécoise d’un programme de coupons nourriciers. Elle espère qu’un partenariat institutionnel soit conclu sous peu.
« Les choses avancent lentement, mais sûrement et nous souhaitons maintenir les efforts pour voir progresser l’idée d’un tel programme au Québec au cours de l’année 2023 », assure l’ASPQ par courriel.
Rappelons que, selon un sondage Léger mené en octobre 2021 pour l’ASPQ, près de 80 % des Québécois.es sont d’avis qu’il faut donner aux ménages à très faible revenu des coupons alimentaires ou des cartes prépayées leur permettant de se procurer des fruits et légumes, et ainsi favoriser de saines habitudes alimentaires.